Vie active. Se retrouver au chômage fait souvent peur. Cette étape peut aussi être un passage pour reprendre confiance en soi et saisir les occasions de changement.
Propos recueillis par Émilie Pourbaix.
Je vous invite à oser faire de votre période de chômage, quelle que soit sa durée, un temps de ressourcement. Car plus vous serez en contact avec votre énergie, votre créativité et vos valeurs, plus vous augmenterez la probabilité de retrouver une place, la vôtre, dans un secteur d’activité.
Retrouver l’estime de soi
En période de chômage particulièrement, retrouver une juste estime de soi devient une démarche de salubrité intérieure. Voire un acte de résistance. Pour y parvenir, il s’agit de devenir un bon parent pour soi. Je vous invite à vous vouer chaque jour un amour inconditionnel. Comment procéder au juste ? Commencez par faire l’inventaire réaliste de vos ressources internes (donnez-vous au moins deux heures s’il vous plaît) : vos qualités (personnelles et professionnelles) et savoir-être actuels. Dressez votre propre liste, le plus honnêtement possible. Vos atouts en matière d’expérience : les épreuves que vous avez traversées – vous prendrez ainsi en compte votre aptitude à la résilience – , les divers succès que vous avez obtenus, si minimes soient-ils et quel qu’en soit le domaine. Vos acquis en matière d’études, de formations, de savoir-faire, de voyages. Nourrir l’estime de soi implique une connaissance suffisante de soi-même.
Occasion de changement
Et si votre licenciement pouvait finalement se révéler une bonne nouvelle ? Certes, vous voilà pour l’instant privé d’emploi, et a priori ce n’est pas une position très enviable. Mais sans jouer les victimes outragées, essayez tout de même d’envisager honnêtement cette perspective d’évolution.
En effet, il se peut qu’au fil des années votre ancien travail soit devenu routinier ou sans surprise ; ou bien votre poste ne présentait pas de vraies « perspectives d’évolution » ; l’esprit d’équipe avec vos collègues ne régnait, hélas, plus très souvent au sein de votre service ; vous étiez las de ne pas être reconnu à la hauteur de vos efforts soutenus ; vous ne vous reconnaissiez plus
dans les valeurs du « business model » ou de la culture de l’entreprise ; le style de management de vos supérieurs ne vous correspondait plus ; vos objectifs étaient devenus difficiles à atteindre ; vous étiez fatigué de toujours devoir vous adapter à des restructurations successives, etc. Bien sûr, vous ne savez pas ce que l’avenir vous réserve. Personne ne le sait. Toutefois, sans se montrer d’un optimisme béat, il se pourrait bien qu’à terme la situation puisse se retourner en votre faveur. En effet, la période de « crise » que nous traversons actuellement en Europe ne comporte pas que des effets désastreux. Elle constitue aussi un tournant, un moment propice à la mise en œuvre de créativité et d’innovation, puisque les recettes qui ont jusque-là fait leurs preuves sont devenues obsolètes et donc condamnées à disparaître. Ne vous lamentez ou ne stressez donc pas trop !
Nourrir l’estime de soi implique une bonne connaissance de soi-même.
À présent je vous propose de chercher la chance qui pourrait bien se cacher derrière votre licenciement en fait : de délivrance des éléments négatifs attachés au poste que vous venez de quitter ; de ressources créatives pour la recherche de votre futur emploi (par exemple suivre une formation dans un nouveau secteur d’activité, créer votre auto-entreprise ou une association, etc.). Attention : ne bâclez pas cette étape, prenez tout le temps nécessaire pour dresser deux listes les plus exhaustives possible. L’épreuve d’aujourd’hui peut constituer la chance de demain.
Lâcher prise
Il est essentiel de lâcher prise au maximum, de ne pas se cramponner au résultat visé. Cela peut paraître paradoxal. Toutefois, si vous vous focalisez trop sur votre but, vous allez entrer obligatoirement dans un comportement de crispation. Vous n’aurez alors pas la tranquillité d’esprit pour regarder les occasions qui se présenteront à vous et qui peuvent prendre des formes très variées. Vous resterez obnubilé par une seule voie de réussite, dont vous croyez plus ou moins rationnellement que la probabilité de se réaliser est plus élevée alors que d’autres le peuvent tout aussi bien, voire mieux. N’oubliez jamais que la vie a bien plus d’imagination que vous !
Helen Monnet
Helen Monnet pratique le coaching professionnel depuis 2011, notamment dans le contexte d’une transition de carrière, d’une réinsertion ou d’une retraite anticipée pour les seniors.
4 Clés pour Chercher un emploi
1. Se fixer des objectifs réalisables. Il faut veiller à ce que vos objectifs soient réalisables, afin qu’ils ne se transforment pas en piège dont vous deviendriez à terme prisonnier ! Il est essentiel que vous sachiez un minimum à quoi vous attendre sur la durée probable de votre recherche, afin de vous organiser calmement, surtout si vous êtes chargé de famille et/ou êtes détenteur d’un crédit immobilier. Premier objectif : fixer l’échéance probable de votre retour à l’emploi. Si vous recherchez un emploi salarié en CDI, ne craignez pas de vous donner une échéance assez longue (entre quinze et vingt mois). Si vous avez décidé de créer votre auto-entreprise, donnez-vous une échéance comprise entre huit et dix-huit mois. Si vous avez choisi de créer une start-up, n’hésitez pas à vous donner une échéance comprise entre un et deux ans. Deuxième objectif : lors d’un recrutement, à compétences et formations égales, il est primordial que vous sachiez précisément ce qui pourrait faire votre différence : la motivation, l’expérience, le savoir-faire.
2. S’organiser. Vous allez devoir mettre en place assez vite une organisation sur mesure et équilibrée en fonction de vos priorités en matière de formation ou de recherche d’emploi, et de vos besoins en matière de développement personnel et de loisirs. En effet, deux principaux dangers vous guettent en l’absence d’emploi du temps : la procrastination : le fait de remettre ce que vous avez à faire au lendemain ; la dispersion : le fait d’agir dans toutes les directions à la fois.
3. S’initier au réseautage efficace. Une étude d’IBM a montré quels sont les éléments majeurs intervenant pour faire évoluer sa carrière : la qualification : 10 % ; l’affirmation de soi : 30 % ; les réseaux : 60 %. En effet, il est aussi important pour les recruteurs de savoir qui vous êtes que qui vous connaissez. Le but du réseautage est de gagner en expansion au-delà de ce que l’on nomme « un centre de cible ». Si vous ne demandez pas, vous ne recevrez rien. Contacter celui que vous connaissez qui connaît ceux que vous ne connaissez pas est la base du réseautage.
4. Se détendre. Au début vous aurez peut-être l’impression de perdre du temps à ne pas vous précipiter sur les offres d’emploi. Mais plus vous aurez de calme intérieur, plus vous constaterez que vous aurez du discernement pour dénicher l’offre qui vous convient vraiment sans vous satisfaire de celle qui vous intéresse pour de mauvaises raisons (en général très matérielles, sans lien avec vos aspirations). a
TÉMOIGNAGE : D’ouvrière à auto-entrepreneur
Angèle est à la recherche d’un emploi depuis plus d’un an.
Elle m’est adressée par une association de réinsertion locale.
Âgée de 47 ans, Angèle avait été « virée comme une malpropre après dix-huit ans de maison » comme monteuse de robots ménagers. Elle était loin de la retraite avec « des crédits sur le dos ». Et son conseiller de Pôle Emploi ne lui avait rien proposé de mieux qu’une formation d’aide à domicile, qu’Angèle avait aussitôt refusée. Je lui proposai de trouver le sens qu’elle voudrait donner à son prochain emploi. Angèle prit conscience qu’elle souhaiterait travailler dans un domaine plus créatif et moins « lié à la société de consommation ». L’ex-ouvrière voulait aussi une « activité en équipe ». Lors de la quatrième séance, Angèle m’a soumis son projet : reprendre son premier métier de couturière dans la confection pour dames, en ouvrant un petit « atelier de retouches créatives » dans son grand garage, afin de donner une seconde vie à des vêtements presque neufs. Elle comptait créer une auto-entreprise ainsi qu’un partenariat avec l’association Emmaüs et les dépôts-ventes des communes alentour. Puis j’interrogeai Angèle sur ce qui avait été son « principal moteur » : elle déclara être particulièrement fière de travailler dans « l’économie durable ».
Aller plus loin :
Rebondir après un licenciement, Helen Monnet, Larousse poche, 2015
J’ai perdu mon job, et ça me plaît, Lilou Macé, Guy Trédaniel éditeur, 2011
Le défi des 100 jours, cahier d’exercice pour une vie extraordinaire, Lilou Macé, Guy Trédaniel éditeur, 2015