Le conflit existe dans chaque couple. Mais ce n’est pas une fin. Marie-Do de Kerangat, thérapeute de couples, propose de travailler avec la méthode américaine IMAGO : accepter de se confronter aux conflits et en chercher l’origine pour avancer. Découverte d’une thérapie qui soigne et renforce le couple, en douceur.
PROPOS RECUEILLIS PAR AUGUSTE CHAPELIER
Quel est l’objectif d’une thérapie de couple ?
C’est de créer ou recréer de la sécurité dans la relation. Il n’y a que dans la sécurité qu’on va pouvoir se dire nos vulnérabilités avec authenticité, qu’on va pouvoir retrouver de la connexion. Tous les couples qui viennent me voir vivent de l’insécurité dans leur relation à plus ou moins grande échelle. Dans un couple, l’insécurité signifie avoir peur, ne pas se sentir bien. La plupart du temps, cela se traduit par ne pas se sentir écouté, vu, aimé, important, reconnu, ne pas se sentir exister. Ce sont des besoins primaires de l’être humain. Donc s’ils ne sont pas comblés dans l’espace de mon couple, alors forcément je suis dans l’insécurité. Arrive alors un gros manque de confiance dans le couple.
Quand il y a des souffrances, comment réparer le couple concrètement ?
Lors d’une séance de thérapie, le couple est l’un en face de l’autre, les yeux dans les yeux, les mains dans les mains. L’objectif c’est de recréer la sécurité et la connexion et de créer un espace dans lequel on va se sentir bien, où on va pouvoir se dire les choses. Dans le dialogue il y a un émetteur et un récepteur. L’émetteur dit « je me suis senti », « j’aurais eu besoin », et pas des « tu » qui tuent. Le récepteur (celui qui a le job le plus important), doit être dans une grande qualité d’écoute et d’empathie. Il utilise une tournure de phrase qui est « je t’entends dire que ». Grâce à ça, l’autre saura qu’on ne va pas lui couper la parole, l’envoyer bouler, lui donner un conseil etc. C’est très strict et structuré. Mais c’est cette structure qui va faire que l’émetteur se sentira écouté, donc important, donc exister…
Quel est le lien entre les blessures d’enfance et la relation dans un couple ?
J’entends par blessures les « besoins inassouvis de l’enfance. C’est-à-dire, des besoins d’attachement, d’exploration… qui varient selon les âges. Mes parents n’ont pas pu répondre à tous mes besoins dans mon enfance. Cela va générer des émotions qui bien souvent ne vont pas être entendues. Donc je garde en moi un petit enfant blessé. Quand j’arrive dans ma relation amoureuse, ces besoins inassouvis de l’enfance vont ressurgir dans l’intime de mon couple. L’enfant blessé en nous est réactivé par une situation toute banale du couple. Par exemple si ma mère se mettait souvent en grande colère quand j’étais enfant, j’enregistre que la colère est dangereuse car elle me fait très peur. 20 ans plus tard, je rencontre quelqu’un qui se met souvent très en colère. Sa colère va réactiver mon cerveau reptilien et me dire de fuir. Mon couple va être une invitation à aller à la rencontre de cet enfant blessé en moi. En pouvant, les yeux dans les yeux, dire à mon partenaire « quand j’avais huit ans, j’avais très peur quand ma mère se mettait en colère », « j’aurais eu besoin de… ». Le fait de nommer l’émotion que j’ai vécue enfant, et ce dont j’aurais eu besoin, permet de dissoudre la blessure. Ce qui fait que la fois d’après, quand mon partenaire va se mettre en colère, je vais réagir d’une autre façon. Et l’autre va réussir à atténuer sa colère une fois qu’il aura compris ce qui m’angoisse. De voir l’enfant blessé chez mon partenaire permet de panser la blessure. Ça muscle l’empathie, la compréhension, la compassion.
La communication est la base pour un couple en bonne santé. Comment peut-on entretenir la communication dans le couple ?
Petit à petit, l’empathie devient une langue maternelle. En apprenant à écouter, je muscle ma curiosité de ce que l’autre vit dans son monde à lui. Souvent ce qui m’agace chez mon partenaire, c’est ce que je n’accepte pas en moi, ce que je n’ai pas fait grandir en moi. Alors, d’aimer ça chez l’autre va me permettre de grandir et de regagner mon entièreté. Dans le dialogue Imago, la première chose qui connecte, c’est le regard. Quand je regarde quelqu’un, je le fais exister. Les couples qui viennent me voir au quotidien ne se regardent plus. Alors je les invite à prendre chaque jour une minute pour se regarder, 5 minutes pour juste se dire « comment s’est passée ta journée ? » … et à vivre une fois par semaine un vrai temps de qualité d’au moins deux heures. Dans un couple, chacun est responsable à 100% de la relation !
Marie-Do de Kerangat, thérapeute de couples