PIF : « Un cinéma pour rire et réfléchir »

30 avril 2018

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Rencontre. Pif, de son vrai nom Pierfrancesco Diliberto, est un acteur sicilien. Il est très connu en Italie comme animateur de télévision mais aussi réalisateur, acteur et écrivain. Son film Bienvenue en Sicile sort ce mois-ci en France. Une pure comédie à l’italienne.

Propos recueillis par Cyril Lepeigneux.

A l’approche de la sortie française de son second film, Bienvenue en Sicile, le réalisateur italien parle de son film, de sa recherche de Dieu et de la mutation du catholicisme dans l’Italie actuelle.

Dans votre film, vous racontez l’histoire d’un homme qui est prêt à s’engager et à devenir militaire en pleine Seconde Guerre mondiale par amour pour celle qu’il voudrait épouser. Que voulez-vous nous dire ?

Que la chose la plus importante à comprendre ici concerne la vraie nature de l’homme face à un danger aussi imposant que la guerre. Durant la guerre, on découvre le courage de certains hommes qui ont été des couards toute leur vie. Face au danger, d’un coup, ils trouvent la force d’être courageux. Mais on assiste aussi à l’inverse : des hommes habituellement courageux deviennent tout d’un coup pusillanimes. Avec l’amour, au moins, c’est clair : il n’y a pas de compromis, guerre ou pas guerre, c’est le vrai amour !

Vos personnages sont parfois caricaturaux et ridicules mais ils sont surtout attachants : est-ce votre vision de vos congénères ?

Oui. Et c’est ma façon d’affronter la vie et de la raconter : un mélange de grotesque et de glorieux. Je m’inscris en cela dans une famille cinématographique inspirée de la comédie italienne et du néoréalisme.

Est-ce que ce film a été conçu pour faire rire ?

Oui. Et cela rassure les spectateurs. Mais il est là aussi pour traiter de sujets plus graves. C’est un cinéma pour rire et réfléchir. J’aime bien cette façon de voir la vie. Tant que l’on sourit ou rit, c’est qu’il y a de l’espoir ! Quand on arrête de rigoler, c’est que c’est fini : on est mort… J’espère pouvoir rire et sourire jusqu’à la fin de ma vie et que c’est ce qui restera comme souvenir chez mes proches.

Pourquoi avez-vous voulu faire ce film ?

D’abord, j’aimais beaucoup l’idée de raconter un fait historique qui a marqué l’Italie et l’Europe : le débarquement en Sicile le 10 juillet 1943. Cette opération Husky a été le premier assaut réussi des Alliés pour reprendre pied dans la partie de l’Europe continentale tenue alors par les Nazis. Mais ils ont fait alors une chose qu’ils ont reproduite plus tard en Irak et en Syrie. En 1943, les Américains sont partis du principe que l’ennemi de leur ennemi serait leur ami. Qu’il soit terroriste ou mafieux, peu importait. Ainsi, en Sicile, les mafieux ont été considérés comme des amis par les Américains puisqu’ils étaient ennemis du fascisme puis du communisme. Pour les Américains, la mafia fut dès lors utilisée comme une sentinelle contre le communisme et ce, jusqu’à la chute du Mur de Berlin !

La mafia peut-elle être vaincue à votre avis ?

Je ne sais pas… Quand j’étais enfant dans les années soixante-dix, en Sicile, penser tourner un film à Palerme ou ouvrir un nouveau commerce sans payer le pizzo (impôt de la mafia) était inimaginable. Aujourd’hui, il y a plus de mille commerçants qui ont ouvert un magasin sans subir ce racket ! Certains réalisateurs comme moi ont pu aussi tourner un film sans avoir à payer ce tribut. Quelque chose a donc changé. De nos jours, la mafia est moins puissante. Ces faits démontrent qu’il est possible de la vaincre : c’est une question de volonté. Souvenez-vous, dans le superbe film Le guépard, un personnage dit que pour que tout change, rien ne doit changer. Cela n’est plus vrai : la mentalité actuelle a changé. Culturellement, les choses ont changé. Et c’est une chance !

L’Italie a changé et s’est sécularisée. Qu’est-ce qu’être catholique aujourd’hui dans votre pays ?

Comme dans tous les pays de culture catholique, auparavant, il y avait des étapes à franchir comme le baptême, la première communion, etc. Ce n’est pas parce que tu y croyais que tu le faisais, mais juste parce qu’il fallait le faire. Il était ainsi impensable de ne pas se marier à l’église : il fallait le faire, c’était la tradition. Aujourd’hui, les choses changent. L’Italie n’est plus un pays catholique comme avant. Et s’il y a des partis de droite qui réclament des crucifix dans les écoles et lieux publics, ils s’opposent en même temps à l’accueil des migrants, et se disent prêts à leur tirer dessus… Ce sont des catholiques de convenance… Par chance, le pape François fait un gros travail pour rendre la foi plus sincère et non pas une tradition vide de sens. Moi, je suis agnostique, mais j’ai reçu une tradition catholique que je garderai jusqu’à la fin de mes jours.

Vous vous dites agnostique. Continuez-vous quand même à chercher Dieu ?

J’ai été baptisé et j’ai été élevé chez les Salésiens, mais aujourd’hui je suis un agnostique qui espère toujours qu’il y a Dieu. Lui, je suis à sa recherche. Mais si je ne suis pas si sûr qu’Il existe, je ne suis pas sûr du contraire non plus… Désormais, je ne me présente plus comme catholique car, être catholique, c’est sérieux et très difficile ! Je pense qu’être un vrai catholique est très exigeant. C’est un défi et il ne suffit pas d’aller à la messe le dimanche. Beaucoup d’Italiens sont des catholiques de salon. Pour beaucoup, la règle de vie est simple : fais ce que tu veux, après il y a la confession… Pour être précis, je me considère plutôt comme un agnostique franciscain. La partie de catholique qui me reste, c’est la partie franciscaine.

Pourquoi ?

La vie de saint François m’attire. Cet homme dit et répète de tout donner aux autres, et cela, c’est un message clair et applicable par tous. Cela me secoue et m’interpelle… Si j’étais vraiment catholique, c’est ce que je réussirais à faire. Ma recherche spirituelle est bien dans le sillage de saint François, même si ce qu’il nous invite à faire à la suite de Jésus me paraît très difficile. Quant à aimer ses ennemis, c’est vraiment difficile, mais si tout le monde s’y mettait, on n’aurait enfin plus du tout de problèmes !

 

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