Martine : « J’ai pardonné les crachats de ma mère »

23 février 2016

10_JGuillemard pour Ciric

Maltraitée durant son enfance par une mère alcoolique, Martine voit, adulte, son passé resurgir et décide de se suicider. Mais tout ne se passe pas comme prévu.

Ma mère, reconnue officiellement par la DASS comme une bonne mère – elle est nourrice agréée – se révèle être pourtant un bourreau pour moi. Dès ma naissance, elle me rejette parce que je suis une fille. Très autoritaire, elle devient très méchante envers moi du fait de sa consommation abusive d’alcool. Elle crie toute la journée et me bat avec tout ce qui lui tombe sous la main. Je dois subir en permanence ses coups et ses insultes, et toutes les corvées ménagères sont pour moi. Elle me punit souvent en m’enfermant dans ma chambre pendant plusieurs jours parfois, au pain sec et à l’eau. À l’âge de 13 ans, je découvre que ma mère boit, et qu’elle boit même de plus en plus. Mon père, chauffeur routier, boit également. Entre mes parents et envers moi, ce ne sont que disputes, insultes, violences. Ma mère me traite de « salope », de « putain », etc. Mais pire encore, elle me crache au visage. C’est d’une extrême violence, d’autant plus qu’elle le fait avec une certaine jouissance dans le regard. Mes seuls refuges sont l’école, où je suis bonne élève, et les livres. Mais mes parents ne veulent pas que je poursuive mes études. Aussi, à l’âge de 16 ans, je suis placée comme bonne à tout faire. Un jour, j’ose répondre à ma mère. L’échange se transforme alors en bagarre, et elle me met à la porte. Je me retrouve à 17 ans et demi sur le palier, sans savoir où je vais dormir le soir même. Pendant deux ans, je mène une vie d’errance. Je reprends des études par correspondance tout en travaillant. Ainsi, je peux passer des concours administratifs et je rentre dans la police. Je me retrouve dans la rue À l’âge de 30 ans, je me marie: par amour pour cet homme, je réussis à vaincre mes nombreuses résistances. Je tombe enceinte mais cela se passe mal. Je fais deux fausses couches et pratique deux interruptions volontaires de grossesse. Ma tête dit oui alors que mon corps refuse toute ouverture à la maternité. Je suis très mal dans ma peau, suicidaire. J’aime tellement mon mari que je décide de le quitter parce que je suis incapable de lui donner ce qu’il est en droit d’attendre. Je me retrouve de nouveau dans la rue. Trois semaines après, je suis victime d’un vol. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Je suis à bout de force. Je décide de me suicider. Ma vie n’a plus aucun sens. Le dimanche suivant, je ne sais pas pourquoi, je pousse la porte d’une église et assiste à la messe. Au moment de l’homélie, les mots du prêtre viennent me percuter en plein cœur. Je pleure toutes les larmes de mon corps. À la fin de la messe, une femme vient me voir et me propose son aide. Je la rejette. Cette personne insiste. Je la revois, lui raconte mon parcours dans les larmes. À la fin de mon récit, elle me propose de rencontrer un prêtre. Je le rencontre et lui raconte de nouveau mon histoire. Il m’écoute et il me propose de me donner le sacrement de réconciliation. J’accepte, et après cette première confession, mon cœur est dans une grande paix. Tout un chemin de guérison s’ouvre devant moi, grâce à la fraternité Camille de Lellis qui m’accompagne et qui finit par me proposer une retraite de guérison. J’y découvre l’amour de Dieu pour moi. C’est un baume sur mes blessures. La rencontre de ma vie. Impossible de pardonner!

Impossible de pardonner !

Au bout de quelques jours, pourtant, je sens un poids en moi. Mon accompagnatrice me dit: « Je sais ce que le Seigneur te demande maintenant: pardonner à ta mère. » Je crie: « Ah non! ça, c’est impossible! » À cause d’elle, je n’ai eu ni enfance, ni adolescence, ni début de vie de femme et de mère: comment pourrais-je lui pardonner! Je vois les six lettres du mot pardon et le visage de ma mère. Je vais à la chapelle et crie vers le Seigneur: « Si tu veux que je pardonne à ma mère, mets ce pardon en moi car moi, je ne peux pas! » Et je comprends que le Seigneur me répond: « Si tu repars d’ici sans avoir pardonné à ta mère, tu reprends tes chemins de mort. Si tu donnes ton oui au pardon à ta mère, tu es sur le chemin de vie. » Seule la Miséricorde du Seigneur m’a donné cette force de pardonner. En recevant la Miséricorde du Seigneur, j’ai pu aimer ma mère, que je haïssais au plus profond de mon cœur. Je suis désormais une femme libre et pleinement vivante. Ma vie repose sur une totale confiance entre les mains de Dieu et c’est là tout mon bonheur!

Pour aller plus loin :

Le jour où j’ai pu pardonner les crachats de ma mère, Récit d’Élisabeth Bourgois, Éditions des Béatitudes, 2011

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