Les « expériences de mort imminente »

7 novembre 2013

michel aupetit

Débat. De plus en plus de personnes déclarent avoir vécu des « expériences de mort imminente » : elles ont été déclarées cliniquement mortes quelques instants, avant de revenir à la vie. Leur témoignage bouscule les a priori sur la mort. Que pense l’Église de ces expériences.

Débat entre Lili Sans-Gêne et Mgr Michel Aupetit.

1. J’ai lu le livre du docteur Raymond Moody (La Vie après la vie, ndlr) sur les expériences de mort imminente (EMI ou NDE, near death experience, ndlr) et cela m’a bouleversée. J’ai toujours refusé l’idée d’une vie après la mort, mais là, je suis troublée… Cela me semble étrange quand-même de penser qu’il y aurait un autre monde après le nôtre : c’est comme de croire aux extraterrestres.

 Ce qui est étonnant, c’est que l’homme depuis les temps préhistoriques a toujours manifesté sa croyance en une vie après la mort. Dans sa façon d’enterrer ses défunts, dans ses traditions orales ou écrites. Les recherches montrent que les expériences de mort imminente ou aux frontières de la mort ont été décrites depuis longtemps. On en trouve des descriptions dans des écrits des VIIe et VIIIe siècles, au Moyen Âge et au XIXe siècle. C’est surtout avec l’apparition de la généralisation de la réanimation que le phénomène s’est multiplié et que les témoignages ont abondé en se recoupant. Bien souvent, ceux qui font cette expérience étaient comme vous, ne croyant pas à une survie après la mort. Cette expérience les a tellement bouleversés qu’ils n’ont plus du tout peur d’envisager leur propre mort et aspirent à revivre une expérience aussi intense.

2. Je me demande de quel lieu parlent ces personnes « revenues de la mort ». Ça pose vraiment la question de savoir où on va, si jamais on va quelque part… D’autant que tous disent qu’ils ont eu l’impression qu’il n’y avait plus d’espace ni de temps, un sentiment d’éternité. On dirait qu’ils étaient arrivés au bout de tout. 

La grande majorité de ceux qui font cette expérience ne disent pas qu’ils sont arrivés au bout de tout. Ils parlent plutôt d’une frontière ou d’un mur auquel ils se sont heurtés comme à un obstacle infranchissable. C’est alors qu’ils disent être revenus dans leur corps, après avoir vécu une expérience hors du temps et de l’espace.

3. Ce que je ne comprends pas, dans tous ces témoignages, c’est que les personnes disent qu’elles ont un corps. 

 Ces personnes ne disent pas qu’elles ont un corps mais qu’elles « sortent de leur corps ». Des adultes et des enfants ont décrit aux chirurgiens toute l’opération qu’ils avaient pratiquée sur leur corps en « vue plongeante ». Ces témoignages ont bouleversé ces praticiens car la description était très précise, même lorsqu’ils effectuaient des gestes inhabituels. C’est juste avant le réveil que ces personnes disent revenir dans leur corps.

4. Ce qui est surprenant, c’est qu’ils disent tous à peu près la même chose : ils traversent un « tunnel », rencontrent un « être de lumière » qui relit leur vie avec eux, pour voir ce qu’ils ont fait de bien et de mal… Pourquoi relire sa vie après sa mort, ça ne sert plus à rien ?

 C’est en effet une expérience fréquente des EMI que de relire l’intégralité de sa vie en ressentant les effets de ses actes, bons ou mauvais, sur les autres. Ce n’est pas pour éprouver une culpabilité déplacée mais, semble-t-il, pour faire œuvre de vérité sur soi-même, en se mettant à la place de ceux qui ont ressenti les effets de nos paroles et de nos actes. Au fond, cela rejoint ce que la sagesse humaine appelle la « règle d’or » qui traverse toutes les civilisations et qui s’énonce ainsi : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’ils vous fassent. »

5. Je suis troublée par cet être de lumière, décrit comme dégageant un amour extraordinaire, universel et personnel à la fois… Ceux qui l’ont rencontré disent qu’ils se sont sentis aimés comme jamais auparavant. 

 L’expérience d’un être de lumière n’est pas universelle. Ce peut être une entrée dans la lumière ou la rencontre avec une personne rayonnante de lumière ; cela correspond à 10 % des expériences. Ce que l’on recueille comme témoignage, c’est que les chrétiens le désignent comme étant le Christ, le Fils de Dieu, et que les autres ne lui donnent pas de nom et sont simplement subjugués par l’amour qui émane de lui.

6. Beaucoup racontent aussi qu’ils ont été accueillis par des personnes décédées de leur famille. Ça fait rêver d’imaginer qu’on pourrait retrouver tous ceux qui sont partis… Mais ça me paraît assez utopique.

 L’expérience de la rencontre avec des personnes connues et aimées est assez fréquente. Ce qui est étonnant, c’est que certains ont rencontré un parent qu’ils n’avaient pas connu de leur vivant et l’ont parfaitement décrit. L’un ou l’autre a rencontré un parent décédé dont il ignorait le décès avant son expérience. Cette connaissance nouvelle ne peut pas être une élaboration psychique. En tout cas, c’est un extraordinaire message d’espérance pour tous ceux qui ont perdu un être cher.

7. Certains témoignent d’EMI négatives : ils disent qu’ils étaient seuls, qu’il faisait très chaud, qu’ils entendaient des personnes hurlant… Ça fait froid dans le dos.

Il existe des expériences négatives, en effet. Elles sont assez rarement décrites. Déjà, les expériences heureuses et positives ne sont pas souvent partagées par ceux qui les vivent car, la plupart du temps, on les prend pour des illuminés et ils choisissent de se taire. Il est difficile de tirer les conclusions de ces expériences négatives sinon qu’elles sont peut-être vécues pour que les personnes changent de vie. De fait, toutes ces personnes, en particulier après les expériences positives, deviennent plus altruistes, trouvent la vie plus belle, sont beaucoup plus sereines, acceptent leur vie, et l’on constate très souvent un éveil spirituel.

8. Mais vous, qui êtes évêque de l’Église catholique, qu’est-ce que ça vous inspire, tout cela ? Est-ce que cela vient conforter vos croyances sur l’au-delà ?

Toutes ces expériences, quelle que puisse être leur origine, ne contrarient en rien la foi chrétienne. Les chrétiens croient que leur âme, c’est-à-dire la partie spirituelle de la personne humaine, demeure capable d’entrer en relation avec Dieu au-delà de la mort et de la corruption organique du corps. En outre, pour nous chrétiens, les relations d’amour qui nous ont unis ici-bas, non seulement demeurent pour retrouver ceux que nous avons aimés et qui nous ont précédés dans la mort, mais elles sont transfigurées dans l’immense amour de Dieu révélé par son Fils Jésus-Christ qui est la « Lumière des nations » et qui nous introduira dans la communion divine. Nous croyons aussi à la résurrection de Jésus, attestée par de nombreux témoins qui l’ont connu et aimé et en ont témoigné jusqu’à la mort. Ainsi, quand la création sera achevée à la « plénitude des temps », le Christ reviendra et nos corps ressusciteront en dépassant leur matérialité soumise au temps et à l’espace. Nos personnes seront à nouveau unifiées corps et âme dans le dynamisme inaltérable de l’Amour divin.

Aller plus loin :

LA MORT, ET APRES ? UN PRETRE MEDECIN TEMOIGNE ET REPOND AUX INTERROGATIONS

Mgr Aupetit, Salvator, 2009


LA VIE APRES LA VIE

Raymond Moody, J’ai lu, 2003

 

Le commun des mortels, très beau documentaire sur les EMI, à voir sur le site de la chaîne KTO : www.ktotv.com

 

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