L’ÉGLISE DE MÉSOPOTAMIE

23 septembre 2020

L’histoire de l’Église de l’Orient commence au lendemain de la résurrection du Christ, quand trois de ses Douze Apôtres entreprennent un grand voyage. Thaddée part évangéliser le sud de l’Arménie, Barthélemy gagne l’Anatolie (en Turquie actuelle) et Thomas part vers le nord de l’Inde…

PAR ALEXANDRE MEYER – PHOTOS PASCAL MAGUESYAN / MESOPOTAMIA

Illustration : Le monastère Notre-Dame des Moissons d’Alqosh, dans la plaine de Ninive (Irak), achevé en 1858. Il abritait une bibliothèque de renommée mondiale dont les manuscrits ont été cachés dans les montagnes à l’approche de Daesh. Détail de la fresque peinte au dessus du maître-autel.

Le périple de saint Thomas se perd dans la légende. « Celui qui ne croit que ce qu’il voit », comme dit l’adage, a traversé la Mésopotamie et fondé des églises en Perse. En 52, il est au Kérala dans le sud de l’Inde. Des vestiges attesteraient même de son passage en Chine méridionale ! Il serait mort à Madras, sur le golfe du Bengale, laissant une Église orientale en plein essor.

L’ÉGLISE APOSTOLIQUE ASSYRIENNE DE L’ORIENT

Placée sous la juridiction de l’Église d’Antioche fondée en l’an 38 par saints Pierre et Paul, l’Église de l’Orient proclame son indépendance en 424 et prend le nom d’Église apostolique assyrienne de l’Orient.
Apostolique, car elle fut fondée par l’Apôtre Tho- mas. Assyrienne, car elle est née en Assyrie, cette ancienne région du nord de la Mésopotamie, qui doit son nom à la ville d’Assur, antique capitale d’un royaume vieux de deux millénaires, dont les vestiges ont enrichi les collections du Louvre ou du British Museum.

LE SAViEZ- VOUS ?

LANGUE DE LA CULTURE, DE L’ADMINISTRATION ET DES ÉCHANGES DIPLOMATIQUES, L’ARAMÉEN EST L’ÉQUIVALENT ORIENTAL
DU LATIN OU DU GREC.

LA LANGUE DU CHRIST

Sa liturgie est célébrée en syriaque, un dialecte de l’araméen, la langue maternelle du Christ. L’une des prières eucharistiques de sa messe a été écrite par les disciples de Thomas au IIe siècle. C’est la plus ancienne de l’Église. Sa théologie est issue des deux premiers conciles œcuméniques
(universels) : celui de Nicée en 325 (le Fils est de même nature que le Père) et de Constantinople en 381 (le Saint-Esprit est égal au Père et au Fils : un Dieu en trois personnes). Elle n’entérine pas les conclusions du troisième concile, celui d’Éphèse (431), qui reconnait l’unité des natures humaine et divine dans le Christ et prend le parti du moine Nestorius (les deux natures coexistent séparément).

L’Église « nestorienne » se développe rapidement en Mésopotamie, cette zone biblique baignée par le Tigre et l’Euphrate, recouvrant leur bassin d’irrigation : la Syrie et une partie de la Perse. Au sud, l’Église de l’Orient comptait de nombreux ermitages, églises et monastères dans le golfe persique.

À LA COUR DE GENGIS KHAN

À l’est, elle a permis l’introduction du christianisme en Chine et en Mongolie dès le VIIe siècle. Marco Polo, dans son Livre des merveilles rend compte de sa présence à la cour de l’empereur Gengis Khan, dont la famille compte de nombreuses princesses chrétiennes.

LA PLUS GRANDE ÉGLISE DU MONDE

Son influence est telle que l’Église de l’Orient était, jusqu’aux persécutions du turco-mongol Tamerlan (en 1393), la plus grande Église sur terre par son étendue géographique.
L’expansion islamique et l’invasion des hordes mongoles la réduiront comme peau de chagrin.
Jusqu’aux XIIe siècle, l’Église de l’Orient a vécu relativement séparée du reste du monde, faute de moyens de communication. Des ambassades dominicaine et franciscaine vers les Mongols sont lancées au XIIIe siècle et les tentatives de rapprochement se font par l’entremise de religieux
« nestoriens ».

L’UNION À ROME

En 1553, une partie des évêques de l’Église de l’Orient s’insurge contre la succession héréditaire du patriarcat, d’oncle à neveu, adoptée un siècle plus tôt. Ils élisent un moine à leur tête qui sera consacré « patriarche des chaldéens », à Rome, par le pape Jules II. L’Église chaldéenne est désormais la plus importante du monde mésopotamien et l’Église assyrienne, en Irak, se concentre surtout au nord, et spécialement dans la région du Kurdistan. Depuis la signature en 1994 d’un accord entre le pape Jean-Paul II et le patriarche assyrien Dinkha IV, la controverse nestorienne est aujourd’hui éteinte.

Fête de Mar Touma (saint Thomas), le 3 juillet 2019, dans l’église syriaque- catholique dédicacée au saint Apôtre, en partie restaurée et réhabilitée. Construite en 1863, son maître-autel (détruit par Daesh) est surmonté d’un baldaquin en marbre.

L’église syriaque-catholique Mar Touma (Saint-Thomas) de Mossoul (Irak), Ici en juillet 2017, vandalisée par Daesh. La tradition de la pierre dure sculptée, très épurée, puise ses origines dans le judaïsme.

POUR ALLER + LOIN

Mesopotamia. Une aventure patrimoniale en Irak, sous la direction de Pascal Maguesyan, Éditions Première Partie, 2020, 256 pages, 39 €. Ce très bel ouvrage recense une quarantaine de sites religieux chrétiens et yézidis, pour faire découvrir l’histoire de ces communautés et permettre de maintenir leur mémoire vivante.

www.mesopotamiaheritage.org

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