Laura Flessel : La guêpe.

6 juin 2013

Laura Flessel

Rencontre. Sourire aux lèvres et regard franc, la célèbre escrimeuse a abandonné récemment la compétition. Elle continue néanmoins son chemin, guidée par sa foi et par sa générosité.

Propos recueillis par Ariane Warlin

Née à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, Laura Flessel Colovic est mariée et mère d’une jeune fille de douze ans. Deux fois médaille d’or aux Jeux olympiques, six fois championne du monde et une fois championne d’Europe, son palmarès est impressionnant. Mais la sportive s’engage aussi dans des missions humanitaires et mène un combat en faveur de la diversité. Celle que l’on surnomme « la guêpe » – en raison de son habitude de toucher ses adversaires aux pieds – se confie en toute intimité.

De quand date votre intérêt pour l’escrime ?

J’ai eu un coup de foudre dès l’âge de 5 ans et demi. Mes parents voulaient que ma soeur et moi fassions de la danse, car c’était à leurs yeux un sport de fille. Or, c’est l’escrime qui m’attirait. Peut-être voulais-je faire comme mes deux frères ? Toujours est-il que je me suis d’emblée passionnée pour cette discipline, et j’ai assez vite remporté de nombreux titres. À tel point que j’ai décidé d’en faire un métier.

Quels sont vos qualités et vos défauts ?

Boulimique de la vie, je suis une personne très déterminée. Ma persévérance et mon exigence m’ont sûrement
beaucoup aidée à ne jamais baisser les bras. Quant à mes défauts, lorsque j’étais enfant, on avait coutume de me dire que j’étais assez insolente. C’était sans doute un peu vrai, mais finalement, je crois que cette insolence s’est plutôt transformée en avantage, car elle a généré une vraie curiosité !

Comment vivez-vous la défaite ou ou le fait de ne pas arriver en première position ?

Bien évidemment, je déteste perdre mais, pour autant, je ne suis pas une mauvaise perdante. Je dirais
même que, dans une certaine mesure, les échecs m’ont permis de me bonifier. Cela oblige en effet
à une certaine humilité. À 41 ans, vous venez de mettre un terme à votre carrière d’escrimeuse. Avez-vous eu un pincement au coeur ? J’ai toujours appliqué la règle des 3 P : plaisir, peur et performance, qui m’avait été inculquée par l’un de mes professeurs. Mon maître mot a toujours été le travail. J’aime à la fois donner et surprendre. J’ai eu conscience d’être à l’origine d’un tourbillon médiatique et de faire des émules. En effet, des jeunes m’ont souvent avoué avoir eu envie de pratiquer ce sport grâce à moi. Je l’ai vécu comme une grande fierté. Je me suis toujours sentie très proche de mon public, mais malgré tout cela, j’étais consciente qu’il fallait que j’arrête. Bien sûr, c’est une page qui se tourne, mais aujourd’hui, je crée des événements dans l’univers sportif. Et je n’exclus pas, peut-être, de rejoindre l’univers des médias. Vous vous êtes aussi beaucoup investie dans plusieurs associations humanitaires.

Vous êtes la marraine de Handicap international, mais aussi l’une des ambassadrices de l’ONG Plan France. Sans parler de votre implication au sein de l’Unesco, de Ti’Colibri ou encore d’1 Maillot pour la vie. Que vous apportent tous ces engagements ?

Je prends beaucoup de plaisir à m’investir pour ces structures. Plutôt que de suivre cela de loin, j’aime aller sur le terrain pour rencontrer à la fois les gens qui travaillent pour ces associations mais aussi les populations en souffrance. C’est important de prendre le temps d’aider les autres, surtout les enfants. Après le tremblement de terre à Basse-Terre, en Guadeloupe, j’ai participé à une opération avec le Secours populaire, à l’avant-veille de Noël. Nous avons été offrir des cadeaux aux enfants pour égayer cette fête, car ce n’était pas la priorité de leurs parents à ce moment-là. J’ai eu la chance d’avoir une enfance très heureuse, et c’est important pour moi de rendre un peu ce que j’ai eu le bonheur de recevoir.

Y a-t-il d’autres causes pour lesquelles vous êtes sollicitée ?

Oui, assez régulièrement. Par exemple, j’ai participé récemment à un hommage à Aimé Césaire, en Guadeloupe, l’île dont il était originaire. Je ressens comme une mission le fait de promouvoir cette culture et de contribuer à la faire mieux connaître. En parallèle, je mène aussi d’autres missions.

Je suis notamment présidente du Comité permanent de lutte contre les discriminations au sein du Ministère des sports, mais aussi chargée de mission au Ministère des droits des femmes, pour veiller à la parité dans le sport. Je suis particulièrement sensible à l’égalité entre les sexes et au combat en faveur de la diversité de manière générale.
Comment se traduit votre foi ? Ma mère nous emmenait régulièrement à l’église, avec mes frères et soeurs. Je continue d’y aller souvent. Mais je considère que la foi est surtout intérieure. Elle m’habite en permanence. Au cours de ma carrière, je n’ai pas toujours eu la possibilité d’aller dans un lieu saint pour prier, alors c’est l’église qui venait
en moi. Lors des heures passées sur les pistes d’escrime, à l’entraînement comme en championnat, j’ai pu puiser dans ma foi une importante source d’énergie et de motivation. Il m’est même arrivé de prier dans d’autres lieux de culte, comme des églises orthodoxes, et d’y allumer un cierge quand j’étais en voyage, juste avant une compétition.

Si vous aviez un message à transmettre…
Accepter l’autre, ce n’est pas toujours facile. Je suis particulièrement sensible au dialogue interreligieux. L’amour et la tolérance permettent d’avancer, de vivre en paix avec soi-même, avec les autres, mais aussi de grandir. Dans ma vie, j’ai reçu beaucoup de coups bas, mais j’aimais quand même ceux qui me les donnaient. J’ai choisi de mettre ma fille dans un collège catholique précisément pour qu’on lui inculque ces valeurs qui sont essentielles à mes yeux. À commencer par l’amour de l’autre !

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