Rencontre. C’est un des dresseurs en liberté les plus connus au monde. Celui qui apprivoise et danse avec les chevaux s’est laissé approcher par Dieu. Remis en selle, il a pris le chemin de la foi chrétienne. Et du pardon.
Propos recueillis par Claire Perol
C’est une histoire de rencontres. La première, enfant, avec sa jument Gazelle qui devient vite son alter ego, et lui fait découvrir l’univers subtil et passionnant des chevaux. La deuxième, plus tard, avec un vendeur de vans, chrétien, qui lui témoigne de la puissance et de l’amour de Dieu. C’est leur amitié qui mettra le pied de Jean-François à l’étrier de la foi. D’abord moqueur et incrédule, il se laisse toucher par la grâce lorsque Gazelle est miraculeusement guérie d’une maladie qui la condamnait à coup sûr. Depuis, il a laissé les rênes à Dieu, et s’attelle à sa tâche : dresser ses chevaux en liberté, et témoigner. Libéré.
Votre principale qualité ?
Je crois que je suis travailleur.
Votre plus grand défaut ?
Je n’ai pas l’humilité facile. M’étant fait piéger par l’orgueil, je me concentre au quotidien pour reconnaître que ce qui m’arrive n’est pas grâce à moi, mais grâce à Dieu.
Une recette pour se protéger de l’orgueil ?
Comme à chacun, Dieu m’a donné des talents, des ingrédients avec la qualité et la quantité, et moi je dois faire la cuisine. Mais si je me permets de mettre un grain de sel de plus, cela suffira à rendre le plat trop salé… et immangeable.
Votre relation aux chevaux tient-elle de la complicité, de l’amitié ?
C’est un rapport sain de dominé et dominant. J’essaie toujours de trouver la subtilité pour soumettre le cheval afin qu’il se sente bien. Parce que si le cheval est puissant, il est en même temps très peureux. Il vendrait sa mère pour avoir la sécurité ! Quand on y arrive, on le rassure. C’est une domination qui apporte la confiance. C’est, je crois, le type de relation que Dieu a souhaité en créant les hommes et les animaux. La soumission n’est péjorative que si elle est faite sans justice. Lorsque j’étais petit et que je travaillais avec mon père, j’étais soumis à lui et je n’en ai jamais été gêné : je l’ai toujours aimé parce qu’il était juste, précisément.
La subtilité… un trait de caractère que vous partagez avec eux ?
Petit, j’étais très introverti. L’arrivée de Gazelle chez nous m’a aidé à prendre confiance en moi.
Un souvenir d’enfance ?
Le cadeau de Gazelle, bien sûr. Elle est à l’origine de tous les grands tournants de ma vie, notamment ma rencontre avec Dieu. C’est par sa maladie et sa guérison miraculeuse que Dieu s’est manifesté à moi.
Le tournant de votre vie ?
Ma conversion. Il y a eu Jean-François avant, et après Jésus Christ. Quand j’ai lu la Bible pour la première fois, j’ai pris une claque à chaque page ! J’ai refermé le livre en me disant : « Soit je le rouvre, et je m’engage, soit je le laisse fermé pour toujours. » Mon cœur et ma conscience m’ont parlé et je ne le regrette pas ! Avant, je me moquais des gens qui croyaient en Dieu, je les considérais comme des gens faibles qui avaient besoin de se raccrocher à ça pour vivre. Finalement, je ne me suis jamais senti aussi fort qu’aujourd’hui. J’ai déposé les armes et accepté l’aide de Dieu, et c’est en mettant mes pas dans les siens que je suis devenu plus fort.
Une force qui vous donne l’assurance du témoignage, comme par votre film Gazelle…
C’est vrai, mais tout est grâce à Dieu. Si mon film est engagé c’est parce que je ne veux pas vivre, ni dire, les choses à moitié.
Témoigner de votre foi ne vous fait pas peur ? Je suis comme tout le monde, j’aime mon confort et je ne cherche pas à me faire couper une main ! Mais j’espère de tout mon cœur que ma foi en Jésus sera suffisamment forte pour lui rester fidèle et ne jamais le renier.
« Changer le monde », c’est le souhait que vous exprimez plusieurs fois dans Gazelle.
Comment s’y prendre ? Si vous prenez une goutte d’eau et que vous la laissez tomber dans un verre, elle sera dans un premier temps rejetée, puis elle fera des ondulations. Il faut être capable de percuter, même si nous sommes rejetés. Parce que les choses peuvent bouger.
Le Pardon, c’est le titre d’un de vos spectacles mais aussi une des grâces vécues après votre conversion. Quelle place tient-il dans votre vie ?
C’est le premier acte que j’ai fait pour Dieu après ma conversion, en allant me réconcilier avec mon frère. Ce pardon m’a donné une joie et une paix que je ne pouvais pas imaginer avant. La certitude que c’était bon. J’en ai fait l’expérience après, de nombreuses fois. Et à chaque fois, il y a cette joie, comme une béatitude. « Heureux êtes-vous… »
Un lieu de ressourcement ?
Sous mon platane, à la maison.
Un dîner en tête-à-tête avec… ?
Jésus.
Et que lui diriez-vous ?
Je serais un peu intimidé, je pense… Je le regarderais, admiratif. Je l’écouterais surtout.
Ce que l’on peut vous souhaiter ?
De ne pas servir à rien !