La dernière partie de l’oeuvre monumentale de l’artiste peintre Bruno Desroche a été inaugurée le 12 juin dernier, solennité de la Sainte Trinité, par l’archevêque de Lyon, Mgr Maurice de Germay.
TEXTE ALEXANDRE MEYER – PHOTOS CÉLINE VAUTEY
Construite par l’architecte Pierre Genton en 1959, l’église de la Sainte-Trinité de Lyon a été confiée en 2003 à la Mission catholique polonaise. Le retable de 37 m2, 11 m de long et 3 m de haut, a été commandé en octobre 2019 par le père Lukasz Skawinski, curé de la paroisse.
Le retable représente des scènes bibliques transposées à notre époque pour témoigner de la façon dont Dieu rend visite à notre monde actuel. Il invite les hommes et les femmes d’aujourd’hui, proches ou éloignés de Dieu, à entrer dans en dialogue avec la Trinité.
Le retable a exigé trois années de travail, dans le sous-sol de l’église, rythmées par les chants de la chorale des Séraphins, venue régulièrement briser la solitude du peintre. Un seul de ses tableaux lui a demandé pas moins de 9 mois de travail !
« C’est un homme bien faible qui a peint cela, et non pas un fort ! Cette œuvre est le témoignage visible de ce que Dieu peut faire avec nos mains. “Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort” (2 Co 12,10) ». Bruno Desroche
EN DÉTAIL
LA TRINITÉ
La Sainte Trinité, Dieu unique en trois personnes, s’est révélée aux hommes tout au long de l’histoire sainte, l’ensemble des faits racontés dans la Bible. Lorsque ses trois panneaux de bois sont clos, le retable présente ce mystère à travers trois de ses manifestations dans le Nouveau Testament : l’Annonciation, l’annonce à Marie de la naissance prochaine du Sauveur (« L’Esprit Saint viendra sur toi », Lc 1, 35), le baptême de Jésus par saint Jean-Baptiste (« Il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe », Mt 3, 16) et la Transfiguration du Christ, entre Moïse et Élie, sur le mont Thabor (« Une voix se fit entendre : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le !” », Mc 9, 7).
Une fois les volets déployés, une gigantesque théophanie – une manifestation divine – dans le ciel de Lyon se révèle. Sur le panneau de gauche, Abraham et Sarah reçoivent la visite de trois anges rayonnants de lumière, venus leur annoncer la naissance prochaine d’Isaac (Ge 18). Au centre, un Christ en croix, accompagné du Père et de l’Esprit-Saint, domine la ville de Lyon. On y distingue la place Belcour, les quais de Saône, la cathédrale Saint-Jean… De part et d’autre du Christ est représentée la cohorte des saints, d’hier et d’aujourd’hui.
Sur le panneau droit, la foule des Lyonnais se presse, attirée par la prodigieuse apparition.
LE DIVIN FAIT IRRUPTION DANS NOTRE BANALITÉ QUOTIDIENNE
« Voici que le règne de Dieu est au milieu de vous » (Lc 17, 21) : à l’instar des maîtres de la renaissance italienne, fidèle à une tradition picturale ancestrale, Bruno Desroche (voir L’1visible n° 113) a choisi pour modèles de simples paroissiens qui ont accepté de poser pour lui, loin des représentations idéalisées des personnages bibliques. « J’ai souhaité créer les conditions d’une rencontre, confirme l’artiste. C’est une invitation toute singulière, adressée au spectateur, à se reconnaître dans l’image, à participer au tableau et à se rapprocher du Christ. »
UN OUTIL MISSIONNAIRE
Les images sont la « Bible du pauvre » depuis que les vitraux éclairent nos cathédrales. Depuis le XIe siècle en Europe, l’iconographie religieuse se met au service de la parole de Dieu, comme un catéchisme en couleurs. Bruno Desroche le confesse volontiers : « Je suis le premier, évangélisé et converti par Dieu, à travers, mes propres tableaux ! »
POUR EN SAVOIR PLUS