DIEU NOUS AIME-T-IL VRAIMENT ?

25 mai 2023

10-11 L1v N137 P. Jean-Baptiste Bienvenu

« Dieu est amour », dit l’Évangile, mais que fait-il s’il existe ? Il faut dire que les calamités qui accablent l’humanité ne sont pas de nature à rassurer Lili Sans-Gêne. Où est Dieu ? Que fait-il ? Pourquoi n’agit-il pas ? Un prêtre du Padreblog réussira-t-il à éteindre la polémique et lui rendre l’espérance ? Voyons cela…

LE DÉBAT ENTRE LILI SANS-GÊNE ET LE PÈRE JEAN-BAPTISTE BIENVENU

Le père Jean-Baptiste Bienvenu est prêtre du diocèse de Versailles, membre de la Communauté de l’Emmanuel et rédacteur du Padreblog (www.padreblog.fr). Il enseigne la théologie morale au séminaire de Versailles où il est vicaire en paroisse à Vélizy.

Lili Sans-Gêne : Si j’en crois l’Évangile, Jésus est mort sur la Croix pour sauver nos péchés, c’est[1]à-dire par amour. Pourquoi Dieu nous aime-t-il à ce point ?

Jean-Baptiste Bienvenu : Voilà une question vitale ma chère Lili ! Considérez un instant l’immense décalage entre ce que nous sommes et qui est Dieu. Puis imaginez notre immense indignité et l’immense miséricorde de Dieu. Il y a de quoi se creuser la tête.

L’amour n’a pas de raison, l’amour est gratuit, généreux, sans calcul, ni explication. Dieu nous aime parce qu’il nous a voulus. Il nous a désirés de toute éternité. Nous sommes l’œuvre de ses mains. Nous sommes l’argile, il est le potier. Comme le dit saint Paul : « L’œuvre dira-t-elle à l’ouvrier : “Pourquoi m’as-tu faite ainsi ?” »(1 Rom 9, 20). La question n’est pas tant de com[1]prendre pourquoi nous sommes aimables, mais de nous intéresser à celui qui nous aime. Cet amour sans raison nous en apprend un peu plus sur lui. « Dieu est amour », dit saint Jean (1 Jn 4, 8). La création, vous, moi, chaque être humain, nous sommes fondés dans un débordement de l’amour divin. L’amour veut être aimé comme un don attend une réponse. C’est le sens de notre vie : répondre au don gratuit qui nous est fait.

Mais pourquoi faut-il se convertir si Jésus nous a déjà sauvés ?

Je laisse saint Paul vous répondre : « Nous avons été sauvés, mais c’est en espérance » (1 Rom 8, 24). Une phrase géniale qui semble se moquer complètement de la chronologie. « Nous avons été sauvés » appartient au passé, mais « en espérance » parle du futur. Le salut est derrière nous depuis que Jésus a vaincu le mal sur la Croix, mais il est aussi devant nous. Dans le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus, c’est comme si une porte s’était ouverte vers le ciel. Encore faut-il y entrer et, pour cela, nous convertir, c’est-à-dire en prendre la direction. « Dieu nous a créés sans nous, disait saint Augustin, il n’a pas voulu nous sauver sans nous. » Parfaitement libres de nos actes, il nous est possible de passer à côté de cette porte. Se convertir, c’est accueillir la grâce de la miséricorde. La grâce de Dieu nous révèle au présent le chemin du ciel.

Aide-toi et le ciel t’aidera en somme !

On croit souvent que ce proverbe est d’origine biblique or rien n’est moins vrai. Il vient certes de la sagesse et de la poésie populaires, signifiant que l’homme doit se prendre en main pour que Dieu intervienne dans sa vie, mais il porte surtout la trace d’une très ancienne hérésie(1) chrétienne appelée le pélagianisme, du nom d’un moine du IVe siècle nommé Pélage. Il pensait que le libre arbitre de l’homme suffisait à obtenir son salut, c’est-à-dire la vie éternelle. Dans ce cas, à quoi sert la grâce ? À quoi bon le sacrifice de Jésus sur la Croix, sa mort pour nos péchés et sa résurrection ?

Un proverbe plus chrétien dirait : « Laisse donc le ciel t’aider ! » Jésus Christ nous envoie le Saint-Esprit pour être notre force et nous faire grandir en amour, foi et espérance, et pour que tout cela se traduise dans notre vie. Laissez le ciel vous aider ma chère Lili !

Si Dieu est si bon que vous venez de me le dire, pourquoi les guerres, les maladies ? Ce n’est pas logique !

On me pose souvent cette question : « Où est-il le bon Dieu dans tout ça ? » Dieu voit-il tout ce qui ne va pas dans ce monde ? Est-il aveugle ou est-ce qu’il s’en moque ? Pardon, mais il n’est pas logique non plus de mettre tous les malheurs du monde sur le dos de Dieu ! Bien souvent, ils sont la faute des hommes. Ce n’est pas Dieu qui bombarde des civils ou conduit des chars de combat. S’il y a une faute, c’est plutôt la nôtre. Combien de guerres ont été déclarées par des gens qui ne croyaient pas en lui ? Il en va souvent de même pour les maladies ou la pollution : l’homme détruit la planète. Qui a donné à manger des farines animales à des vaches ? Qui répand des pesticides, manipule des virus en laboratoire ou calfeutre ses bâtiments avec de l’amiante ? « Dieu pardonne toujours, l’homme parfois, la nature jamais », dit le proverbe.

Que fait le bon Dieu devant tout cela ? Je suis convaincu qu’il a mal avec nous, qu’il souffre avec nous et qu’il pleure avec nous. Pour le prouver, il a envoyé son fils Jésus non pas pour gouverner le monde et réduire à néant la souffrance d’un coup de baguette magique. Non, il l’a envoyé et a permis qu’il meure sur une croix, dans une souffrance terrible, en remplissant cette souffrance de sa présence et de son amour. Depuis ce jour, tous ceux qui souffrent peuvent dire que Dieu ne les abandonne pas dans la souffrance et dans l’épreuve. Il est là et il leur donne sa force.

Et quelle récompense suis-je en droit d’attendre pour supporter tout cela sans me plaindre ?

Le texte qui fait référence à la récompense promise par Jésus est un extrait du sermon sur la montagne, situé à la fin des Béatitudes (Mt 5, 12). Ce texte si paradoxal est le plus long enseignement oral de Jésus de tout le Nouveau Testament. Heureux ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de la justice, les persécutés, les insultés, les calomniés… On a envie de dire au Seigneur : « Franchement, ton programme n’est pas vraiment attirant. »Pourtant, ce texte finit par la promesse d’une récompense : « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

On aimerait bien en savoir un peu plus sur le contenu de ce paquet-cadeau qui nous attend dans la vie éternelle. Au risque de vous décevoir, je n’ai pas une description vraiment précise. Tant mieux d’ailleurs. La récompense, c’est d’entrer dans une expérimentation de l’amour dans sa totalité, dans une communion complète avec Dieu qui est l’amour en plénitude. C’est la plus grande aventure qui puisse arriver à l’être humain, la chose la plus désirable qui soit. Aimer à la hauteur de Dieu. De grands mystiques ont appelé cette récompense : « voir Dieu », c’est-à-dire entrer dans son mystère. Les orthodoxes(2) appellent cela la divinisation : voir Dieu et devenir comme lui, entrer dans la vie divine. Nous ne savons pas trop comment sera la vie éternelle, mais nous savons que ce sera la plénitude du bonheur. Quelle aventure, cette récompense !

(1). Doctrine ou opinion qui diffère des croyances établies, condamnée par l’Église catholique comme contraire aux dogmes.

(2). Les Églises chrétiennes d’Orient (grecque et russe notamment).

 

ALLER PLUS LOIN :

Pourquoi Padre ? Volume 2

86 questions-réponses sur la foi et la vie chrétienne

Les prêtres de Padreblog, Artège, 2023, 336 pages, 16,90 €.

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