CUISINER MIEUX POUR VIVRE MIEUX !

1 décembre 2021

Le pape François en pleine lecture de Ma petite cuisine Laudato si’. « La conscience de la gravité de la crise culturelle et écologique doit se traduire par de nouvelles habitudes » (Encyclique Laudato si’, n°209). Pour le Saint-Père, il est temps d’apprendre, en famille, « à jouir des fruits de la terre sans en abuser », à cultiver « la tempérance, la modération, l’abstinence, la maîtrise de soi et la solidarité ».

Comment retrouver une nouvelle hygiène de vie ? Quel est le secret pour vivre bien, pour vivre mieux, en accord avec ses convictions éthiques ou religieuses, dans un monde de plus en plus pollué, abîmé et menacé par des bouleversements climatiques de plus en plus fréquents ?

PAR ANNE MOREAU – PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE MEYER

Anne Moreau est diététicienne et psychonutritionniste. Spécialisée en alimentation durable, elle propose une approche « gourmande et globale » depuis l’obtention de son CAP de cuisine en 2018. Elle est également déléguée générale de l’Institut nutrition, qui mène des recherches sur le comportement alimentaire des personnes fragiles (notamment les personnes âgées et les personnes en situation de handicap). Elle enseigne aussi « les nouvelles tendances alimentaires » à l’institut Paul-Bocuse.

Écoutons ce que nous disent les spécialistes du comportement humain. Le processus de changement est ralenti par des freins, notamment la méconnaissance des faits, le découragement face à l’ampleur de la tâche ou encore le fait que les conséquences directes de nos comportements restent imperceptibles. En pratique : on me dit que la planète se réchauffe mais moi, à mon échelle, je ne le vois pas et, par conséquent, je ne vois pas pourquoi je devrais changer. Ensuite, le découragement : je sens qu’un changement est nécessaire mais si je suis le seul à le faire, c’est inutile et je deviens alors paralysé pour produire l’effort que réclame une transformation personnelle.

Ma méthode : d’abord les faits et les conséquences pour alimenter la prise de conscience, ensuite des pistes d’actions concrètes et à ma portée, et enfin, le fait de rejoindre des démarches collectives pour ne pas céder au découragement. Les chrétiens ont justement le sens de la communauté et leur foi est un rempart à la désespérance. L’espérance au cœur, il ne manque plus que le mode d’emploi. Une fois que l’on explique comment changer, le secret du mieux-vivre et du mieux vivre ensemble est à portée de main.

POURQUOI CHANGER ?

Parce que ça rend heureux ! Selon le père Étienne Grenet*, les racines de la crise environnementale se trouvent dans le coeur des hommes. L’encyclique Laudato si’ est une invitation à changer. Nous sommes invités à prendre conscience que ce que nous consommons et qui est parfois superflu prive nos frères de quelque chose qui leur est nécessaire à l’autre bout de la planète : « Gaspiller, c’est voler la nourriture sur la table des pauvres » répète souvent le pape François.

Les conséquences du réchauffement climatique ne sont pas ou peu visibles en Europe, mais je peux d’ores et déjà poser des actes vertueux par amour. Ce que je fais, je le fais par amour et en solidarité avec mes frères qui vivent au loin et qui souffrent déjà du manque d’accès à l’eau ou de températures insupportables. Attention à ne pas trop adopter une approche logique ou basée sur l’efficacité de mes efforts personnels, qui peut nous mener dans une impasse : lorsque le continent africain tout entier ou des centaines de millions de Chinois accèdent à la classe moyenne et se mettent à consommer des protéines animales dans des proportions inouïes, ce n’est pas mon changement d’habitudes personnelles qui changera la donne ! Essayons de ne pas rentrer dans cette logique, mais de rester dans une dynamique d’amour, de don de soi, de gratuité. J’accepte de perdre en confort, de prendre un transport en commun au lieu de ma voiture. Rien ne m’y oblige, mais je « l’offre ».

COMMENT AGIR ?

L’alimentation a une portée symbolique. « Dis-moi de ce que tu manges et je te dirai qui tu es », disait le grand spécialiste de l’art culinaire Brillat-Savarin (1755-1826). Faute de temps, nous faisons une cuisine dite « d’assemblage » : nous composons nos assiettes avec des aliments semi ou ultratransformés, écartant les produits bruts tirés de la terre. Nous n’avons plus le temps de contempler la nature, de connaître les saisons et nos rythmes modernes nous éloignent d’un bon sens salutaire pour la santé comme pour la planète !

Manger local et de saison est vraiment un levier intéressant à adopter. Car la cuisine Laudato si’, c’est aussi prendre conscience que c’est la nature qui décide ce qu’elle nous donne à manger. Par ailleurs, la tradition alimentaire française place la viande ou le poisson au coeur des plats, dont les légumes sont une composante non essentielle. Pourtant, la grande révolution à opérer dans les assiettes pour réduire l’empreinte environnementale de notre alimentation, c’est de limiter la consommation de viande, et particulièrement de boeuf (sans stigmatiser les éleveurs pour autant). Tout est une question d’équilibre et il faut accompagner ce changement par l’éducation alimentaire. C’est un champ de créativité merveilleux qui s’ouvre à nous et vos papilles seront heureuses de redécouvrir légumineuses et autres légumes anciens riches en nutriments.

Vous avez peur pour votre porte-monnaie ? Gardez à l’esprit que le fait de diminuer sa consommation de protéines animales (viandes et poissons) et de lutter contre le gaspillage alimentaire est un gage d’économies à réinvestir dans des produits de qualité et de saison, idéalement bio. En matière d’alimentation, nos actes ont une portée sociale, écologique, sanitaire et politique énorme et insoupçonnée. Choisir ce que je mets dans mon assiette, c’est voter pour le monde que je veux.

5 CLÉS POUR DE MEILLEURES HABITUDES DE VIE

1. Manger varié

Plus il y a de couleurs dans l’assiette plus vous mangez de nutriments. Mettez les légumes au centre et faites de la viande un condiment ! Prenez la nature pour professeur : cela égaye les sens et les papilles et vous respecterez le temps de la Création.

2. Ni trop, ni trop peu

Avoir un juste rapport à la quantité : dompter la peur de manquer et l’envie de surconsommer. Se poser la question : ai-je besoin d’acheter tout cela ? S’interroger sur ce dont on a besoin à un instant t. Interrogez votre attachement au confort et votre générosité : est-ce que je prends soin de moi par mes achats alimentaires ? Suis-je prêt à payer un peu plus cher pour mieux rémunérer un producteur en conversion bio ?

3. Faire soi-même, mettre la main à la pâte

Se réapproprier des gestes simples : cuisiner, jardiner ou tricoter rend heureux, c’est prouvé ! Faire avec les mains est salutaire pour s’ancrer dans la réalité du corps et de la nature. Acheter bio n’est pas l’unique solution : on peut avoir une conduite vertueuse en prenant du temps pour cuisiner pour ses proches, pour transmettre des recettes familiales à ses enfants et tout simplement pour partager un bon repas avec des amis.

4. Choisir ses priorités

Qui peut consacrer une ou deux heures à la préparation d’un dîner familial en semaine ? Pourtant, dire « je n’ai pas le temps », alors qu’un adulte passe en moyenne 3 h 45 penché sur son mobile chaque jour n’est plus un argument recevable. C’est vraiment une question de priorité de vie et d’organisation.

5. Penser aux autres

On ne cuisine jamais mieux que pour une tablée joyeuse et nombreuse. Invitez, recevez, partagez avec vos proches, famille et amis, sans oublier les personnes seules : les amis célibataires, les voisins, etc.

Faites communauté ! Les chrétiens devraient être les premiers écolos ! Rassemblez-vous en paroisse pour initier des parcours de lecture de l’encyclique Laudato si’ et des groupes de partage.

TÉMOIGNAGE : « J’AI COMPRIS L’IMPORTANCE DE MES CHOIX »

Anaïs, 36 ans, vit dans l’Hérault. Elle est mariée et maman de 3 petites filles.

« Grâce à ma Petite Cuisine Laudato si’, j’ai compris l’importance de mes choix de consommation du quotidien et cela m’a donné envie de faire bouger les lignes. Le livre est très pédagogique car il met en lumière les enjeux santé et planète ; il donne des clés très concrètes et j’aime l’expérience d’apprendre des choses en cuisinant : c’est ludique, les recettes sont accessibles pour cuisiner pour toute la famille ! »

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*Auteur du livre Le Christ vert, Artège le Sénevé, 2021,333 pages, 18,90 €. Il a initié deux parcours, après la publication de l’encyclique Laudato si’, pour découvrir et approfondir l’écologie intégrale, pendant lesquels il a accompagné plusieurs centaines de personnes.

 

POUR ALLER PLUS LOIN

Ma petite cuisine Laudato si’. Manuel de cuisine saine et durable

Anne Moreau, CLD Éditions, 2021, 240 pages, 56 Recettes, 24,90 €.

 

 

La recette : le chili sin carne (Ma petite cuisine Laudato si’, page 26)

Le chili sin carne est un plat typiquement végétarien car il permet une association parfaite entre une légumineuse (haricot rouge) et une céréale (maïs) qui sont complémentaires concernant leur profil en acides aminés. Ce plat unique vous aidera à couvrir vos besoins protéiques.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur : https://editionscld.fr/produit/ma-petitecuisine-laudato-si

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