Corinne Touzet : Si particulière

8 juillet 2013

corrine touzet

Rencontre. Au festival d’Avignon, elle joue dans Une journée particulière. Pour la circonstance, elle nous accorde un entretien et nous ouvre son cœur de femme. Un honneur.    

Propos recueillis par Magali Germain

Pour la voir cet été, ce ne sera pas à la télé. Corinne Touzet est sur les planches en Avignon dans une pièce de théâtre adaptée du film d’Ettore Scola, Une journée particulière. Elle a été dénicher ce rôle poignant dans le cinéma italien. Avec cette adaptation, elle met ses pas dans ceux de l’immense Sophia Loren, première interprète du personnage d’Antonietta. Aguerrie par une carrière à succès, celle qu’on a tant aimée dans le rôle de l’adjudant chef Isabelle Florent de la série Une femme d’honneur ouvre une nouvelle saison, dramatique. Cet été, elle enfile la lassitude d’Antonietta, une mère de famille remisée dans un immeuble mussolinien comme un oiseau dans une cage. Une rencontre rare.

Vous aviez vingt et quelques années quand vous débarquiez au culot à Cinecittà…

J’étais jeune. Je tournais beaucoup en Italie. J’ai toqué aux portes. J’ai rencontré des metteurs en scène extraordinaires comme Ettore Scola. J’ai même croisé Fellini. Je n’en suis pas revenue ! Ettore Scola s’est avéré être un homme d’une grande élégance, d’une grande sensibilité. Il m’a reçue avec beaucoup de tact. On s’est recroisés. J’ai cherché à acquérir les droits de son film. Et puis j’ai attendu le temps qu’il a fallu. Finalement, Ettore a dit oui. Trente ans plus tard, la boucle est belle car maintenant j’ai l’âge, avant je ne pouvais pas. Je suis heureuse. Je me suis battue. Je n’y croyais plus. J’ai essuyé tellement de refus ! C’est compliqué de monter un projet pareil. Et puis Christophe Lidon, qui m’a vue jouer l’an dernier, a accepté de me diriger. Ensuite Jérôme Anger a dit oui. Je ne m’y attendais presque plus. C’est souvent comme ça dans la vie. Quand c’est le bon moment, tout arrive… Je suis croyante, alors ça ne m’étonne pas vraiment.

De qui tenez-vous la foi ?

De Mamie George, ma grand-mère martiniquaise. Dans notre famille, elle a laissé un chemin de lumière derrière elle. Tout le monde en parle avec des étoiles dans les yeux. Tous les jours à 6 heures, je la voyais son chapelet à la main. Ce chapelet, je l’ai toujours avec moi.

Dieu ? Plus qu’une idée, alors ?

Une présence. En moi. Vraiment là.

À vous entendre, la foi, c’est cadeau !

On va encore me prendre pour une fofolle, mais j’assume… C’était après une rupture qui m’a fait énormément de mal. J’ai pris ma voiture, histoire de rouler, pour vider ma tête. Je pleurais. Je ne voyais plus très clair. Ça devenait même dangereux. Je m’en fichais un peu. Tout à coup, j’ai dû freiner, à cause d’une tourterelle. Et là, devant mon pare-choc, cette tourterelle ne s’est pas enfuie ! Un oiseau, ça s’envole quand ça voit une voiture… Elle, elle m’a regardée. Très, très longtemps. Je l’ai regardée très longtemps aussi. « Pourquoi cet oiseau ne s’envole-t-il pas ? » Il aurait pu y avoir six bagnoles derrière moi, c’était pareil. Je pleurais. Je souriais à n’en plus finir au milieu de mes larmes. Je me disais : « Regarde cette tourterelle comme elle est belle ! » Comme vous savez, les tourterelles vivent en couple. On ne voit jamais l’une sans l’autre. Au volant de ma voiture, j’ai attendu que cette tourterelle accepte de partir. Ça a duré très longtemps. Le temps que je réfléchisse, que j’arrête mes conneries, que je décide de rentrer chez moi.

Le cinéma italien vous ressemble bien.

C’est tout moi. J’ai des origines italiennes. À la maison, on parle, on rit, on chante, on pleure tout ensemble.

Vous êtes marraine de plusieurs associations…

J’ai moins de temps à donner qu’avant, mais je suis là. J’ai chanté l’été dernier avec les Anges gardiens en faveur de l’association Tout le monde chante contre le cancer. Je suis visiteuse bénévole dans les hôpitaux en oncologie auprès des cancéreux. J’ai commencé par les enfants, les petits leucémiques. Ce sont eux qui me touchent le plus. J’ai toujours eu ce besoin d’aider les petits. De fil en aiguille, j’ai fini par me rapprocher des personnes âgées. Ce sont elles qui m’ont le plus bouleversée. C’est une chose qui me contrarie beaucoup. Il y a plein, plein de personnes âgées qui sont seules à l’hôpital. Il faudrait une vie entière, il faudrait y être tous les jours… et je ne peux pas… Tenez, c’est un message pour vos lecteurs : chacun de nous à beaucoup à donner aux autres. Il suffit de lire un livre à un malade ou à une personne âgée, ce n’est pas compliqué, on a l’impression d’être utile et de faire du bien. Moi, j’aimerais bien que les gens se bougent un peu les fesses !

Vous-même, l’épreuve de santé, vous connaissez ?

Oui. J’ai… traversé.

Quoi dire dans ces circonstances ?

Continue à croire en la Vie, avec un grand V, il y a toujours du soleil dedans – entendez de la lumière. Même quand tout fout le camp. Il y a toujours un truc bien qui s’est passé dans ta journée. Ce qu’il faut, c’est arriver à t’en souvenir – ce que j’ai toujours fait – avant de te coucher. Même si on a plein d’ennuis, il faut penser à ce sourire, à ce petit café, à ce truc bon qui est arrivé.

Et vos petits écoliers d’Agadir ?

Ils vont bien. Grace à la campagne récente, on a des parrains pour chacun. Sauf que ça ne suffit toujours pas à faire vivre le riad. Ce lieu de vie accueille une quarantaine de gamins défavorisés, encadrés par l’association « Un Regard, un Enfant », dont je suis la marraine. On est toujours sur le fil. Il faut faire manger tout le monde. Il faut l’eau. Il faut l’électricité, ça va très vite. En revanche l’action est belle, elle perdure. Les enfants sont heureux. On a réussi à les faire renouer avec leur famille.

Avec Alice, la petite fille atteinte de myopathie du film Maldonne, êtes-vous restée amie ?

Bien sûr. On a mangé ensemble dernièrement. Elle a 15 ans maintenant, et s’est fait opérer de la colonne vertébrale :elle a gagné 12 centimètres depuis. Elle est heureuse. Elle a des parents et une fratrie exceptionnels. Elle a une force que nous n’avons pas.

Corinne, qu’est-ce qui vous anime ?

J’ai besoin d’autant d’amour que les autres. J’ai toujours su que pour recevoir, il faut donner. Je ne fais pas pour recevoir. Je fais pour partager. Ça m’aide à vivre de rendre les gens heureux, que ce soit par mon travail ou par l’engagement caritatif.

Vous arrive-t-il de prier ?

Je lui parle tous les jours. Je fais mon petit signe de croix.

Que ferez-vous pour le 15 août ?

Je ne sais pas encore. Nous irions volontiers à Rome. L’Italie me manque.

La Vierge Marie ? Quelqu’un d’important ?

J’ai sa petite statue sur ma table de nuit et une médaille miraculeuse de la rue du Bac toujours sur moi.

Des projets ?

Un thriller pour France 3 et une comédie familiale pour France 2.

On va bientôt vous revoir à la télé !

Très prochainement, si Dieu veut…

 

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