CONTEUR DE COEUR

26 octobre 2023

© Thomas PADILLA/Agence 1827/RTL2 ; Portrait de l' animateur Eric Jeanjean durant l' emission "Le Drive"

Homme de radio depuis ses 15 ans, tenté par le sport de haut niveau à une période, l’animateur n’a pas eu un parcours rectiligne, ce qui lui a permis d’être sans doute plus humain et de se savoir toujours « protégé ».

PROPOS RECUEILLIS PAR CYRIL LEPEIGNEUX DE KTO POUR L’1VISIBLE

Vous êtes un raconteur d’histoires, d’où cela vous vient-il ? C’est le nœud de toute mon existence. Je suis arrivé à un moment où c’est le temps de transmettre. C’est le but de la vie ! Vous apprenez, vous trébuchez, vous faites de bêtises, vous vous battez, vous vous trompez… et si tout va bien, vous allez acquérir un peu de sagesse et à quoi cela sert-il si vous ne transmettez rien ? C’est comme avoir beaucoup trop d’argent et ne pas le partager. Il se trouve que je suis passionné par la musique et que cela m’a amené à lire beaucoup de livres, à regarder des films, à écouter nombre de concerts, à rencontrer des artistes et cela a rempli la bibliothèque de ma tête. J’ai aussi beaucoup travaillé sur le moyen de raconter de bonnes histoires : j’ai donc fini par acquérir une certaine maîtrise du sujet qui me permet désormais de transmettre. Je fais cela pour les mêmes raisons qui ont vu mon père s’engager en politique : essayer de contribuer à rendre le monde meilleur.

Vous cherchez à divertir les auditeurs tout en les aidant à se cultiver ?

Je suis comme un sommelier en fait, même si j’ai arrêté de boire de l’alcool depuis des années. Si vous appréciez le vin, je peux vous en faire goûter : vous le trouvez bon ou pas et puis c’est fini. Ou bien je vous raconte d’où il vient, le fait qu’un jeune vigneron vient de créer ce nouvel assemblage grâce à ceci, cela etc. que le goût vient de cette terre spécifique et de ce vent desséchant etc. Vous allez être intéressé et, tout de suite, ce vin va avoir un goût différent dans votre palais. C’est pareil pour la musique.

Nous sommes au temps de la Toussaint et de la fête des défunts. Qu’est-ce que cela vous évoque ?

Vous savez, à un moment, j’ai beaucoup flirté avec la mort. Celle de mes parents, celle de la maman de ma fille unique, la mienne à côté de laquelle je ne suis pas passé loin. Ma propre mère est morte à 60 ans après avoir été malade la moitié de sa vie. Quand elle s’est éteinte, j’ai été très en colère et je me suis dit : « qu’ils aillent tous se faire voir ! ». A cette période, j’ai senti le vent tourner et cela m’a d’ailleurs aussi fait tourner la tête. J’ai mis du temps à retomber sur mes pieds. Je suppose que cela est normal dans le parcours d’une vie.

Vous aviez déjà eu un grave accident de moto à 23 ans ?

Oui, j’étais étudiant à Bordeaux, plutôt bon élève. J’intervenais à la radio, j’étais discjokey, j’étais bon en sport et tout me réussissait avec pas mal de facilités. Alors que j’ai fait mon premier casting télé à la capitale, je suis contacté par Max Guazzini qui m’embauche sur la radio NRJ, à Paris, la plus grosse radio FM de France ! C’est le grand moment de ma vie : je vais pouvoir quitter ma province pour gagner Paris et tenter ma chance à la radio et aussi travailler à la télévision comme animateur d’un jeu pour les enfants sur la 5e chaîne. Et là, soudain, quinze jours avant mon départ, je me transforme en steak tartare à moto…

La fin d’une aventure médiatique prometteuse ?

Un arrêt brutal avec deux bras et deux jambes de cassées, quelques jours de coma, une paralysie faciale sur la gauche du visage qui va me valoir de me faire trépaner pour réparer tout ça… Il m’a fallu 6 mois avant d’esquisser un premier sourire. En fait, j’ai été touché, pour un homme qui doit s’exprimer et se montrer, à l’endroit exact où il ne fallait pas. J’ai ressenti beaucoup d’injustice. Et cela a été la cause de ma première vraie question existentielle : pour[1]quoi le visage ? A 56 ans, je n’ai toujours pas la réponse… J’en ai juste une partie : cela m’a évité de devenir un petit con prétentieux… Peut-être aussi que la voie que je prenais n’était pas la bonne : miser juste sur son physique et son talent ne suffit pas. Sans doute fallait-il cela pour que je m’y prenne et travaille autrement. Ce que j’ai fait durant toute ma carrière.

Quand avez-vous compris cela ?

Tard… A 24 ans, après cet accident, j’étais plutôt devenu un jeune homme en colère. Et puis j’ai vite fait comme si cela n’était pas arrivé. J’ai repris ma carrière d’animateur radio et j’ai travaillé pour la télévision mais j’étais mal à l’aise avec mon image. Vous savez, je suis du genre à avancer sans regarder en arrière : le problème, au bout d’un moment, c’est que les affaires non réglées vous explosent à la figure. Alors, à la quarantaine, suite à une série de morts, d’une trahison dans une aventure entrepreneuriale, j’ai été tenté par un suicide social. Puis, je me suis remis en question : je ne voulais pas finir aigri, en colère et buvant trop.

Comment cela s’est-il arrêté ?

J’ai suffisamment travaillé sur moi-même pour que la colère soit définitivement partie. A la seconde où elle m’a quitté, je me suis remis là où je devais être et les choses sont redevenues normales. Comme si l’univers entier s’organisait pour que tout se passe bien désormais. En relisant ce passage difficile de ma vie, je fais aussi un lien avec ma fascination pour le rock’n’roll qui est une forme de chaos que j’ai dès lors mieux compris.

Dans ces temps d’épreuves, beaucoup se raccrochent à la foi. Croyait-on en Dieu dans votre famille ?

Mon père est originaire d’une famille du sud-ouest où on était plutôt « bouffeurs de curés »… Lui était complètement athée mais, en revanche, incroyablement ouvert d’esprit. De son côté, ma mère était chrétienne, d’éducation catholique, croyante mais pas très pratiquante. Ils ont attendu ma sœur alors que maman avait 17 ans… Ils sont allés voir le curé qui leur a dit : « je suis prêt à vous marier mais vous me promettez de faire baptiser vos enfants et de les envoyer au catéchisme ». Mon père est resté fidèle à sa parole : je suis donc allé en vélo au catéchisme en province. Cela reste une période super chouette de ma vie !

Comment avez-vous réagi vis-à-vis de Dieu à la mort de votre maman ?

Je l’ai boudé… Je n’entrais plus dans une église. Et s’il fallait le faire lors d’un mariage ou d’un baptême, je ne me signais pas. Je suis rarement violent contre quelque chose ou quelqu’un mais en revanche, là, c’était sans moi. Heureusement, j’ai fini par faire la paix avec Dieu. Aujourd’hui, je suis très serein vis-à-vis de Lui. En général, je m’adresse plutôt à Marie à qui je confie mes voyages par exemple. Je crois aussi à l’existence des anges gardiens ; je suis persuadé d’être protégé. Et je ne cesse de dire merci au Ciel. Je me sens aujourd’hui très en paix et plein de gratitude.

Comment cela « protégé » ?

Dans des situations complexes où parfois je me suis mis, à des moments où j’aurais pu faire des bêtises, ma bonne étoile était là. Mais aussi lors de soucis financiers qui se sont résolus d’un coup. Souvent quand je suis dans une impasse, il y a un petit coup de pouce du Ciel. Je pense qu’il ne faut pas oublier de dire merci lorsque ces situations se présentent.

Qu’est-ce qui vous réjouit le plus aujourd’hui ?

Je suis un fou de moto et avec mon épouse nous avons traversé l’Europe, l’Asie, l’Himalaya… Mais ce qui me réjouit le plus, c’est de vivre dans la sérénité. J’ai mis tellement de temps à l’acquérir. J’ai un bon métier, je gagne bien ma vie, je suis en pleine forme, ma femme est formidable, ma fille est chouette. Je suis dans un moment de ma vie où je travaille beaucoup mais je récolte les fruits de ce que j’ai semé.

Et la place du pardon dans votre vie ?

Je ne suis pas d’un naturel rancunier. Je suis un gars du sud, entraîné à gagner, qui peut hurler très fort mais après, une fois que j’ai dit les choses, c’est fini, j’oublie. Et parfois j’ai tort car je ne pense pas que l’oubli soit du pardon. Le vrai pardon nécessite un grand effort. Il faut dépasser sa colère, son ressentiment. Oublier, c’est bien plus facile. Alors oui, je suis pour le pardon même si je ne sais pas si j’ai toujours le courage de pardonner. Parmi ceux qui m’avaient trompé dans les affaires, l’un est mort et je m’en suis voulu de n’avoir pas fait la paix avec lui avant. A partir de ce moment, j’ai décidé de ne plus me fâcher à mort avec quiconque. Ce deuil – et mon épouse – m’ont ouvert les yeux là-dessus. Notamment sur la place de l’orgueil qui empêche souvent de pardonner et qu’il est difficile de dépasser. Je vous rappelle que je suis un homme et un animateur : vous imaginez l’ego que j’ai ?

Comment imaginez-vous l’après ?

Je ne sais pas… Comme je vous l’ai dit, je suis persuadé que nous sommes entourés d’anges qui nous protègent mais j’ai du mal à cerner ce qui se passe après la mort. Pour autant, j’aime l’idée que les âmes soient pesées comme on le voit sur le tympan des cathédrales. Je crois à cela. Pour moi, c’est une manière de s’autoréguler. D’essayer de faire le bien. De ne pas trop mal se comporter. Alors je passe du temps à essayer de mettre mon âme au régime pour qu’elle soit le plus allégée de ses fautes.

 

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