Boulevard des Airs : “je préfère pardonner”

1 janvier 2018

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Rencontre. Le groupe des neuf musiciens originaires de Tarbes a conquis la France avec des textes inspirés, servis par des rythmes festifs qui répondent, à leur manière, aux grandes questions existentielles.

Propos recueillis par Cyril Lepeigneux

L’un des deux chanteurs moustachus, Sylvain Duthu, la trentaine, est diplômé de Sciences-Po. Devenu roi de la scène avec son groupe et ses compositions qui ont fait de l’album Bruxelles un nouveau succès, il parle de ses sources d’inspiration. Avec une jolie pointe d’accent du Sud-Ouest …

Dans vos chansons, vous faites la promotion de principes altruistes comme l’accueil de l’autre, le partage, le pardon. On vous voit aussi en tournée avec Vianney. Vous êtes chrétien ?

J’ai été baptisé enfant. Ma première communion, je l’ai faite parce que j’aimais bien le catéchisme. Et après, plus grand, j’ai arrêté. Mais c’est comme pour la politique, je sais très bien où me situer même si je ne prendrais pas la carte d’un parti ! Je crois à un hasard extraordinaire qui a fait le big bang, la nature, l’être humain, et ce truc incroyable, peut-être que c’est ça Dieu.

Quel est pour vous le sens de la vie ?

Le sens de notre vie, c’est de ne pas tout casser ! De veiller à préserver la nature qui nous nourrit et nous héberge, mais aussi de rechercher l’harmonie. J’aimerais qu’on ne déglingue pas tout comme on le fait en ce moment. Notamment en politique, au sens large du terme, où l’on voit certains qui cherchent à avoir toujours
plus de pouvoir, plus d’argent et à faire la guerre …

Comment faites-vous quand l’autre vous fait mal ?

On me dit souvent que j’ai tendance à toujours chercher à comprendre et à excuser. Il est vrai que j’ai du mal à condamner. Je veux d’abord comprendre. Parfois je peux condamner, mais je préfère pardonner. J’ai toujours été comme ça.

Cette bonté est due à l’influence du bon soleil du Sud-Ouest ?

Sans faire une longue psychanalyse, je dirai que cela me vient sans doute de ma famille. Une très belle famille avec des membres dévoués, bienveillants, super-gentils, humanistes … Mon grand-père a été formé au séminaire. Il s’est arrêté avant d’être ordonné prêtre, mais il a gardé des principes chrétiens. Mon père a aussi hérité de ceux-ci. Enfant, il était petit chanteur à la croix de bois.

Vos disques se vendent alors que les « valeurs » que vous chantez sont pourtant à l’opposé de l’air ambiant qui fait la part belle à l’égoïsme, non ?

C’est vrai, beaucoup de nos contemporains ont un discours de façade sur le partage et sont en fait de gros égoïstes. Ils disent des trucs mais font l’inverse. D’ailleurs, vous comme moi, personne n’est à l’abri de cette contradiction.

Justement, comment faites-vous pour l’éviter ?

J’apprends de mes erreurs … J’essaie d’être le plus en paix avec moi-même pour rayonner autour de moi, être bienveillant, aimable, aimant et aussi pardonner. Et pour vous répondre au nom du groupe, je dirais que, comme nous avons une parole publique et que nous chantons des textes sur la tolérance, le partage et de plus en plus sur la préservation de la nature, nous faisons attention à notre façon d’être. Nous nous efforçons, par exemple, de faire attention à l’origine de ce que nous mangeons et à ce que nous consommons comme ressources.

Parlons de votre groupe et de ce qui le maintient uni, car vous êtes nombreux, non ?

On était neuf sur la tournée de Bruxelles et on est huit maintenant. La seule voix féminine, qui a 23 ans, est retournée aux études. Pour le reste des membres, quand on s’est rencontrés on avait 14 ou 15 ans et on en a 30 aujourd’hui. On a grandi ensemble, on se connaît par cœur humainement. Au début, il y a peut être eu des batailles d’ego où chacun des garçons cherchait sa place mais maintenant c’est fini. Aujourd’hui, c’est très fluide entre nous. Et s’il y a des leaders, ce n’est pas dictatorial ni unilatéral : nous préférons la discussion, en bonne intelligence. En cas de désaccord, on préfère se parler, sans crier ni s’engueuler.

Votre dénominateur commun ?

Faire de la musique et la jouer sur scène, un lieu qui nous transforme. Moi, je suis plutôt timide, réservé et discret dans la vie : les gens sont étonnés quand ils me voient sur scène où je donne tout. Et puis il y a le rapport avec le public. Nombre de personnes se déplacent pour venir nous voir : c’est une forme de reconnaissance. Et le second point : ces personnes chantent nos refrains, fredonnent nos chansons : cela veut dire que ces textes composés chez nous, à Tarbes, résonnent dans le cœur de plein de personnes, et c’est super-beau !

Et la notoriété, comment la vivez-vous ?

C’est agréable quand on vous offre un café ou lorsqu’on vous fait une petite réduction au magasin de musique ! Mais nous n’avons jamais eu comme projet d’être des personnages publics, connus et célèbres. Cette notoriété, c’est le corollaire naturel d’un groupe qui commence à marcher, qui passe à la télé et à la radio. L’avantage d’être un groupe, c’est que cette notoriété n’est pas personnalisée. Ce n’est pas comme pour le chanteur Vianney, un garçon délicieux que nous
avons rencontré avant que le succès explose pour lui et avec qui nous nous sommes liés d’amitié – ce qui est assez rare dans le métier… Lui, partout où il va, on le reconnaît, et c’est lourd… Nous, on est loin de çà ! On est un groupe de gars
nés à Tarbes et on n’a pas bougé.

Qu’est-ce que la musique pour vous ?

Une ex-pression. Une pression en moi à mettre en dehors de moi. Un trop plein de sentiments, de violence, d’amour, de colères… Et chacun l’extériorise à sa manière : dans la peinture, la course à pied… Pour le groupe et pour moi, c’est en faisant de la musique. En buvant à cette source d’inspiration et de beauté qui vient du plus profond de soi et en même temps du plus profond de l’ailleurs. Qui provient de l’infiniment petit et de l’infiniment grand, comme dirait Pascal…

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