LES SŒURS DE L’ENFANT-JÉSUS : 400 ANS DE PURE CHARITÉ

1 juillet 2021

2 - Cameroun

À l’occasion du quatrième centenaire de sa naissance, partons à la rencontre d’un humble prêtre du Grand Siècle, qui a consacré toute sa vie à l’éducation des enfants pauvres de Rouen et de Paris. Nicolas Barré, figure méconnue de l’École française de spiritualité, sera déclaré bienheureux par le pape Jean-Paul II en 1999. Des siècles après sa mort, l’institution de religieuses éducatrices qu’il a fondée perpétue sa mémoire et son lumineux apostolat.

TEXTE ALEXANDRE MEYER – PHOTOS SŒURS DE L’ENFANT-JÉSUS – NICOLAS BARRÉ

« Il ne faut pas chercher des cerises sur un prunier. Il en va de même dans les âmes. Chacune doit porter le fruit de son espèce, qui est celui de sa grâce et de son attrait. » Bienheureux Nicolas Barré

Au Cameroun (ci-dessus), en Centrafrique – sans oublier l’Asie et l’Amérique latine –, les sœurs de l’Enfant Jésus assurent l’enseignement et la catéchèse. Elles poursuivent l’objectif de rendre l’école accessible à tous et œuvrent à l’unité, dans des contextes multi-ethniques et de tensions entre religions. Elles ne sont pas à l’abri des menaces, dans ces régions secouées par d’incessants conflits.

Dans les quartiers populaires de Roubaix, la catéchèse doit se montrer inventive pour rejoindre les familles en grande précarité. Au catéchisme, les enfants parlent volontiers des situations de leur famille, sœur Micheline part de là pour leur raconter les gestes et paroles de Jésus aux mal-aimés, aux écrasés, aux rejetés.

 

Au Nigeria , une école a été prise pour cible par le groupe Boko Aram. En Centre Afrique, une communauté des sœurs de la Providence a dû se réfugier plusieurs jours dans la brousse, après l’attaque et le pillage d’une de leurs écoles.

 

Quelques sœurs et partenaires laïcs ont commencé leur mission en Birmanie il y a 20 ans. Elles forment les jeunes filles des villages à tenir des jardins d’enfants, seule activité tolérée dans les paroisses catholiques par le gouvernement. Depuis une dizaine d’année et la fin de la dictature, les sœurs gèrent un centre de formation interdiocésain pour enseignants d’écoles primaires, un jardin d’enfants Montessori et une présence sociale et pastorale dans un village multi-ethnique isolé.

 

UNE VIE DE SERVICE

UN MIRACLE

Nicolas Barré naît en 1621 à Amiens, dans une famille de marchands merciers. Dès l’enfance, la piété du jeune Nicolas étonne. À l’âge de 10 ans, on lui prête même un miracle : la guérison de sa petite sœur ! Il fréquente le collège jésuite et entre chez les Minimes à 19 ans.

INSTRUIRE LES ENFANTS PAUVRES

Envoyé à Rouen, Nicolas Barré est frappé par la misère noire du peuple des faubourgs : « Le défaut d’éducation est la cause de bien des maux dans la société, il est urgent d’y remédier. » À ses yeux, le seul remède est celui-ci : l’instruction des enfants, filles et garçons, quelle que soit leur condition sociale. Il a alors l’idée de faire venir des femmes de sa connaissance pour le seconder dans sa mission de prédication et d’éducation aux rudiments de l’hygiène, de la foi, de la langue…

UNE VISION NEUVE DE L’ÉDUCATION

Nicolas Barré a été le promoteur d’un grand courant d’éducation populaire, par la formation de jeunes gens et jeunes femmes au service des enfants des milieux populaires et des quartiers les plus misérables de Paris et Rouen, villes dans lesquelles il a vécu. Il voit en l’enfant un véritable partenaire dans la relation éducative : s’il convient d’imposer, il faut surtout expliquer et beaucoup écouter… Sa pédagogie passe par l’apprentissage du chant, du dessin, du latin et du français, avec des temps de pause : les premières récréations ! Une vision particulièrement moderne dans le contexte de l’époque, qui s’appuie sur quelques principes simples mais riches et innovants : « La beauté du monde est faite d’une multitude de beautés différentes… que chaque personne puisse grandir selon son génie. » Chaque enfant sera donc « élevé selon son génie », dans le respect de son originalité. Éduquer, c’est répondre à une vocation, qui est de préparer à la vie mais aussi de « former et enfanter Jésus-Christ dans les âmes ».

LES SŒURS DE NICOLAS BARRÉ

La Providence lui sourit et les dons de la haute société rouennaise affluent. De retour à Paris, il fonde un séminaire pour former ses jeunes recrues. L’école de formation des Filles des Écoles charitables ouvre ses portes rue Saint-Maur à Paris (aujourd’hui rue de l’abbé Grégoire). Ces femmes ne prononcent pas de vœux et sont donc libres d’aller où leur mission les mène. Ce ne sont pas des congrégations religieuses (elles le deviendront deux siècles plus tard), mais une association de Maitresses des Écoles charitables. Leur action s’étend à l’ensemble de la France, où de nombreuses écoles créées dans les paroisses les appellent. Bientôt, les administrateurs de l’œuvre décideront de la séparer en deux branches autonomes. Elles le sont encore aujourd’hui : sœurs de l’Enfant Jésus (Providence de Rouen) et sœurs de l’Enfant Jésus – Nicolas Barré. Le père Barré meurt d’épuisement à Paris en 1686, à l’âge de 64 ans. De nos jours, les sœurs œuvrent sur quatre continents et poursuivent l’action éducative de leur fondateur dans les milieux défavorisés de la planète.

POUR ALLER + LOIN

Nicolas Barré. Un minime du Grand Siècle, Dominique Sabourdin Perrin, Salvator, 2018

352 pages, 22 €.

 

 

 

Nicolas Barré. Un chemin de liberté, Emmanuelle Billoteau, Salvator, 2021

 219 pages, 20 €.

 

 

 

POUR EN SAVOIR +

nicolasbarre.wixsite.com

archives-ejnb.org

infantjesussisters.org

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