Les corps peuvent-ils ressuciter?

10 novembre 2011

père Descouvemont

Controverse. Vivre éternellement, avec son corps : qui n’en a jamais rêvé ? Si beaucoup croient à l’immortalité de l’âme, rares sont ceux qui croient à la résurrection des corps. Alors, revivrons-nous avec nos corps après la mort ?

Débat entre Lili Sans-gêne et l’abbé Pierre Descouvemont

1 Qu’il y ait un au-delà de la mort, passe encore. C’est ce que pensent depuis le début de l’humanité tous ceux qui enterrent leurs morts avec piété. Mais de là à croire qu’un jour nous allons tous nous retrouver avec un corps tout neuf à faire la ronde dans le paradis !

  Nous sommes au moins d’accord sur un point. Affirmer qu’à la fin de l’histoire, tous les hommes ressusciteront, c’est affirmer quelque chose d’énorme que les chrétiens ont tout de suite proclamé dans le Symbole des apôtres, leur plus ancienne profession de foi : « Je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle. »

Ce n’était pourtant pas dans l’air du temps. On faisait un jeu de mots en grec pour dire que le corps de l’homme [soma] n’avait aucune importance, qu’il n’avait aucun avenir. « Soma, sema », disait-on : le corps est un monument funéraire, une prison pour l’âme. Saint Paul lui-même s’est fait chahuter à Athènes quand, devant l’Aréopage – l’élite intellectuelle du monde d’alors – il a proclamé sa foi en la résurrection du Christ, en la possibilité pour l’homme de ressusciter.

2 Comment pouvez-vous croire que les corps des défunts, réduits en poussière depuis des siècles, pourront un jour reprendre vie ? C’est mieux que le « retour des morts vivants » votre histoire !

À Dieu rien n’est impossible. Et c’est pour cela que les chrétiens ont appelé « cimetière » le nom qu’ils donnent à l’endroit où ils enterrent leurs défunts. Un mot qui signifie « dortoir » en grec (koimêtêrion). Au dernier jour, tous ces cadavres se réveilleront ! Ce seront, bien sûr, des corps transfigurés : il n’y aura plus d’estropiés ni d’aveugles. Mais nous n’aurons aucun mal à nous reconnaître, car c’est bien mon corps que Dieu me rendra pour que je puisse continuer à aimer les miens de tout mon cœur et de tout mon être.

3 Moi, je pourrai croire à la résurrection lorsque quelqu’un sera revenu de la mort !

C’est précisément pour cela que les chrétiens y croient. Ils sont les seuls au monde à affirmer qu’un homme est sorti vivant de sa tombe quelques heures après y avoir été déposé. Notre foi en la résurrection des morts se fonde sur l’expérience très spéciale faite par le tout petit groupe d’hommes et de femmes qui ont vu et touché Jésus ressuscité deux jours après sa mort en croix. Et, quand on regarde de près leur témoignage, on est impressionné par leur sincérité. Ils auraient pu au moins nous dire qu’ils avaient vu un Ressuscité tout rayonnant de gloire, comme trois de ses apôtres l’avaient vu transfiguré une nuit qu’ils priaient avec lui ! Rien de tout cela dans leurs récits. C’est un Jésus au ras des pâquerettes qui se manifeste : les disciples d’Emmaüs le prennent pour un simple pèlerin et les apôtres, pour un amateur de poissons ! Vraiment, ce sont des témoins qui ne trichent pas.

4 Quel contraste entre l’énormité du mystère auquel vous croyez et le caractère minuscule de l’expérience localisée dans l’espace et le temps à laquelle vous vous référez pour y croire !

Votre objection est très importante. C’était celle des philosophes du XVIIIe siècle, c’est encore celle d’aujourd’hui : « Si nous avions été Dieu, nous n’aurions pas fait les choses comme ça : nous nous serions manifestés de la même façon à tout le monde, il n’y aurait pas eu de privilégiés à se trouver aux premières loges pour accueillir Dieu chez eux et être témoins de choses merveilleuses ! » À cette objection fondamentale, je ne réponds qu’une chose : si Dieu est Dieu, il a le droit de faire les choses comme il les pense, il n’a pas de compte à nous rendre. Il s’agit donc d’aller voir si Dieu ne s’est pas manifesté de façon toute spéciale « sous Ponce-Pilate » plutôt que « sous Pompidou » ! Même si, heureusement, il continue à se manifester aujourd’hui en accomplissant parfois de merveilleux miracles, telle la guérison d’une religieuse qui a permis récemment la béatification de Jean-Paul II.

5 Moi, la résurrection, je ne peux pas y croire. Je trouve que la réincarnation est plus logique et fait davantage envie.

C’est en effet une croyance qui permet entre autres d’expliquer l’inégalité des hommes à la naissance. On dira par exemple que la trisomie d’un enfant vient du fait qu’il a contracté une souillure lors d’une existence antérieure et que ce handicap va lui permettre de s’en purifier et de se réincarner plus tard dans un meilleur corps. C’est une croyance qui séduit aussi parce qu’elle affirme que personne ne rate sa vie définitivement : réincarné dans une bête sauvage, Hitler est sans doute en train de se rendre compte que la violence n’est pas la solution idéale !

Mais Jésus ne tient pas ce langage. Il nous dit que l’existence humaine est dramatique, qu’il n’y a pas de session de rattrapage. Il nous dit aussi que c’est pour chacun de nous qu’il a donné sa vie, que nous comptons personnellement pour lui et qu’il désire sauver notre âme et notre corps.

6 Puisque vous croyez que la résurrection des corps n’aura lieu qu’à la fin des temps, vous êtes obligés de penser qu’en attendant les âmes des défunts vivent dans un état anormal, sans leur corps ?

On se trouve là devant un autre mystère. C’est pourquoi, au XIVe siècle, certains chrétiens se sont demandé si nos défunts étaient vraiment heureux, s’ils jouissaient déjà de la vision de Dieu. C’est le pape Benoît XII qui a tranché la question en rappelant que, dès la mort, les âmes allaient au ciel, au purgatoire ou en enfer et que celles qui s’en allaient au ciel y jouissaient immédiatement du bonheur infini de contempler la splendeur de Dieu et de vivre en pleine communion avec les anges et les saints du paradis.

7 Mais alors, je ne vois pas ce que vous espérez de mieux à la fin des temps !

Comme Dieu est infiniment bon et puissant, je n’ai aucun mal à imaginer qu’il nous prépare une magnifique surprise. Quand je vois l’ingéniosité avec laquelle il a pensé l’organisation d’une ruche, je n’ai aucune difficulté à entrevoir que la liturgie du ciel sera vraiment sensationnelle. Une chorale sans aucune fausse note, avec des instruments de musique dont nous n’avons pas la moindre idée. Je rêve, c’est vrai, mais le ciel sera, j’en suis sûr, infiniment plus fantastique que nos rêves les plus fous.

Pour aller plus loin : 

guide des difficultés de la foi catholique, Pierre Descouvemont,

Le Cerf, 2009, vivement le paradis !., Jean-Marc Bot, Ed. de l’Emmanuel, 2003

catéchisme de l’église catholique, Centurion, Cerf, Fleurus-Mame, Articles 988 à 1019.

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