FAUT-IL SE CONVERTIR À L’ÉCOLOGIE ?

5 juillet 2022

23 L1v N138 Paul Piccarreta

Décidément, le monde perd la raison ! Il suffit que le thermomètre s’affole un jour ou deux pour que les ondes soient saturées de slogans plus alarmistes les uns que les autres : le réchauffement climatique s’accélère ! La Terre brûle ! Le monde sera-t-il encore viable en 2050 ? Lili Sans-Gêne ne pollue pas plus que quiconque et ne tient pas forcément à vivre sur une planète transformée en fournaise. Elle aimerait surtout que les écologistes de tout poil la laissent vivre comme elle l’entend !

LE DÉBAT ENTRE LILI SANS-GÊNE ET PAUL PICCARRETA

Paul Piccarreta est le cofondateur et le directeur de la revue Limite et des éditions de l’Escargot.

Vous ne parlez que de réchauffement climatique, c’est du sensationnalisme ! On dramatise, alors que la Terre a connu des périodes de glaciation et de réchauffement tout au long de sa longue histoire !

Paul Piccarreta Effectivement, la terre a connu au cours de ses 4,6 milliards d’années des périodes de glaciation observables aujourd’hui par les géologues. Grâce aux carottes de glace, on peut remonter jusqu’à 800 000 ans ! Les scientifiques observent des périodes symétriques qui viennent et s’en vont avec la régularité d’une horloge. La nouveauté, c’est que le changement qu’ils constatent depuis 1850 est d’une rapidité inédite. On est entrés dans une période d’instabilité historique, jamais perçue autrefois. La Terre se réchauffe plus vite qu’elle ne le devrait. Bien trop vite pour que le vivant puisse s’adapter. Cela produit des déséquilibres majeurs, dont les premiers touchés sont les paysans, les pêcheurs et tous ceux dont le travail dépend de la santé de la Terre. Cela pose deux questions : quelle est la cause de cette accélération et que faire pour l’endiguer ? À vrai dire, il me semble que la seconde est la plus importante, il y va de la possibilité d’une vie authentiquement humaine sur terre !

Acheter bio, prendre le train, vivre à la campagne avec un grand jardin… Dans le fond, l’écologie ne concerne que ceux qui en ont les moyens.

Il faut peut-être commencer par définir ce qu’est l’écologie. L’écologie est une science, celle qui étudie les interactions du vivant, l’interdépendance des éléments présent dans la biosphère. C’est aussi une philosophie de l’homme, dans le sens où le mot « écologie » est construit à partir du terme grec oikos, qui veut dire foyer, maison. Que l’on prenne la première ou la seconde définition, on en revient toujours au même : ce n’est pas le choix du bio, du train et d’un carré de campagne qui changera quoi que ce soit à ce que nous vivons. L’écologie authentique appelle à un changement radical de paradigme, à une vie moins artificielle sur tous les plans. Le reste (le bio, le train et la campagne) suivra nécessairement. L’enjeu, encore une fois, est que nous puissions tous vivre une vie authentiquement humaine sur cette terre. Une vie où chacun puisse manger à sa faim les produits de la Terre, et non ceux de l’industrie pharmaceutique, comme le prévoient certains géants de l’agro-alimentaire. Le paradigme actuel rend presque impossible le choix d’une vie simple. Ceux qui peuvent se l’offrir sont aussi ceux qui vivent de week-ends à Marrakech, de séminaires d’entreprise à Genève ou de safaris en Afrique du Sud. Il faut inverser cette tendance, faire que les pauvres et les plus modestes puissent avoir accès à une vie saine.

Il paraît que les chrétiens ont des choses à dire sur l’écologie. Et moi qui pensais que la foi se résumait à croire en Dieu et s’aimer les uns les autres…

Saint Augustin a écrit quelque part – je ne sais plus où ! – des mots que je trouve magnifiques : « Qui n’aime pas la création n’aime pas le Créateur. » C’est un peu comme si vous trouviez Van Gogh génial mais pas ses tableaux. En résumé, vous ne pouvez pas prétendre aimer Dieu si vous n’aimez pas aussi ses œuvres. Les catholiques confessent, chaque dimanche à la messe, croire en un Dieu créateur du ciel et de la terre, c’est le premier verset du Credo.

Cette affirmation, comme le dit très bien le père François Euvé, doit « redéfinir la relation entre Dieu, l’homme et la nature, en se démarquant de l’anthropocentrisme moderne ». Alors oui, le chrétien est appelé à aimer son prochain, son frère et même son ennemi, mais il est appelé à les aimer sur cette Terre, ici et maintenant, dans un monde que le Créateur lui a confié. Vous remarquerez d’ailleurs que c’est dans un jardin que Dieu a créé l’homme à son image, c’est déjà un indice…

Ce que je constate, en tout cas, avec l’interdiction des moteurs thermiques, le coût de l’isolation des logements ou l’interdiction des intrants qui rendent l’agriculture moins productive, c’est que nous allons finir par vivre moins riches que nos grands-parents.

Mais c’est déjà le cas sur bien des points ! L’espérance de vie est en régression depuis quelques années en Occident, les cancers se développent, d’anciennes maladies reviennent, le confort de vie des jeunes n’existe déjà plus, la stérilité a, elle aussi, augmenté. On mange mal, on dort mal, on est mal logé, on épargne moins, on a moins de relations sociales, on cache ou on maltraite nos vieux. La liste de ce que nous avons perdu depuis 40 ans est sans fin. Dans les campagnes, l’utilisation de la voiture est moins un plaisir qu’une dépendance. C’est avant tout pour travailler que nous conduisons, pas pour faire des virées en amoureux. L’image carte postale de la bagnole fait plus de mal que de bien ! Si l’on met de côté la parenthèse des Trente Glorieuses, qui ne reviendront jamais, on peut décemment dire que le monde d’avant n’était pas plus mauvais ni meilleur que celui-ci. C’est notre croyance illusoire dans un progrès linéaire et perpétuel qui nous laisse songer à toutes ces fictions. Le bon grain croît avec l’ivraie.

La vie simple, la sobriété heureuse, je n’ai aucun problème avec ça, mais les propositions des écologistes sont encore trop liberticides !

Nous avons tous besoin de prendre un recul critique sur notre monde actuel. Prendre l’avion pour partir en week-end, prendre sa voiture pour parcourir 500 mètres en ville, vous conviendrez que cela n’a pas beaucoup de sens. En changeant un peu de mode de vie, en adoptant quelques contraintes, ce que nous perdrons d’un côté, nous le récupérerons de l’autre. Nous augmenterons même le champ de notre liberté, ce n’est pas le moindre des paradoxes.

On ne parle que des énergies renouvelables en ce moment, pourtant rien ne remplacera jamais le nucléaire en matière d’énergie propre, durable et abordable !

Le principal problème à mes yeux, c’est qu’on cherche à le remplacer ! C’est-à-dire qu’on ne veut rien changer de notre train-train énergivore. On veut pouvoir illuminer nos villes – enfin, les enseignes des magasins – à plein régime toutes les nuits et continuer d’inonder les villes et les campagnes de zones commerciales, donc de voitures – électriques, bien sûr ! Cette énergie est prétendument non polluante, ce qui est faux, et prétendument durable, ce qui l’est tout autant. Ce qu’il nous faut, c’est pourtant évident, c’est réduire, diminuer nos dépenses, repenser notre modèle, bref, comme l’a écrit le pape François : décroître dans une partie du monde.

ALLER PLUS LOIN

Limite. Revue d’écologie intégrale n° 26
« Bellamy & Ruffin débranchent le progrès », mai 2022, 112 pages, 12 €. L’idéologie du Progrès, philosophie politique qui consiste à se réjouir de toute avancée technologique, fût-elle au détriment des libertés, est-elle battue en brèche ? Le temps de sa remise en question est-il venu ? La revue Limite lance un numéro spécial dans lequel les temps électoraux sont analysés au prisme de la question progressiste. Il est temps de prendre l’appel du pape François au sérieux, et de « redéfinir la question du Progrès ».

 

 

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