Diane Tell : Qu’elle-même

11 septembre 2012

Diane Tell

 Rencontre. Rideaux ouverts ? Plus qu’un titre d’album,une philosophie de vie. Ouvrir grand les rideaux de son cœur pour laisser entrer le soleil et la vie, observer la marche du monde, la chanter et surtout, la vivre.

Propos recueillis par Emmanuelle Dancourt

De chansons délicates en comédies musicales, du jazz à l’aviation, du Canada à la France, sa vie se conjugue en musique. Sa voix pure et sensuelle nous emporte, son léger accent nous charme, ses yeux verts nous éclairent et son intériorité est plus belle encore. Pas besoin d’être un homme pour être capitaine des cœurs.

Si j’étais un homme a failli ne pas connaître le succès…

En 1979, je représente le Canada à un grand concours de chant organisé par Radio Canada. Il faut une chanson originale. Je travaille avec tout mon cœur mais suis éliminée au premier tour ! Désespérée, j’arrive en France avec cette chanson de cinq minutes, sans refrain, impossible à passer en radio. Et pourtant elle sort et elle est portée par les radios libres. Nous sommes en 1981.

Votre rapport à l’argent ?

Je n’ai jamais été riche ni pauvre, mais j’ai toujours gagné ma vie avec la musique. Parfois, j’ai dû vendre des souvenirs sur les marchés pour pouvoir acheter des cadeaux à Noël et faire mon potager pour me nourrir. L’argent est un outil de travail. Dès que j’en ai, je le dépense pour produire un spectacle ou un disque.

Vous êtes multi-récompensée (sept Felix, une Victoire de la musique…). Votre rapport au succès et à la notoriété ?

Je n’ai jamais rêvé d’être une vedette. Enfant, je m’éclatais dans un petit conservatoire canadien. Je voulais faire de la guitare et pas du violon, alors je cassais souvent mon archet le vendredi pour être tranquille le week-end ! Mes parents ont fini par comprendre.

Val d’or, joli nom pour une ville minière…

L’or symbolise toute mon enfance. L’or mais aussi l’argent, le cuivre, l’aluminium… le minerai, c’est une chance pour le travail, un désastre pour les paysages. J’ai grandi dans cet univers. Mon père, canadien, y a exercé toute sa vie comme chirurgien.

Et votre mère comme théologienne !

Elle voulait devenir religieuse mais s’est finalement mariée. Mes parents sont issus de familles chrétiennes. Ma mère, américaine, m’a beaucoup influencée. J’ai été baptisée, confirmée, j’ai fait ma première communion et je priais le chapelet tous les soirs.

Et aujourd’hui ?

Je vais parfois à la messe. Je crois en la spiritualité, en l’âme, je crois important d’avoir ses rideaux grands ouverts sur cette « affaire-là ».

Quelle enfant étiez-vous ?

Très garçon manqué. J’avais deux grands frères, alors…

Le couvent, drôle d’endroit pour aller voir sa mère…

Mes parents ont divorcé, et tout de suite elle est entrée chez les bénédictines.

Mais vous aviez 14 ans !

Elle a réalisé son rêve. Moi, je me suis émancipée très jeune. J’étudiais la musique et je vivais seule dans un appartement. Oui, c’était très bizarre d’aller la voir au couvent.

Et votre père ?

J’avais des conversations interminables avec lui, nous étions très proches. Il a épousé en secondes noces une femme prise dans une secte. Il y a un abus de pouvoir épouvantable dans les sectes au Canada ; avec la liberté d’expression, elles ont toutes le droit
de s’exprimer.
Sa mort a été une épreuve… Je ne suis pas allée à son enterrement. Ma mère non plus. La secte nous l’a interdit car nous faisions partie de sa vie passée. Je vais voir sa tombe même si je sais qu’il n’est pas là. Il est ailleurs.

Qui admirez-vous ?

Il y a des gens formidables parmi les saints ! Saint Augustin me touche. Il a vécu dans une secte et a fait les quatre cents coups avant de se convertir. Simone Weil aussi, convertie du judaïsme au christianisme. Ils ont cherché et trouvé.

La musique, c’est spirituel ?

Dans son Traité de la musique selon l’esprit de saint Augustin, Henri Davenson écrit : « J’aime le caractère spirituel de la musique et le fait qu’elle appartient non au monde matériel mais au monde invisible, silencieux, immobile, immuable, que nous, chrétiens, savons être celui de l’âme, de notre Dieu. »

Vous ressentez cela ?

Oui. « L’âme musicienne participe à la fécondité de l’esprit », dit-il encore.

Qu’avez-vous compris de la musique ?

Il n’y a pas de meilleure musique que celle que l’on crée soi-même (toujours Davenson !). Écouter de la musique c’est bien, mais le plus beau c’est de la laisser surgir de soi.

Qu’est-ce que le jazz vous apporte ?

Les standards ont des qualités mélodiques qu’on ne retrouve pas dans la pop.
Vous avez dédié un album à Boris Vian. Il savait écrire des chansons qui sonnent. Il a adapté de grands standards du jazz en français, mais n’a pas eu le temps de les chanter. J’en ai choisi quelques-uns pour faire l’album Docteur Boris et Mr. Vian.

Que lisez-vous ?

J’aime beaucoup la philosophie. Sinon je me régale avec le Journal de Léon Bloy (au Mercure de France), un grand écrivain catholique très caustique.

Êtes-vous la plus française des artistes québécoises ?

Je vis en France depuis trente ans, et au Pays Basque, à Biarritz, depuis longtemps. C’est chez moi autant que le Canada.

Pourquoi avoir passé votre brevet de pilote ?

Pour aider Air Solidarité. Cette association lève des fonds pour financer des projets créés au Burkina Faso par les Africains eux-mêmes. En neuf mois j’avais mon brevet ! Pendant quatre ans, j’ai été en mission à travers toute l’Afrique. Une goutte d’eau dans un océan de besoins.

Que dire à la petite fille que vous étiez ?

Accroche-toi, ça va rocker !

Votre plus belle réussite ?

Ne pas m’être embourgeoisée, être restée curieuse, sur le fil.

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