DANS LE DEUIL, UN NOUVEAU SOI ÉMERGE

30 octobre 2023

montagne

Se laisser aider, c’est se laisser aimer. Apprendre à perdre dans cette odyssée du deuil, pour renaître autrement, dans une odyssée de vie. Faire le deuil invite à consentir à la réalité, ressentir et exprimer, se réajuster et réintégrer sa vie. Un cheminement dont on peut devenir l’acteur pour en sortir plus grand. Une espérance vécue et partagée par Axelle Huber, auteur du livre Le deuil, cette odyssée.

PAR ANNE-CLAIRE DÉSAUTARD-FILLIOL

« Le deuil est une souffrance extrême mais je suis très heureuse de vous parler d’une odyssée. C’est une aventure. Une aventure vers soi-même, ses terres intérieures, une quête de soi. Dans l’épreuve, un nouveau soi émerge ». Touchée par le deuil de son mari il y a dix ans, Axelle Huber accompagne désormais les personnes souffrant de la mort d’un proche. Elle sort même un second livre, Le deuil, cette odyssée, paru aux éditions Mame, qui donne des clés concrètes pour s’en sortir. Tout naît du désir de transmettre sa propre expérience et ce qu’elle comprend au fil de ses accompagnements. Auparavant coach dans le domaine éducatif, elle se consacre aujourd’hui pleinement à aider les personnes à perdre. « Apprendre à perdre, dans tous les domaines, n’est pas inné. Il est bon de travailler à cela pour apprendre à s’aimer soi-même sans dépendre de l’amour de l’autre ». Le deuil a des conséquences concrètes sur le quotidien. On ne reconnaît plus son environnement car il est d’abord rempli par l’absence. Et puis l’on change soi-même. D’abord à cause de l’océan d’émotions qui nous traverse, ensuite par la nouvelle reconstruction qui s’opère.

LA QUÊTE DE SENS

« Dans ce livre, je décris les états émotionnels par lesquels on passe. Le deuil impacte toutes les sphères de la vie : physiquement, on est souvent très fatigué, psychologiquement, les sentiments de colère et de tristesse nous submergent. Le deuil atteint également intellectuellement : je peux avoir du mal à me concentrer, je vais remettre les choses à demain, ce qui peut ensuite impacter mon estime de moi. Spirituellement aussi, la quête de sens peut être ébranlée. La foi n’est pas forcément mise à mal, mais la personne endeuillée passe obligatoirement par cette interrogation du pourquoi cette souffrance. Certaines certitudes sont remises en question ». Selon Axelle Huber, le temps seul, ne suffit pas à guérir les blessures d’un deuil. C’est une odyssée dans laquelle la personne restée sur terre doit devenir partie prenante. Il y a communément cinq étapes dans le deuil, qu’Axelle propose de détailler dans son livre pour proposer des verbes d’action. La première étape, c’est celle du choc, puis la fuite en avant qu’on appelle aussi le déni. Les troisièmes et quatrièmes étapes vont voir passer les grandes émotions. « Je les ai appelés la déliquescence ». On va retrouver la colère et la révolte, puis la tristesse et la dépression. Passés ces moments de souffrance, de pertes de repères et de sens, la renaissance. L’acceptation. Intégrer en vérité, les changements. Se réajuster. Trouver du sens pour agir. Accueillir de nouvelles ressources.

« La deuxième partie de mon livre est axée sur les ressources. A la fois j’apporte un témoignage de toute cette période de renaissance, je tutoie mon lecteur, à la fois je donne beaucoup d’informations clés, de réflexions, d’outils. On se situe dans un mélange de psychologie et de spiritualité. Les deux aspects possèdent un pouvoir sur notre propre responsabilité et notre liberté de création ». Les ressources concrètes commencent par les rituels : dire au revoir. Cela passe par la cérémonie d’adieu mais pas seulement. Apprendre à perdre, quel que soit qui l’on perd ou ce que l’on perd. Cela peut être un travail, une rupture, une capacité physique… « Comment j’apprends à perdre, comment je me relève, comment j’accepte la frustration, comment je vais crier la souffrance, la culpabilité. Taper, crier, pleurer, cracher l’injustice que l’on ressent… il s’agit d’accueillir et se permettre l’expression de ses émotions. Ici, on parle d’intelligence émotionnelle.

SE PARDONNER

Dans le deuil, une étape est peu connue et pourtant fréquente : l’étape de la cabane. Aller dans sa cabane pour devenir son meilleur compagnon : descendre dans son intériorité. Accepter une partie de solitude, qui n’est pas l’isolement, pour mieux se retrouver soi-même, accueillir et traverser ses émotions ». L’étape d’après sera d’accepter d’être aidé, ou simplement réapprendre à demander de l’aide. Viendra ensuite la gratitude pour ce que l’on reçoit de l’autre dans l’épreuve. « Se laisser aider, c’est se laisser aimer », dira plusieurs fois Axelle Huber, durant l’interview. Le pardon est une ressource à laquelle on ne peut échapper. Pardonner à l’autre, se pardonner à soi-même. « Souvent dans le deuil, un sentiment de culpabilité peut naître : je me sens coupable de ne pas avoir été disponible pour l’autre. Un jour, j’ai dit un propos blessant à celui qui allait bientôt partir car j’étais moi-même fatigué… »

L’ESPERANCE DE LA RESURRECTION 

Bien sûr, tout ne se fait pas à la force du poignet. Il existe une forme d’abandon spirituel dans l’expérience du deuil. Pour les croyants catholiques, l’Espérance de la résurrection invite à l’espérance des retrouvailles dans l’éternité. La foi est alors un secours sans pareil. Les blessures vécues peuvent être offertes au Christ, dans un esprit de partage de ses souffrances subies à cause des hommes pour nous sauver par la croix. Ce livre est un trésor également pour les personnes qui viennent au secours des endeuillés. On y retrouve les « maladresses d’amour » dans ce chapitre qui commence par un passage intitulé « marcher sur des œufs ». Dans le deuil, on l’a vu, il y a ce double mouvement où l’on rejette l’autre car on pense qu’il ne comprendra rien à notre souffrance et ce besoin, quand même, d’amour et de réconfort de l’autre. « Je tente ici d’aller jeter le pont pour que les personnes en deuil puissent rejoindre et être rejointes par les autres ». Difficile mais instructive, la dernière partie touche le deuil vécu par les enfants et les adolescents. « Les représentations de la mort sont liées à la maturité et bien évidemment à l’environnement de l’enfant et de l’adolescent ». La mort n’est pas perçue ni vécue de la même manière selon l’âge, ce qui inclut des réponses différentes aux cinq étapes. Des postfaces offrent le regard des quatre enfants d’Axelle, qui ont vécu la maladie de Charcot et la mort de leur papa. Ils étaient à l’époque encore très jeunes, puisque l’aînée n’avait que neuf ans lors du décès. Des récits poignants qui permettent de partager les étapes du deuil ainsi que la reconstruction de chacun avec ses richesses et ses forces personnelles. Faire le deuil ordonne de consentir à la réalité, ressentir et exprimer, se réajuster et réintégrer sa vie.

Axelle Huber est coach et formatrice. Après son best-seller paru en 2016, Si je ne peux plus marcher, je courrai, elle publie Le deuil, cette odyssée. www.axellehuber.fr

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