« DANS LA NUIT AVEC LUI »

27 mars 2024

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Devenir mère. Derrière le « tout s’est bien passé » des textos reçus à la naissance d’un bébé se cache parfois une maman en difficulté psychique. Après le baby blues bien connu des jeunes mamans peut survenir une dépression post-partum qui dure. Rencontre avec Isaure Armanet qui nous parle d’expérience.

PAR ANNE-CLAIRE DÉSAUTARD-FILLIOL

Pourquoi ce livre ?

J’avais envie de parler aux autres mamans en leur disant qu’elles n’étaient pas seules et pas folles ! Mon objectif est de mieux faire connaître la dépression post-partum. Témoigner permet d’ouvrir la parole à d’autres femmes qui n’osent pas forcément dire ce qu’elles vivent ou ont vécu. Cela permet également à l’entourage d’être plus vigilant. Ecrire a parfois été douloureux sur le moment mais j’arrivais à faire la part des choses. Et sur le plan conjugal, ça nous a fait du bien car on a pu reparler des évènements à froid, dans l’apaisement. C’était un bon moyen de clore le sujet. Ecrire ce livre m’a aidé à guérir, à fermer la page.

Concrètement, à quoi ressemble la dépression post-partum ?

C’est un trouble psychique qui arrive le plus souvent après la naissance de l’enfant mais qui peut commencer parfois pendant la grossesse. La femme réagit mal aux bouleversements hormonaux de la grossesse ou post accouchement. Les angoisses partent généralement de la peur de mal faire, d’être une mauvaise mère. Cette peur engendre de la tristesse, du non désir et parfois des idées noires. Beaucoup de fluctuations d’humeur peuvent être très fatigantes. Les insomnies, la perte d’appétit, la perte d’envie deviennent habituelles… Fréquemment après l’accouchement, les femmes ont une période de babyblues, mais elle ne dure pas plus de quinze jours. Après ce délai, il est bon de se poser des questions.

Quel déclic permet de demander de l’aide ?

Si ça dure plusieurs semaines, il faut demander de l’aide. C’est normal pour une jeune maman d’avoir parfois des petites phases de désespoir, de se sentir désarmée par son bébé, de ne pas le comprendre, d’être fatiguée, ça arrive sans faire de dépression. Mais si c’est récurrent et installé, ce n’est pas normal. Ce sont les insomnies, les pertes de poids, la phobie d’impulsion, les idées suicidaires qui m’ont mis la puce à l’oreille. La phobie d’impulsion, c’est une réaction presque normale de la maman qui anticipe des choses terribles qui peuvent arriver à son bébé. Elle se met à avoir des pensées où elle fait du mal à son bébé, d’autres où il lui arrive des choses angoissantes. Finalement j’ai appris que c’est une réaction de protection. Le cerveau alerte et montre de quoi la maman a peur. Il faut absolument déculpabiliser !

Après votre deuxième grossesse, vous faites une nouvelle dépression post-partum. Comment cela s’est-il passé ?

Dix jours après l’accouchement, j’étais déjà hospitalisée. J’avais tellement peur de refaire une dépression que je me demande si ça n’a pas participé à revivre ça. J’avais de fortes idées suicidaires qui nous ont fait rappeler l’hôpital. Lors de la première dépression, j’ai subi, on a mis presque deux mois à savoir de quoi je souffrais alors qu’à la deuxième, j’étais actrice de la situation. Chacune des dépressions a duré quatre mois environ. Je garde ce souvenir de me dire « je vais mieux » au bout de ces quatre mois. Je pouvais enfin m’occuper de ma famille.

Ces épreuves ont-elles un effet sur le couple ?

Finalement ça nous a fait beaucoup de bien car j’étais assez complexée par rapport à mon mari qui venait d’une bonne famille, stable et solide … alors que moi je venais d’une famille un peu abîmée. Je pensais qu’il allait me quitter parce que j’étais trop fragile. Et il est resté ! Pourtant je n’ai pas seulement dû aller voir un psy, j’ai vécu l’hospitalisation, pris des antidépresseurs, eu des idées bizarres…On a été obligé de se dire les choses, de tout se dire. J’ai constaté qu’il était là et qu’il ne partirait pas ! C’était un soulagement énorme. Le voir m’accepter telle que je suis et évoluer par rapport à l’idée qu’il se faisait des troubles psychologiques nous a fait grandir tous les deux.

Spirituellement, ça vous a aidé ?

Ces deux épreuves ont été horribles à vivre mais je ne les regrette pas. Je ne voudrais pas les effacer. Je préfère ce que je suis aujourd’hui. Je pense que j’avais plein d’idées toutes faites avant de devenir mère et ces deux épreuves m’ont appris l’humilité. Spirituellement je n’ai jamais été en colère. Je ne me suis pas posé la question du « pourquoi ? » qui aurait pu me rendre encore plus triste. Je continuais à prendre la communion. Durant la 2e grossesse, on se doutait qu’il y avait une fragilité, on avait beaucoup prié Padre Pio. On a fait une neuvaine à Padre Pio à qui on avait promis de rendre visite s’il nous soutenait. Pendant cette 2e dépression j’ai découvert que le Christ était là. Je savais que je n’étais pas abandonnée. J’ai beaucoup réfléchi au Christ, à Gethsémani, sa nuit à lui. Dans la détresse de ma dépression, de la peur de mourir, de l’envie de mourir, j’étais avec Jésus. Après l’épreuve, nous sommes allés en Italie avec nos enfants devant la dépouille de Padre Pio, un moment inoubliable. La dépression post-partum, c’est très dur à vivre, mais ça passe !

 

 

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