CROIRE EN DIEU, UNE DOUCE ILLUSION ?

5 janvier 2021

17 L1v N121 P Biju-Duval

Dieu présent de toute éternité, le péché originel, la traversée de la mer Rouge, Jésus et ses miracles, la résurrection… Faut-il vraiment croire à toutes ces histoires pour avoir la foi ? Peut-on croire sans naïveté en un Dieu si lointain ? Est-il vraiment entré dans l’histoire des hommes ? Puis-je, moi aussi, faire sa rencontre ?

LE DÉBAT ENTRE LILI SANS-GÊNE ET MGR DENIS BIJU-DUVAL

Prêtre du diocèse de Dijon et membre de la communauté de l’Emmanuel, Mgr Denis Biju-Duval enseigne la théologie de l’évangélisation à l’Université pontificale du Latran à Rome.

J’ai lu la Bible et, franchement, s’il fallait adhérer et croire à tout ce que l’on y raconte, non merci !

Tout d’abord, félicitations ! Si tu as lu ses 1 500 pages en petits caractères, tu as fait preuve d’une persévérance peu commune… Toutefois, comment l’as-tu lue ? Seule ou en t’aidant de commentaires ? C’est que, vois-tu, le sens de ces textes n’est pas toujours évident. Il est composé de tant de « genres littéraires » différents : récits, poèmes, paraboles, descriptions apocalyptiques… Bref, la lecture de la Bible appelle tout un travail d’interprétation et de compréhension que l’on ne peut pas affronter tout seul.
La Bible est inspirée par Dieu qui, par elle, nous parle vraiment, mais elle n’est pas le fruit d’une dictée divine au mot à mot où tout serait à prendre littéralement au pied de la lettre.
Prenons un exemple : on ne comprend bien un livre de famille qu’à la lumière de la mémoire de ses membres, en particulier les plus anciens. De même, on ne comprend bien la Bible qu’à la lumière de la méditation, de la prière, de la réflexion séculaires de l’Église (et avant elle, du peuple d’Israël). C’est ce qu’on appelle la Tradition de l’Église.

Cette histoire de rencontre entre Dieu et les hommes, de Dieu « fait homme », c’est quand même une jolie fable, non ?

Non pas une jolie fable, mais une « Bonne Nouvelle » : c’est le sens étymologique du mot « évangile ». Au cœur de tout, il y a cette question : la venue du Christ en ce monde, sa mort, sa résur- rection, son salut offert à tous les hommes, tout cela s’est-il vraiment produit, oui ou non ? Si cela s’est vraiment produit, alors ça change tout pour tout le monde !

« Faut-il être un “initié” pour tout comprendre à la foi chrétienne ? »

« Non, c’est tout simple : Dieu nous aime, nous sommes importants à ses yeux, il nous appelle à bâtir l’amour autour de nous. »

Cette Bonne Nouvelle est portée par des témoignages irréfutables et les innombrables détails historiques et géographiques vérifiables et vérifiés dont sont remplis les évangiles résistent à la critique historique.
Un événement sans pareil s’est produit et continue de se produire partout où des chrétiens, des saints, manifestent ce même amour, ce même don sans limite, comme Mère Teresa : une marque de fabrique qui ne peut remonter qu’à Dieu…

Si Dieu nous a faits à son image, il est un drôle de modèle ! Heureusement que l’homme s’est amélioré grâce aux progrès scientifiques et techniques !

Je ne serais pas aussi optimiste que toi sur les pro- grès scientifiques et techniques ! Ils peuvent certes nous apporter du beau et du bon, en médecine, par exemple, mais il y a aussi un côté obscur : pol- lution, armes de destruction, manipulations géné- tiques. Ils interrogent le cœur de l’homme et sa conscience, sa capacité d’aimer l’autre et de le servir, précisément là où l’enseignement chrétien situe l’image de Dieu…

On dit que Dieu est éternel. Tout n’a donc pas commencé avec le Big Bang ?

La théorie du Big Bang n’est pas contradictoire avec l’existence de Dieu, elle lui donne même une certaine vraisemblance.
Grande explosion initiale, instant zéro avant lequel le temps n’est pas défini, il n’y aurait aucun sens à se demander « ce qu’il y avait avant », car il n’y a pas d’avant. Mais la raison humaine est ainsi faite qu’elle cherche des causes : de rien, rien ne saurait sortir, alors d’où sort donc ce Big Bang ? D’une réalité qui n’est pas dans le temps, donc éternelle ? Ce n’est qu’une théorie, une construction que d’autres découvertes pourraient un jour remettre en cause. Bref, ce n’est pas une preuve, juste une réflexion qui montre que si Big Bang il y a eu, Dieu pourrait bien en être la cause première…

Faut-il être un intellectuel, un « initié », pour tout comprendre à la foi chrétienne ?

Pour les amoureux, c’est aimer qui compte d’abord, même s’ils ont un doctorat en psychologie conju- gale. Ce doctorat les y aidera peut-être, mais aimer leur restera toujours plus simple et plus important. Pour la foi, il en est de même.

La foi chrétienne n’est pas d’abord un système compliqué, c’est une réalité de vie dont peut commencer à s’imprégner le tout jeune enfant : Dieu nous aime, nous sommes importants à ses yeux, il nous appelle à bâtir l’amour autour de nous et nous en rend capables, grâce à Jésus, avec le pardon qu’il nous redonne sans cesse. Et parce qu’il est vraiment ressuscité, il nous ouvre une destinée d’éternité, qui commence dès maintenant et qui dépasse la mort…

Dieu est tout proche, dites-vous. Pour moi, il est perché sur son nuage !

Dieu n’est pas simplement très loin ou tout proche : loin par sa grandeur, il se fait sans cesse tout proche. Dieu a ses propres manières de rencontrer chacun. Pour l’un, cela passe par le caractère convaincant de l’Évangile, et des fruits d’amour qui en pro- cèdent. Pour l’autre, c’est la beauté d’œuvres d’art inspirées par la foi qui vient toucher son cœur. Pour un autre encore, c’est la Croix de Jésus qui vient illuminer les souffrances qu’il est en train de vivre. Ce qu’il y a fréquemment de commun, c’est, d’une manière ou d’une autre, un désir, une recherche qui habite le cœur, et dans laquelle on persévère sans se décourager. Comme Blaise Pascal le faisait dire à Jésus, « tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé »…

Est-ce qu’il me suffit de croire en Dieu pour vivre heureux ?

La foi n’efface pas les épreuves communes de l’humanité : la souffrance, le deuil, les conflits, la maladie, la mort. Elle leur donne un sens, elle les transforme en chemin d’espérance, car Jésus nous rejoint avec sa Croix pour les vivre avec nous et pour que sa victoire sur le mal devienne la nôtre, dans le pardon et la résurrection.

Comment accéder à ce que vous appelez le « bon- heur éternel » ?

Ce bonheur éternel ne peut consister qu’en notre participation à la joie éternelle de Dieu. C’est que notre cœur a soif de vérité, de beauté, d’amour infini, et cela, seul Dieu peut nous le donner. Si nous ne recherchons que les bonheurs de cette vie, ils nous réjouiront peut-être un moment, mais finiront par nous décevoir, parce qu’ils sont inca- pables de nous combler totalement. De plus, ils n’ont qu’un temps.

À la recherche du bonheur éternel, ne t’arrête pas, n’arrête pas ton désir, cherche-le toujours plus loin. Un amour te réjouit ? Aime davantage, aime plus radicalement encore !

Tes forces seules ne suffiront pas à l’atteindre. Il te faudra mendier ce bonheur, l’attendre de ce Dieu qui t’aime, qui t’a créé pour lui, qui vient à ta ren- contre en Jésus, et qui t’offre le salut par sa Croix, victoire de l’Amour éternel sur le mal et la mort. Alors ton désir se transformera en ce cri : « Viens Seigneur Jésus ! »

ALLER PLUS LOIN

Dieu, l’éternité… toute une histoire
Denis Biju-Duval, Éditions Emmanuel, 2020, 150 pages, 13 €.

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