COMMENT ACCÉDER À LA VÉRITABLE PLÉNITUDE ?

1 juin 2023

Capture d’écran 2023-05-25 120422

Costanza Miriano est journaliste, mariée, et maman de quatre enfants. Autant dire que sa vocation est déjà toute tracée. Pourtant, elle se pose et nous pose une question : et si le secret de la véritable plénitude, de l’accomplissement personnel et de la perfection spirituelle, était… de devenir moine ?

PAR COSTANZA MIRIANO – EXTRAITS CHOISIS PAR ALEXANDRE MEYER

Costanza Miriano est journaliste à Rome et conférencière. Auteure de nombreux best-sellers largement traduits, elle a choisi de vivre dans un monastère invisible, adapté à la vie trépidante d’aujourd’hui.

La vie de moine ou de moniale, quelle que soit votre profession, c’est avant tout une vie spirituelle sérieuse. Une vie de foi réglée comme du papier à musique, qui unifie la personne et devient la source de chaque respiration. Les moines sont des combattants qui luttent pour placer cette vie de foi au centre de leur cœur, et l’y maintenir. Ils la placent au plus profond de leur intériorité et là, peuvent entrer en contact avec celui qui nous est le plus intime : Dieu.

Le moine n’est pas seul, il est unifié, c’est-à-dire qu’il pense, dit et fait la même chose. Cela suppose de bien se connaître ! Avoir un cœur monacal peut nous aider, à notre tour, à trouver le moyen de prier dans nos vies hyperconnectées où il n’y a aucun temps mort, où tout semble se liguer contre la méditation, l’intériorité et le silence. Si nous ne préservons pas un espace, à l’abri du bruit de fond, de nos pensées, des urgences, de la voix des autres et de notre propre voix, nous n’entendrons pas Dieu qui nous parle. Car lui, il ne crie pas.

CHANGER

Nous ne pouvons emprunter qu’un seul des deux chemins : celui du bien ou celui du mal, de la sainteté ou du péché. La majorité d’entre nous croient pouvoir s’en sortir en trouvant une voie médiane qui n’existe pas, et le vivent donc très mal. Le moine, lui, choisit sa route et ne se laisse pas entraîner par le cours des choses. Cela ne veut pas dire qu’il peut en esquiver la complexité. Toutefois, si le moine n’échappe pas à la réalité, comme chacun d’entre nous, il l’accueille avec gratitude. Il est, avant tout, reconnaissant pour ce qu’il a. Il nous arrivera d’être tentés de nous joindre à la croisade culturelle, de nous engager en faveur de telle ou telle cause, de prendre parti. Certes, il ne convient pas d’arrêter de parler quand il y a des choses à dire, d’arrêter de se lever et de combattre quand c’est nécessaire. Mais, avant tout, je dirais qu’il nous est demandé de travailler sur nous-mêmes. C’est ce que recommande saint Benoît(1) : pénétrer dans notre grotte personnelle, comme il le fit pendant trois ans avant d’écrire sa Règle. Il avait compris que celui qui se change lui-même change le monde.

Être moine, c’est prendre à bras-le-corps notre quotidien. Ce n’est pas un obstacle dans notre chemin vers Dieu mais un élément fondamental dans notre règle de vie personnelle, avec pour ambition de laisser toujours plus d’espace pour que Dieu agisse en nous. C’est se préparer aux petites morts quotidiennes, à celles plus importantes comme la maladie, une trahison, ou à la mort elle-même. Cela exige de nous fier à Dieu, d’entrer dans une autre vie, qui peut déjà commencer sur cette terre.

Il nous est demandé d’arrêter de nous rebeller, d’accueillir les nombreux appels de la réalité. Ce sont eux qui nous permettent de nous découvrir nous-mêmes. Même cette douleur, cette fatigue, cette difficulté sont un appel. Même notre quotidien, aussi peu brillant soit-il, est un appel.

Nous pouvons choisir ce que nous souhaitons faire de notre vie, parce que nous sommes faits à l’image et à la ressemblance de Dieu. Pourtant, si l’image nous est donnée gratuitement, la ressemblance dépend quant à elle de notre oui, de notre adhésion. À nous d’envisager notre vie comme quelque chose à construire, où rien ne se jette, où tout trouve sa place, s’ajuste et recommence.

SOUS LE REGARD DE DIEU

Aujourd’hui, le monachisme(2) intériorisé, comme l’appelle Paul Evdokimov(3), nous concerne tous, laïcs comme moines, et nous propose une vocation universelle. Nous, chrétiens, ne pouvons pas être moins moines que les moines ! Si nous parvenons à suivre cette manière de vivre monastique – accueillir la réalité, écouter la voix de Dieu avant la nôtre –, nous attirerons alors celui dont le cœur est dans le besoin. Tu deviens lumineux si tu t’oublies toi-même. Tu seras convaincant parce que tu assumeras la réalité. Tu dois apprendre à accepter qu’elle te guérisse là où elle te fait souffrir et te dérange.

Celui qui vit comme un moine est reconnaissable de loin : il se tient dans la lumière, le Seigneur est son centre de gravité, il ne se plaint jamais et, surtout, il ne dit du mal de personne. Être moine, c’est être pleinement sincère, se préoccuper seulement de ce que Dieu pense de nos actes et ne pas penser d’une façon ou d’une autre selon que nous sommes seuls ou en compagnie. C’est parler et agir toujours sous le regard de Dieu, lui qui lit dans nos cœurs.

 

5 PILIERS SUR LESQUELS FONDER SA PROPRE RÈGLE MONASTIQUE

1 .  La parole de Dieu

Pas besoin d’avoir la foi ou une culture religieuse pour lire la Bible. Au contraire même, celui qui croit savoir est parfois un lecteur moins fécond. Le cœur-à-cœur avec Dieu commence par la lecture. Elle est le point de départ de toute vie de foi. Il suffit d’ouvrir l’Évangile, les textes de la messe du jour ou ceux proposés par l’application Prier Aujourd’hui par exemple.

2 .  La prière

La prière est le souffle de la vie spirituelle. On ne prie pas parce qu’on est bon. On prie pour devenir bon. On prie pour que Dieu nous envoie l’Esprit Saint, qu’il nous apprenne à prier, à aimer véritablement. Être moine, c’est comprendre que ce n’est pas le monde qui est méchant, mais que c’est nous qui devons changer. Et nous changerons si nous demandons à Dieu de nous changer grâce à la prière…

3 . La confession

Si nous la comprenions véritablement, la confession pourrait changer notre vie de façon puissante et définitive. Le confesseur sauve le monde, une personne à la fois. La confession établit un diagnostic, elle te dit sur quel front tu dois travailler. Elle t’aide à mettre de l’intelligence et de la méthode dans ta vie spirituelle.

4 . L’Eucharistie

Aller à la messe, c’est se mettre en position d’attente. C’est créer un espace de disponibilité pour la rencontre. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi, je demeure en lui.» Ceux qui laissent Dieu demeurer en eux se reconnaissent, tout simplement car on est bien avec lui.

5 . Le jeûne

Limiter la nourriture est une pratique commune à toutes les religions. Elle fait sentir à l’homme son besoin d’être comblé. Le manque libère ainsi dans le cœur un espace que nous pouvons remplir amplement avec Dieu. Le jeûne fait beaucoup plus que maigrir : il confère la liberté du cœur et la paix.

 

(1). Le père du monachisme occidental, mort vers 547, fondateur de l’ordre bénédictin.

(2). Le mode de vie et de spiritualité des moines et moniales.

(3). Paul Evdokimov (1901-1970), théologien orthodoxe

 

POUR ALLER PLUS LOIN

Petit manuel d’imperfection spirituelle

Costanza Miriano, Mame, 2023, 176 pages, 15,90 €.

FAIRE UN PAS DE PLUS

avec Découvrir Dieu

Posez-nous toutes vos questions de foi. Des personnes se tiennent disponibles pour dialoguer avec vous.

Vous souhaitez échanger avec un chrétien ou confier une intention de prière.

Trouvez une église dans votre région ou votre ville.

recevez un encouragement par semaine avec souffle

Souffle est une newsletter proposée par découvrir dieu

Vous aimez lire

Renseignez votre adresse email ci-dessous
Vous recevrez ainsi chaque mois L’1visible gratuitement dans votre boîte mail