Liberté intérieure, vie éternelle, joie d’une Rencontre. Il s’agit de l’histoire vraie d’un condamné à mort. Une conversion dans une cellule qui fait passer des ténèbres à la lumière. Rencontre avec celui qui fait revivre cette histoire, des théâtres aux prisons, Fitzgerald Berthon.
PAR ANNE-CLAIRE DÉSAUTARD-FILLIOL
Fitzgerald Berthon, formé à l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique (ESAD) de Paris incarne sur scène l’histoire vraie de Jacques Fesch, un condamné à mort dans les années 1950. Habité par un sentiment de colère et d’injustice, il croise le regard de Dieu et attend la Rencontre, à l’heure de sa mort. Entre calme et combat intérieur, entre danse et silence, le spectateur plonge dans la découverte de la liberté intérieure, bien plus grande que celle que l’on côtoie quand on est libre de ses faits et gestes. « Pour moi ce spectacle est une annonce, un témoignage rendu vivant par le théâtre et par la danse. J’avais une grande volonté d’interpeler. Offrir comme un choc, une espèce d’onde qui passe, une radicalité par la sobriété et l’intensité », partage l’acteur, après une représentation devant des lycéens.
Dans un décor à la ressemblance du vide d’une cellule, le spectateur est absorbé par l’intériorité du détenu. Cette pièce, jouée depuis un an et demi dans les écoles, les théâtres et les prisons touche par les thèmes sensibles et existentiels qu’il aborde : la peine de mort ou encore l’enfermement physique et psychologique. « J’ai pressenti qu’il y aurait quelque chose d’universel dans ce spectacle. L’intuition de départ, c’est qu’il fallait que j’aille le jouer devant des prisonniers d’aujourd’hui. Le témoignage le plus dingue suite à une représentation, c’est une personne détenue, qui, quelques semaines après avoir vu ‘Dans 5 heures’, a dit à son aumônier qu’il était coupable et a voulu se confesser. Il aurait dit : l’histoire de cet homme, c’est la mienne ». Hasard ou Providence, Fitzgerald connaissait l’histoire de Jacques Fesch depuis son enfance, étant né dans la même ville que lui, sa propre mère ayant été scolarisée dans la même école que la fille de Jacques Fesch, qui connaîtra très peu son père. De l’indignation à la foi, la transformation de cet homme se joue dans un espace de quelques mètres carrés. Difficile d’interpréter un tel personnage ? « Parfois, ça coule de source, parfois, c’est compliqué. C’est le mystère du théâtre. Il y a des représentations où je pleure, je suis touché par le Seigneur dans ce que je transmets. Hier à la fin, durant le chant du Miserere, j’ai pleuré devant les détenus. Je suis vraiment dans la foi. Quand je récite ‘dernier jour de lutte’, je me dis, ça y est, c’est maintenant, je vais mourir et c’est vertigineux ! ».
Fitzgerald confie vivre le passage des ténèbres à la lumière quand il joue. L’Espérance. Au-delà de l’univers carcéral, l’enjeu est plus large, sortir de ses prisons intérieures. « Il faut avoir l’humilité d’appeler le Seigneur à l’aide. Parfois de crier vers Dieu comme dans les psaumes. Plus on est bas, plus l’amour du Seigneur est puissant. L’histoire de mon personnage est la pire des situations et pourtant il sera connecté à Dieu. Avec ce projet, j’ai envie que des gens loin de la foi, en colère, déçus, puissent avoir accès à la façon dont le Christ peut changer une vie ». Loin de ne faire que du théâtre missionnaire, l’acteur Fitzgerald Berthon souhaite enrichir son expérience de projets multiples et collectifs. En préparation notamment, un opéra destiné aux plus jeunes mis en scène par Julie Depardieu, ‘Une petite flûte’, au théâtre des Champs-Élysées et en tournée.
