Les Évangiles sont-ils crédibles ?

1 mars 2018

15_Lee Strobel

Les Évangiles, rédigés après la mort de Jésus, sont-ils fiables historiquement ? sont-ils crédibles, malgré leurs contradictions ? les évangélistes étaient-ils des idéologues ? Jésus a-t-il cru être le fils de Dieu ?

Débat entre Lili Sans-Gêne et Lee Strobel.

Les Évangiles ont été rédigés très longtemps après la vie de Jésus. Il est évident qu’ils ont été enveloppés de légende et déformés, faisant passer Jésus du statut de maître de sagesse à celui de Fils de Dieu.

Les spécialistes, même dans les milieux les plus libéraux, font habituellement remonter Marc aux années soixante-dix, Matthieu et Luc aux années quatre-vingt et Jean aux années quatre-vingt-dix. Mais regardez : ça ne dépasse pas encore la durée de vie des différents témoins de la vie de Jésus, y compris celle des témoins hostiles qui auraient servi de contrepoids si de faux enseignements avaient circulé à propos de Jésus. Par conséquent ces dates tardives ne sont pas si tardives que ça. Prenons une comparaison très instructive. Les deux biographies les plus anciennes d’Alexandre le Grand ont été écrites par Arrien et par Plutarque plus de quatre cents ans après la mort d’Alexandre en 323 av. J.-C., et pourtant les historiens les considèrent comme globalement dignes de confiance. Oui, une part de légende s’est bien développée avec le temps à propos d’Alexandre, mais seulement au cours des siècles qui ont suivi ces deux écrivains. Autrement dit, les cinq premiers siècles ont gardé l’histoire d’Alexandre à peu près intacte, et la part de légende a commencé à émerger dans les cinq siècles suivants. Donc, que les Évangiles aient été écrits soixante ou trente ans après la vie de
Jésus représente un laps de temps négligeable, en comparaison. Il n’y a pratiquement pas de quoi en faire un débat.

L’objectif de démonstration théologique des évangélistes les a poussés à défendre leur idéologie, au détriment de la vérité historique.

Il est certain qu’il faut, comme pour tout document idéologique, envisager cette possibilité. Certains, agissant dans un but intéressé, déforment l’histoire à des fins idéologiques. On en a malheureusement conclu que c’est toujours le cas, ce qui est une erreur. Dans le monde antique on ignorait la notion de récit historique impartial et objectif, dépourvu d’intention idéologique, avec l’unique but de rapporter des événements. Personne n’écrivait l’histoire s’il n’y avait rien à en apprendre. Prenons une comparaison plus récente. Certains, en général dans un but antisémite, nient ou minimisent les horreurs de l’Holocauste. Or ce sont les érudits juifs qui ont créé des musées, écrit des livres, conservé des objets et recueilli des témoignages directs sur l’Holocauste. Pourtant, ils l’ont fait dans un but très idéologique, qui est de s’assurer que de telles atrocités ne se reproduisent plus jamais. Cela ne les a pas empêchés d’être fidèles et objectifs dans leur description de la vérité historique. Le christianisme est, de même, fondé sur certaines affirmations historiques disant que Dieu est entré, d’une manière unique, dans l’espace et le temps en la personne de Jésus de Nazareth. L’idéologie même que les chrétiens essayaient de répandre exigeait donc un travail historique des plus soignés.

Jésus lui-même n’a jamais affirmé qu’il était Dieu. C’est l’Évangile de Jean, le plus tardif, qui a enjolivé les choses en s’éloignant de la vérité historique.

C’est vrai que dans les trois autres Évangiles, le thème de la divinité de Jésus est davantage sous-entendu, mais on l’y trouve. Pensez au récit de la marche de Jésus sur les eaux, en Matthieu 14, 22-33 et Marc 6, 45-52. La majorité des traductions occultent le grec en faisant dire à Jésus : « N’ayez pas peur, c’est moi. » En réalité, le grec dit littéralement : « N’ayez pas peur, je suis. » Ces deux derniers mots sont les mêmes que ceux que prononce Jésus en Jean 8, 58, quand il prend à son compte le nom divin « JE SUIS », par lequel Dieu s’est révélé à Moïse dans le buisson ardent d’Exode 3, 14. Jésus se révèle donc lui-même comme celui qui a le même pouvoir sur la nature que Yahvé (c’est-à-dire « Je Suis »), comme Dieu est appelé dans l’Ancien Testament. De plus, Jésus prétend pardonner les péchés dans les synoptiques, ce que seul Dieu peut faire. Par ailleurs, Jésus accepte la prière et l’adoration. Il dit : « Quiconque se déclare pour moi, je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. » Il existe dans les synoptiques de nombreux passages relatifs à la divinité du Christ, sujet qui devient simplement plus explicite dans l’Évangile de Jean.

La résurrection est un concept mythique développé au fil des siècles au fur et à mesure que des légendes auraient parasité les récits de témoins oculaires de la vie du Christ.

Avant d’avancer une telle accusation, il faut bien garder à l’esprit que les livres du Nouveau Testament ne sont pas rangés par ordre chronologique. Les Évangiles ont été écrits après la presque totalité des lettres de Paul, dont le ministère épistolaire a sans doute débuté vers la fin des années quarante. La plupart de ses grandes lettres sont apparues dans les années cinquante. Pour rechercher des informations plus anciennes, on prend les épîtres de Paul et on se demande si on y trouve des signes d’utilisation de sources antérieures. On trouve que Paul y a incorporé des credo, des professions de foi ou des hymnes en usage dans l’Église chrétienne la plus ancienne. Ces incorporations remontent jusqu’à l’aube de l’Église, peu de temps après la résurrection. Parmi les affirmations de foi, on trouve Philippiens 2, 6-11, qui parle de Jésus dont « la condition était celle de Dieu », et Colossiens 1, 15-20, qui le décrit comme étant « l’image du Dieu invisible » qui a créé toutes choses et par qui toutes choses ont été réconciliées avec Dieu « en faisant la paix par le sang de sa croix ». Ces passages sont bien significatifs de ce dont les premiers chrétiens étaient convaincus à propos de Jésus.

Oui mais Paul ne parle pas de la véracité historique de Jésus.

Chez Paul, Jésus historique se trouve dans 1 Corinthiens 15, où Paul utilise un langage technique pour indiquer qu’il est en train de transmettre une tradition orale sous une forme relativement codifiée. « Je vous ai transmis avant tout, ce que j’avais aussi reçu : Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures ; il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures, et il a été vu par Céphas, puis par les douze. Ensuite, il a été vu par plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont encore vivants, et dont quelques-uns sont décédés. Ensuite il a été vu par Jacques, puis par tous les apôtres » (1 Corinthiens 15, 3-7). Voici ce que cela veut dire, en clair : si la crucifixion se place dès 30 ap. J.-C., la conversion de Paul se situe vers 32. Tout de suite après, Paul a été conduit à Damas, où il fait connaissance avec un chrétien s’appelant Ananias et quelques autres disciples. Sa première rencontre avec les apôtres à Jérusalem remonterait environ à 35 ap. J.-C. Quelque part entre ces deux dates, Paul a reçu ce credo qui avait déjà été formulé et se trouvait en usage dans l’Eglise naissante. Vous avez donc ici l’essentiel des faits concernant la mort de Jésus pour nos péchés, plus une liste détaillée de ceux à qui il est apparu ressuscité, le tout remontant à une fourchette de deux à cinq ans après les événements proprement dits ! Il ne s’agit pas d’une mythologie tardive survenue au bout de quarante ans ou plus, comme le suggèrent certains. Il est aisé de soutenir que la foi chrétienne dans la résurrection, quoique encore orale, peut être datée de moins de deux ans après l’événement proprement dit.

Les évangiles sont bourrés de contradictions les uns par rapport aux autres, ça ne joue pas en faveur de leur fiabilité.

C’est vrai, en de nombreux points, les Évangiles paraissent se contredire. Pourtant, je suis convaincu que les Évangiles sont mutuellement très cohérents selon les critères de l’Antiquité qui seuls permettent de porter un jugement équitable. Par ailleurs, « il y a suffisamment de discordance pour démontrer l’absence de connivence entre eux, et en même temps un tel accord sur le fond, que cela montre qu’ils étaient tous les narrateurs indépendants d’un même grand compte rendu », disait Simon Greenleaf de la faculté de droit de Harvard.

 

Lee Strobel, est titulaire d’une maîtrise de droit de la faculté de droit de Yale. Il a été pendant treize ans journaliste d’investigation au Chicago Tribune et dans d’autres quotidiens. Ses travaux lui ont valu de nombreux prix. Cet ancien incroyant exerce aujourd’hui un ministère pastoral d’enseignement dans la banlieue de Chicago. Il est l’auteur de nombreux ouvrages spirituels.

Le livre : JÉSUS L’ENQUÊTE par Lee Strobel, Éditions vida.

Le film : JÉSUS L’ENQUÊTE, retrouvez les horaires près de chez vous et toutes les informations sur le film : www.jesuslenquete.fr

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