Nouvelle école pour les enfants, nouveau boulot, déménagement… la rentrée est souvent synonyme de changement, et donc d’inquiétude. Frère Charles-Marie, chanoine prémontré à l’abbaye Saint-Martin de Mondaye, nous donne quelques clés pour vivre une rentrée sereine et stimulante.
PROPOS RECUEILLIS PAR LA RÉDACTION L’1
La rentrée est souvent synonyme de stress et d’appréhension, notamment à propos du travail et de l’école. Comment l’aborder sereinement ?
Il est tout à fait légitime que la rentrée soit accompagnée de stress et d’appréhension ! La nouveauté est en général plutôt inquiétante. Commençons déjà par admettre qu’on puisse être un peu inquiet et stressé, et ne culpabilisons pas de nos inquiétudes. C’est un premier pas important. Il faut considérer chaque épreuve – qu’elle soit grande ou petite, et la rentrée peut en être une – pour reconsolider nos propres fondations. L’épreuve est un merveilleux lieu d’abandon. C’est une des meilleures occasions de notre vie pour se rendre compte qu’on est vulnérable, qu’on ne peut pas tout faire tout seul, qu’on a besoin de Dieu.
Concrètement y a-t-il une technique, pour se décentrer de soi-même ?
Une manière un peu détournée de le faire pourrait être de se concentrer sur ce qui est de l’ordre de la gratuité. La gratuité n’est pas ce vers quoi le monde nous oriente malheureusement… parce que ça ne rapporte pas d’argent, ça ne crée pas de bénéfices et ça n’intéresse pas grand monde. Mais c’est dans la gratuité qu’on peut véritablement s’épanouir. Essayons par exemple de goûter au caractère irremplaçable du temps perdu en famille, entre amis. Prenons le temps de nous promener avec nos proches, de nous engager dans une cause qui nous tient à cœur. Dans la gratuité, on se détache de notre intérêt personnel, et de ce qui nous angoisse. Dans nos monastères, cette « perte de temps » est considérée comme fondatrice.
Quelle bonne habitude peut-on prendre dès la rentrée pour commencer sur le bon pied ?
N’ayons pas peur de nous servir de nos agendas ! Il faut s’organiser pour savoir quand passer du temps avec sa femme, son mari, ses enfants, ses amis. Prenons le temps de soigner notre vie de famille, et notre âme. Le mot d’ordre est « anticipation ». Cela vaut aussi et surtout pour notre vie intérieure. On constate tous qu’on a rarement le temps de prier. Comme dit Romano Guardini, « en général, l’homme n’aime pas prier. » Personne ne se plaint de ne pas avoir le temps de râler (rires). On a toujours le temps de râler mais rarement celui de prier. C’est dommage… ! N’ayons pas peur de mettre la méditation dans notre emploi du temps. Si on débute, pas d’inquiétude : prenons le temps de faire un simple signe de croix, ou bien prions en même temps qu’on fait ses lacets, par exemple.
Si on veut confier notre rentrée à Dieu, que peut-on lui dire dans notre prière ?
Tout ! Dans notre vie à chacun, il n’y a rien qui n’intéresse pas Dieu. Il ne faut pas craindre de Lui raconter ce qui nous traverse, ce qui anime notre cœur. Nos soucis sont les soucis de Dieu. Il faut demander et remercier, sans honte.
Qu’est-ce qu’une nouvelle année peut apporter socialement, spirituellement, familialement ?
Elle peut être l’occasion d’être à fond dans nos engagements, de se relancer de la meilleure manière. Par exemple, ne faisons pas la course à l’engagement. A la rentrée, on est souvent sollicité pour s’engager dans une nouvelle activité, un nouveau groupe, un nouveau sport… il ne faut pas avoir peur de dire non. De cette façon, on se permet d’être bon, et pleinement engagé là où on est. Il peut s’agir notamment de la vie de famille. Soyons présents à nos enfants, à nos parents et grands-parents.