Une semaine dans le silence. Le programme de C8 a invité 6 célébrités à vivre dans un monastère, au rythme des prières des moines. Introspection, découvertes et fous rires que nous partage Fabienne Carat.
INTERVIEW RÉALISÉE PAR ANNE-CLAIRE DÉSAUTARD-FILLIOL
Comment avez-vous vécu cette semaine « hors connexion » ?
Sur le moment, il y a eu des hauts et des bas, comme pour tout le monde. C’est surtout le fait d’être face au silence qui est perturbant au début. Quand on arrive dans sa chambre, il est 20h, on se dit que la soirée sera longue, mais comme on doit se lever à 6h du matin, au final, il vaut mieux écourter la soirée ! De mon côté, je lisais la Bible. J’avais apporté un petit chauffage qui faisait un peu de bruit. J’ai aussi écrit une chanson à ma fille Céleste. Cela me permettait d’être un peu avec elle. On pouvait aussi faire des vidéos face caméra. C’était finalement un moyen de me parler à moi-même. J’ai senti les énergies évoluer tout au long de la semaine.
Sans contact avec l’extérieur, comment avez-vous géré l’absence de nouvelles ?
Pour faire face au manque de nos proches, Père Baudoin et Sœur Catherine nous ont conseillé de remettre nos problèmes à Dieu et de lui confier nos proches. On se retrouvait pendant une semaine, face à l’absence de nouvelles. On ne pouvait ni en donner ni en recevoir. Cette retraite, c’était comme si tout s’arrêtait. J’ai pris conscience qu’il y a des contraintes dans la vie qui sont en fait des libertés ! Il y a aussi des choses pour lesquelles je ne trouvais pas de solutions et pour lesquelles j’avais la sensation de tourner en rond. Me concernant, beaucoup de choses se sont résolues après cette retraite. Plein de dilemmes, des choses qui m’embêtaient ont trouvé solution. Le fait d’apprendre à se reconnecter à l’Amour m’a beaucoup aidé. Depuis, certains évènements qui déçoivent ou qui font de la peine sont plus faciles à accueillir sans souffrir. Je parviens à laisser glisser les choses sur moi. Je me suis aperçue que les fardeaux dont la vie nous débarrassent quand on lâche prise laissent place à de meilleures choses qui nous correspondent davantage.
Qu’est-ce qui vous a paru le plus difficile durant cette semaine ?
L’absence de communication avec les autres. Quand je voyais un copain, une copine qui n’allait pas très bien, le plus dur était de ne pas pouvoir aller leur parler, leur poser des questions. Mais le silence, ce n’était pas le plus dur pour moi car ça enlève une sorte de paranoïa. Quand on rentre dans sa cellule le soir, on ne se dit pas, est-ce que j’ai fait une boulette aujourd’hui, est-ce que j’ai dit quelque chose de travers à quelqu’un, est-ce que quelqu’un est en train de parler sur moi à son chéri au téléphone ? On est tous remis à un rang d’égalité, comme si on avait un uniforme. Ça m’a un peu soignée parce que j’ai toujours eu du mal à m’intégrer au groupe. Là-bas, le silence nous rendait égaux. J’ai compris qu’il faut laisser le silence agir pour laisser parler la vie. Plus il y a du silence, plus on laisse place à des solutions, plus on laisse la place à Dieu pour venir nous parler et nous aider. Dans le silence, on se construit plus.
Qu’est-ce que vous a surpris ?
Un petit signe. Un jour, nous sommes sortis faire une randonnée dans la montagne jusqu’à une croix qui était située au sommet. Je n’avais pas de place pour monter vers la croix car il y avait déjà des personnes devant. J’essaie de me faufiler car on ne peut pas parler, on ne peut pas dire, pardon, je veux passer ! Et là je me cogne la tête sur la croix ! J’étais un peu sonnée. J’ai pris ça pour un message de Dieu qui me disait ‘vas-y, prends ta place, arrête de t’excuser d’être là !’ J’ai toujours eu un sentiment d’exclusion et là ça m’a réveillée.
On vous voit vous poser beaucoup de questions sur les attentes des autres envers vous-même et le jugement que vous portez sur vous-même, vous citez même une phrase du frère Baudoin prononcée dans la montagne : ‘le plus dur c’est de se laisser aimer comme on est mais pas comme on voudrait que les autres nous voient’. Qu’avez-vous appris sur vous-même ?
La clé de tout, c’est de s’aimer soi-même et de se faire aimer comme on est. De s’accepter comme on est. Je me compare à La Belle au bois dormant car j’ai dû dormir très longtemps pour attendre mon prince charmant ! Quand on est aimé comme on est et qu’on n’a pas l’habitude car on est toujours critiquée, qu’on est habituée à se remettre en permanence en question, ça fait très bizarre !
Vous parlez de votre fille, née comme par l’opération du Saint-Esprit. Pourquoi voyez-vous cette naissance comme un cadeau de Dieu ?
Je ne pouvais pas avoir d’enfants et je suis tombée enceinte par hasard. Je n’avais pas d’histoire amoureuse avec l’homme de qui je suis tombée enceinte. Au début, je ne voulais pas la garder car je pensais qu’il fallait être deux pour la garder. Mon compagnon ne le souhaitait pas. Finalement, je me suis dit, c’est mon corps, c’est ma vie et la garder était plus en adéquation avec la personne que j’étais. Je fais toujours confiance à la vie et je l’ai accueillie avec bonheur, même si c’est dur parfois. Pour moi, cette naissance est une intervention divine !
Des choses dans votre vie ont-elles changé après cette expérience ?
Tout a changé ! Avant cette retraite, j’enchainais les galères. J’avais un problème d’appartement, j’ai trouvé un locataire. J’avais des problèmes administratifs qui se sont réglés les uns après les autres. Amoureusement, j’étais avec une personne qui habitait dans le sud, avec qui c’était compliqué. Il est parti de lui-même. Et trois semaines après cette rupture, j’ai rencontré mon égal, celui qui m’aime comme je suis. Ma tête est libre depuis cette retraite.
Quelle était votre foi avant de rentrer au monastère et a-t-elle évolué ?
J’étais juste baptisée, je priais sans trop savoir ce que je faisais lorsque j’allais à des évènements. Ça m’arrivait avant de parler à Dieu. Quelque fois je lui demandais de l’aide.
Aujourd’hui je crois davantage en Dieu, je crois en Jésus qui a donné sa vie pour racheter les bêtises des hommes. Maintenant, je me sens plus à l’aise dans une église. Je suis même allée à la chapelle quand j’ai fait mon spectacle. Je suis allée prier car j’étais complétement aphone. Je ne vais pas à la messe tous les dimanches mais j’aime aller dans des églises. Vu ce qui s’est passé dans ma vie depuis cette retraite, il y a radicalement un avant et un après. Et j’ai décidé de faire baptiser ma fille !
Est-ce que vous envisagez de retenter l’expérience loin des caméras un jour ?
Pourquoi pas ! Avec ces participants-là, c ’était tellement chouette ! En tous cas, c’est un saut dans le vide qui conduit à une vraie transformation. Je le conseille vivement à ceux qui hésitent. Le père Baudoin et sœur Catherine étaient vraiment présents pour nous aider.
RENCONTRE AVEC SOEUR CATHERINE, ACCOMPAGNATRICE SPIRITUELLE DANS « BIENVENUE AU MONASTÈRE »
A quoi ressemble une semaine de retraite avec des célébrités ?
C’était une semaine de retraite particulière car les personnes accueillies sont connues notamment dans la téléréalité. Malgré le fait qu’il y ait des caméras, nous avons tenu, le frère Baudoin et moi-même, à faire vivre une vraie semaine de retraite dans ce lieu magnifique du monastère de Corbara. La journée complète était en silence sauf le temps de 20 minutes quotidiennes consacrées aux échanges avec les retraitants. J’avais la chance de ne connaître aucun d’eux, ce qui m’a permis d’être neutre. Rapidement, les retraitants ont plongé dans l’esprit de la retraite. Le poster de vie, que l’on réalise au début de la semaine, les a encouragés à s’ouvrir complètement.
Quels sont les bénéfices d’une retraite ?
Je pense qu’un temps de mise à part, c’est un temps qui peut changer une vie. C’est un temps où on plonge dans son intériorité. Nous ne sommes plus à l’extérieur de soi et nous retrouvons celui qui est au centre de notre intimité, qui est Dieu. Une retraite est un temps où on s’arrête pour entendre Celui qui est plus grand que nous. Peu importe que l’on soit chrétien ou même croyant, on a tous une intériorité. La retraite est pour tous ! Je pense que tous les participants ont reçu quelque chose de grand et profond. Ils étaient très souvent, presque tous, à tous les temps de prière !
Quand, dans la vie, est-il opportun de faire une retraite ?
Aujourd’hui tout va si vite qu’on a besoin de se retrouver soi-même. Cela peut faire peur mais on est accompagné. Je vais vous donner mon exemple : j’ai redécouvert la présence du Christ lors des Journées Mondiales de la Jeunesse à Rome en 2000. Après ça, un appel à la vie consacrée bataillait dans mon cœur. J’étais comme sur un rond-point sur lequel je restais sans pouvoir prendre de direction. J’ai réalisé une retraite de Saint Ignace qui me permettait de poser un oui ou un non et d’avancer dans ma vie ! Cette retraite de 5 jours, qui n’a pas forcément été facile, justement à cause du silence ou de la profonde intériorité dans laquelle cela nous plonge, m’a permis de saisir que c’était là que Dieu m’attendait ! Je n’ai jamais regretté mon choix un seul instant. Cette décision prise au regard de Dieu est comme l’ancre d’un bateau qu’on va poser au fond et qui restera stable malgré les tempêtes qu’il peut y avoir à l’extérieur.