THÉO CURIN, HÉROS DE HANDIGANG : « CE QUI COMPTE, C’EST DE DONNER DE L’AMOUR »

2 mai 2022

TOURNAGE "HANDIGANG"
REAL : Stephanie Pillonca
©JEAN-PHILIPPE BALTEL / 3EME OEIL / TF1
Lyon,FRANCE-AOUT-SEPTEMBRE 2021

SA DIFFÉRENCE, C’EST SA FORCE

Champion handisport, nageur de l’extrême, mannequin, chroniqueur télé et désormais comédien… Théo Curin partage l’affiche du dernier film de Stéphanie Pillonca avec une autre célèbre débutante : la rayonnante Alessandra Sublet. Handigang, diffusé le 2 mai en prime time sur TF1, suit la trajectoire d’une bande de copains plus attachants les uns que les autres, presque tous porteurs d’un handicap, bien décidés à aller au bout de leur bras de fer avec le directeur du lycée pour défendre les droits de leur ami Sam…

PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE MEYER

La vie de Théo Curin a basculé en 2006. À l’âge de 6 ans, on lui découvre une méningite bactérienne. Son pronostic vital est engagé. Seule solution : l’amputer des quatre membres. Il va devoir réapprendre à marcher, s’habiller, manger, écrire, nager… Moins de dix ans plus tard, il participera aux Jeux paralympiques. Depuis, il enchaîne les records : vice-champion du monde du 100 et 200 m nage libre, il termine un half Ironman en 2017 et traverse à la nage le lac Titicaca – 108 km, 3 800 m d’altitude – en totale autonomie. Une première mondiale.

As-tu été intimidé de te retrouver devant la caméra ?

C’est un rêve qui est devenu réalité. J’ai saisi cette opportunité en me disant qu’il n’y en aurait peut-être pas mille… Un prime sur TF1, le premier rôle, c’était complètement fou ! Le message me touchait personnellement, c’était tout bénef’, il fallait y aller !

Tu te voyais défendre un jour un film en faveur de l’inclusion des personnes handicapées ?

Je savais que ce rôle me permettrait de faire bouger les choses, mais je ne veux pas devenir le porte-parole des handicapés. Je trouve dommage de ranger les gens dans des catégories. Le monde est déjà assez compliqué comme ça ! Ce n’est pas parce que je suis handicapé que j’ai le droit de parler du handicap. Je trouve cela encore plus fort qu’une personne valide en parle. Il est bon de s’entraider. Si l’on parvient à former une équipe tous ensemble, ce sera encore plus fort.

À vingt ans, tu avais déjà accompli des exploits que bien peu de personnes valides seraient capables d’accomplir. Pourquoi cette course aux records ? C’est une forme de revanche sur la vie ?

Je ne cherche pas à prendre ma revanche car je n’en veux pas à la vie. Mon livre s’intitule La Chance de ma vie (Flammarion, 304 pages, 19,90 €). La chance de ma vie, c’est tout ce dont elle est remplie : être accompagné par des gens aimants autour de moi, mes parents, ma sœur, mes amis… J’ai eu beaucoup de chance, car sans eux je ne serais personne. La chance de ma vie, ce sont toutes les opportunités qui s’ouvrent à moi. De m’être rendu compte que la vie peut basculer du jour au lendemain. Quand tu as pris conscience de cela, tu ne vis plus du tout de la même manière.

Je suis sorti de l’hôpital en faisant la promesse de tout vivre à 100 000 %. Aujourd’hui on pourra me reprocher de faire trop de choses, mais c’est là que je m’épanouis. Je serais triste d’avoir des regrets. Je n’ai aucun regret.

« J’ai cette force de ne prendre que le positif »

De quoi es-tu le plus fier ?

Du jour où j’ai remarché pour la première fois avec mes prothèses, à sept ans. Elle est là, ma plus grande fierté. Même si je devais décrocher un très grand rôle au cinéma, ce ne serait qu’un simple plaisir. Ma plus grande fierté, c’est d’avoir su rebondir avec mes proches.

Tu as battu tes records « au nom de ceux qui n’osent pas ». Comment dire à ceux qui nous liront : « Allez-y, osez ! » ?

En leur prouvant que c’est possible. Ma plus grande phobie, c’était l’eau et j’ai fini par traverser le lac Titicaca à la nage. Je suis devenu comédien sans faire d’école ni venir d’une famille d’artiste. Pourtant je ne suis pas un surhomme. Si j’y arrive, tout le monde peut le faire.

À la condition de suivre un entraînement de malade !

Il faut faire des sacrifices, c’est clair. Tout ne tombe pas du ciel. Pour accomplir ma traversée, dans les Andes, Je me suis entrainé cinq fois par semaines et j’ai fait de nombreux stages intensifs… On a quand même failli y passer trois ou quatre fois !

Le film bouscule notre conception d’une humanité efficiente, efficace, stéréotypée…

Le film nous prouve surtout que Sam et ses amis sont capables d’accomplir des choses extraordinaires !

… Et d’échouer, aussi !

Comme les valides ! Les valides aussi échouent dans ce qu’ils entreprennent. Certains rêves ne se réaliseront pas mais ce n’est pas grave. Il faut se demander : « Que veux-tu faire d’autre ? » Il y a tant de choses à faire.

Tu dis souvent que nous avons tous des problèmes. Il faut relativiser ?

Un pépin peut nous arriver à tous, n’importe quand. Mais nous avons tous la capacité de rebondir. Pour ma part, j’ai connu la maladie. Pour d’autres, ce sera un accident, la perte d’un proche ou un divorce, mais je suis persuadé que l’on peut tous rebondir. Pour certains, cela prendra plus de temps que pour d’autres. Le piège, selon moi, c’est de se dire que l’on n’a pas le droit de se plaindre parce qu’untel vivrait pire que soi. C’est la pire des idées. Ça ne sert à rien de se comparer.

TOURNAGE "HANDIGANG" REAL : Stephanie Pillonca ©JEAN-PHILIPPE BALTEL / 3EME OEIL / TF1 Lyon,FRANCE-AOUT-SEPTEMBRE 2021

« Ce qui m’a le plus rassuré à l’hôpital, c’est de voir mes parents avec autant d’amour dans les yeux, en dépit de ce qui était en train de se passer. »

Tu nous surprends tout au long du film par ta débrouillardise, ta « dextérité » – si l’on peut s’exprimer ainsi. Qu’est-ce que tu ne sais pas faire ?

Aujourd’hui, j’arrive à tout faire tout seul. Pas de la même manière que toi, mais ce n’est pas ce qui compte. Que je ne mange pas de la même manière que toi ou que je ne fasse pas mon omelette comme toi, on s’en fout ! Le plus important, c’est la finalité. Il faut reconnaître que se donner les moyens de sa mobilité est très dur. Le handicap coûte cher, on n’est pas assez aidé là-dessus.

Si tu devais donner un conseil à quelqu’un que le handicap met mal à l’aise, que lui dirais-tu ?

Le mieux, c’est de perdre le plus vite possible ses préjugés. Dès que l’on a une question concrète à poser à un handicapé sur sa différence, il faut la lui poser. Comme ça, tu n’y penses plus, tu ne resteras pas focalisé sur tes interrogations. « Comment tu fais pour séduire une fille, fermer ta braguette, aller aux toilettes ? » Ces questions-là, on me les pose tous les jours ! Une fois que tu as répondu, le handicap disparaît. Il faut oublier le handicap le plus vite possible, s’intéresser à la personne, à ce qu’elle fait, à ce qu’elle défend.

Tu parles beaucoup d’amour dans tes conférences ou les reportages qui te sont consacrés…

Ce qui compte, c’est de donner de l’amour. C’est essentiel. L’amour est l’une des choses les plus importantes à mes yeux. Sans amour, je ne ferais pas tout ce que je fais aujourd’hui. Ce qui m’a le plus rassuré à l’hôpital, c’est de voir mes parents avec autant d’amour dans les yeux en dépit de ce qui était en train de se passer. Ton enfant remonte du bloc, il lui manque un membre, il a des cicatrices sur tout le corps, tu pourrais le regarder avec dépit, avec tristesse et pourtant mes parents m’ont toujours regardé avec fierté. C’est ça qui m’a motivé.

Stéphanie Pillonca est l’une des rares réalisatrices à savoir montrer la nature comme elle est, sans mentir, avec tendresse et bienveillance.

J’aimerais qu’on se regarde dans les yeux avec autant de bienveillance, qu’on se dise les choses vraiment, avec moins de filtres. Ça changerait tout. Au début, je souffrais beaucoup du regard des autres. Je me suis demandé comment j’allais faire pour supporter cela toute ma vie. Puis tu t’habitues et tu ne fais plus attention aux regards méchants. Je suis devenu plus attentif aux marques de bienveillance. Elles font beaucoup de bien. J’ai cette force de ne prendre que le positif.

Quel est le rêve de Théo Curin ?

Au-delà du cinéma, de la télé et du sport, c’est de transmettre ces valeurs-là à une famille, des enfants, une femme. C’est un rêve… à plus long terme !

SON FILM

Handigang

Réalisé par Stéphanie Pillonca avec Alessandra Sublet, Théo Curin et Christophe Héraut.

Le film casse les idées reçues sur le handicap, montre la réalité sans fard, avec tact et bienveillance. Il bouleverse notre rapport à la différence, l’apprivoise. Le charisme ravageur de Théo Curin n’y est pas pour rien, ni son talent, très prometteur…

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