Rencontre. Mary Pierce parle avec un délicieux accent américain mais son cœur de championne de tennis bat en France. Et depuis quelques années, sa vraie patrie, c’est le ciel ! Rencontre avec l’ex-3e joueuse mondiale.
Propos recueillis par Ariane Warlin
En juin 2000, Mary Pierce gagne le tournoi mythique de Roland-Garros. Ce que le public ne sait pas, c’est que quelques mois plus tôt, en mars, elle a choisi de donner sa vie à Dieu. Pour la championne, c’est le début d’une renaissance. Depuis, elle est heureuse et en paix avec elle-même. Et n’a plus peur du vide. Rencontre avec une femme qui sait saisir la balle au bond et ne reste pas en fond de cours sur les questions essentielles.
Vous dites que pour vous, il y a quelque chose qui vient de Dieu dans votre talent pour le tennis ?
Oui, c’est vrai, j’en suis convaincue. J’avais dix ans la première fois que j’ai touché une raquette. J’avais accompagné une de mes amies, et une dame m’a demandé si je souhaitais jouer. Tout de suite, les coaches ont été étonnés : ils pensaient que je jouais depuis plusieurs années, ils ne voulaient pas croire que cela ne faisait que quelques minutes que je jouais. À l’époque, je voulais être pédiatre, mais Dieu avait d’autres projets pour moi et pour ma vie. Je crois que mon talent pour le tennis est un don de Dieu !
Quels souvenirs gardez-vous de vos tournois de tennis ?
Je suis très honorée et très heureuse d’avoir pu remporter certaines victoires (Open d’Australie en 1995 et Roland-Garros en 2000, ndlr). Je suis très reconnaissante vis-à-vis du public, qui m’a toujours encouragée, aussi bien en France qu’aux États-Unis ou ailleurs. Toutefois, il me manquait quelque chose, j’avais un sentiment de vide…
Pourtant, vous aviez tout pour être heureuse : du succès, de l’argent…
C’est vrai, les gens me disaient que j’avais de la chance… Quand je leur confiais qu’il me manquait quelque chose, ils me répondaient que j’étais folle, puisqu’à leurs yeux j’étais comblée. Puis un jour, j’ai discuté avec une Américaine qui était très différente de toutes les autres joueuses. Elle m’a parlé du Christ, et m’a demandé si j’avais une relation personnelle avec lui. Je n’avais jamais entendu parler de cela. J’ai grandi dans la religion catholique, et je croyais en Dieu, je priais… mais je n’avais jamais réalisé qu’il était possible d’avoir une relation personnelle avec Jésus. Cette amie m’a aussi demandé si je croyais au ciel et à l’enfer. Elle m’a dit que je pouvais avoir l’assurance d’avoir la vie éternelle, ce cadeau gratuit du Seigneur… autant de choses qui parlaient vraiment à mon cœur. C’était comme si ça répondait à des désirs profondément enfouis en moi… Je savais qu’elle avait dans sa vie ce qui manquait à la mienne.
Qu’avez-vous fait alors ?
En mars 2000, j’ai vraiment compris que le péché dans ma vie me séparait de Dieu, que je vivais loin de Lui et que j’étais perdue… Je me suis repentie, j’ai donné ma vie à Jésus. C’est alors que j’ai expérimenté ce que la Bible appelle « la nouvelle naissance ». Ma vie a été transformée. Puis, en 2005, j’ai rencontré un jeune chrétien qui m’a parlé de l’Île Maurice, de chrétiens là-bas, et m’a invitée. Ça m’a vraiment donné envie d’y aller, ce que j’ai fait fin 2005. Et en effet, là-bas j’ai vécu des choses très fortes qui ont beaucoup parlé à mon cœur. J’ai eu le sentiment d’être arrivée « à la maison ». J’ai vu des personnes données entièrement à Jésus, et qui vivaient vraiment l’Évangile ! Ça m’a beaucoup touchée. En 2008, j’ai décidé d’habiter là-bas, d’en profiter pour suivre des cours bibliques, m’engager davantage dans l’Église et faire tout ce que je n’avais pas eu le temps de faire quand j’étais sur les courts de tennis. Je suis aussi partie en Afrique, où j’ai eu l’occasion de découvrir quelques associations humanitaires.
Qu’avez-vous appris à cette occasion ?
Entre autres, j’ai appris à pardonner. Mon cœur était très dur. En particulier, j’avais beaucoup de haine vis-à-vis de mon père. Il a été très exigeant, et même s’il a fait ce qu’il pensait être le mieux pour moi, mon enfance n’a pas toujours été facile. J’ai compris lors de ma conversion qu’il était important de me repentir et de pardonner. J’ai trouvé la force de pardonner à mon père, et à d’autres. J’ai remis ma vie en ordre. Sans Dieu, cela aurait été impossible. Depuis ce moment-là, je suis heureuse, en paix avec Dieu et avec moi-même.
À quoi ressemble votre vie aujourd’hui ?
Ma vie est simple et je vis ma foi dans la liberté ! J’aime Jésus de plus en plus et mon désir est de lui plaire. Je suis engagée dans l’Église et je participe à beaucoup d’activités quand cela m’est possible, car je voyage beaucoup. En parallèle, j’entraîne deux jeunes Mauriciens : un garçon de 14 ans et une fille de 16 ans, qui sont frères et sœurs. J’ai beaucoup de joie à le faire et je le fais de tout mon cœur. Je voyage souvent avec eux pour les accompagner lors de leurs tournois.