Infertilité. De plus en plus de couples souffrent de ne pas avoir d’enfant. La fertilité est une alchimie mystérieuse où le psychisme et le désir jouent un rôle fondamental. Pourquoi ne pas tenter de décoder ce que dit l’inconscient à travers le corps ?
4 clés pour : Sortir de l’infertilité
1 Ouvrir un espace de parole avec un psychothérapeute. Un couple en désir d’enfant aura tout à gagner à explorer ce qui se joue en chacun des conjoints, au cœur de ce symptôme de l’infertilité. Il faut pour cela oser aller regarder ce qui mijote dans le « chaudron », c’est-à-dire dans l’inconscient : il est formé et rempli par toutes les expériences vécues depuis la plus tendre enfance, dans notre famille. Expériences positives, négatives ; pulsions de vie, de mort, de haine, etc. Quand cela bouillonne trop fort, l’inconscient fabrique des symptômes, sans que le lien soit apparent entre ce qui a été vécu et ce qui se vit aujourd’hui.
Le simple fait d’aller « voir » ce qui se passe modifie profondément la donne, permet de découvrir son histoire personnelle sous un angle nouveau et de dénouer certains nœuds. Dans le travail de psychothérapie, les mots sont comme un levain dans la pâte : le fait d’avoir le courage de parler permet que quelque chose se bouge et que, là où se trouvaient des nœuds, ça se desserre. La tension lâche, des fils se dégagent. Une parole déposée chez un autre change la place des blessures éprouvées.
2 Ne pas tout miser sur l’arrivée potentielle d’un enfant. Il n’y a rien de plus douloureux ni de plus destructeur pour un couple que de se focaliser exclusivement sur l’objectif d’avoir un enfant, en se persuadant qu’on sera heureux le jour où ce désir aura abouti… Ce « vide » permet de faire d’autres choses, qui, si elles ne remplacent pas la joie d’un enfant, peuvent permettre au couple de s’épanouir, d’avoir une vie heureuse et féconde, autrement. C’est pourquoi il est indispensable de se lancer ensemble dans d’autres projets, de voyager, se tourner davantage vers les autres, etc. C’est aussi le meilleur moyen d’être dans la vie… et potentiellement d’accueillir la vie. Trop de couples ont tendance à oublier que l’essentiel c’est l’amour qu’ils se portent et que leur premier enfant, c’est leur amour, à entretenir, à faire croître, etc.
3 Ne pas se focaliser sur la solution médicale. Si l’inconscient a de bonnes raisons d’empêcher la procréation – devenir mère ou père – le médical peut, parfois, non pas réparer la situation mais au contraire renforcer, par de nouveaux symptômes, l’opposition du corps à la procréation. Ainsi, il est fréquent que les personnes développent, au cours du parcours d’Aide Médicale à la Procréation (AMP), de nouveaux problèmes de santé qui rendent parfois définitivement impossible l’accès à la fertilité. Mieux vaut sans doute prendre le temps d’interroger son histoire personnelle avant de se lancer dans un éventuel parcours d’AMP. Il ne faut pas non plus minimiser les souffrances morales et physiques lourdes qu’entraîne cette démarche médicalisée (l’AMP).
4 Se laisser du temps. Au sein des équipes d’AMP, on s’étonne souvent qu’un couple a priori infertile, ayant eu recours aux Fécondation In Vitro, finisse, au bout de plusieurs échecs, par donner la vie le plus naturellement du monde, sans que personne y trouve d’explication. Donner la vie est souvent une question de ne pas s’acharner, de se laisser du temps, de prendre soin de soi et de son conjoint…
Joëlle Desjardins-Simon
Psychanalyste et psychologue clinicienne, elle exerce dans un service d’Assistance Médicale à la Procréation depuis quinze ans. Elle accompagne des couples en désir d’enfants dans leur attente et leur réflexion.