Une force « incontrôlée », des « moments d’extase suivis de chutes vertigineuses »… les expériences vécues par Nelly Gillant, ex maître Reiki, étaient sans appel ! Des esprits mauvais avaient envahi sa vie au point de l’épouvanter. Aujourd’hui convertie, elle témoigne.
PAR ANTOINE LEMAIRE
Quelles étaient les raisons initiales, la motivation de votre plongée dans le monde des esprits ?
Quand j’étais enfant, ma sœur, ma mère et un de ses amis tiraient les cartes. Il y avait des horoscopes, des livres ésotériques à la maison. Le monde de la fascination était déjà présent autour de moi. Quand j’avais 9 ans, ma mère s’est suicidée. Ce fut un choc et un drame. Dans mon cœur d’enfant, j’ai toujours su qu’il y avait un monde après la mort. Je pensais que tout ce qui venait de l’au-delà était forcément bon et divin. Quand ma mère est morte, j’avais envie de continuer à dialoguer avec elle. Je ne savais pas comment m’y prendre. Avec l’aide de personnes de mon entourage, j’ai plongé dans le monde des esprits. Or, quand on ouvre une porte vers ce monde, elle s’ouvre en grand ! C’était sans intention de faire le mal, mais on ne se rend pas compte des répercussions.
Pouvez-vous nous décrire ce qu’est le Reiki, cette pratique dont vous étiez passée maître, au point de l’enseigner ?
Le Reiki est une pratique japonaise introduite par un moine tibétain qui avait le don de guérison. Elle consiste en une imposition des mains pour guérir et soulager. Mais on y mêle les chakras, les symboles. Il y a différents niveaux, qui commencent avec une initiation. D’abord on se purifie soi-même, puis on finit par le transmettre et l’enseigner. Nos énergies deviennent soi-disant plus puissantes. Souvent le Reiki ne se contente pas de donner une énergie curative, et la médiumnité s’en mêle. D’autres portes s’ouvrent. Et des esprits s’immiscent subtilement. La personne qui subit les soins se sent bien instantanément. Donc elle revient.
Quelles manifestations concrètes de ces esprits ont éveillé en vous le doute ?
J’avais atteint la fin du Reiki. Mais ma quête ne s’arrêtait pas là. J’ai essayé d’autres pratiques, aux énergies très puissantes. Il suffisait que j’impose les mains sur quelqu’un et je sentais la personne trembler, avoir des convulsions, crier… c’était spectaculaire. Je ne maîtrisais plus la force qui venait en moi. Je rentrais dans des moments d’extase incroyables suivis de chutes absolument vertigineuses. Tout cela m’a mis en doute. Ce que je voyais commençait à me soulever le cœur. Je sentais que des choses bizarres et dangereuses se produisaient en et autour de moi. J’ai vu de nombreux signaux d’alarme. J’ai pris peur.
Quelles ont été les étapes de votre conversion ?
J’ai beaucoup prié à genoux la Vierge Marie de mon enfance. Je lui demandais de m’aider dans ma relation avec ma fille. Je me suis rendue à des rencontres bibliques. Là, c’était comme si j’ouvrais un trésor, comme si je découvrais la sagesse et la vérité. Pourtant, un verset me froissait : « Jésus est le seul médiateur entre Dieu et les hommes ». J’ai supplié Dieu de me dire la vérité. Une nuit, une voix m’a dit « Jésus est le seul et l’unique, mon fils bien aimé, il n’y en aura pas d’autre après lui. Confesse-le de ta bouche que c’est ton Seigneur et ton Sauveur et convertis-toi. » C’était une voix d’autorité – la voix et la réponse que je cherchais – mais elle n’était pas autoritaire. Elle ne me forçait pas à me convertir. J’ai d’abord suivi Jésus par le protestantisme. Mais j’ai décidé d’aller faire une retraite dans un couvent. C’était une abbaye catholique. Les protestants considèrent les catholiques comme des idolâtres. Je me disais que je ne me laisserais pas avoir par eux ! Là-bas, j’ai entendu la voix que j’avais déjà entendue. Elle me disait : « Qui es-tu pour juger mon église ? Ces femmes sont là de leur plein gré, en adoration pour moi. C’est un avant-goût du Ciel sur la terre. » J’ai réalisé que l’Église du Christ était là. Je n’ai pas accueilli cela d’un coup sans difficultés. J’ai vécu un combat d’acceptation. Il y en a un qui ne voulait pas que j’aille là, c’était le démon.
Quelle a été la différence entre la voix de Dieu et celles des esprits qui vous habitaient auparavant ?
La voix du démon est toujours très susurrée, très douce, très mielleuse. Elle est flatteuse et va chercher ce qui pourra vous mettre en avant. Il réveille les rêves les plus secrets, attire vers quelque chose que l’on désir. Contrairement aux esprits que j’invoquais par le passé, la voix de Dieu était tranchante de vérité, difficile. Mais j’étais libre de la suivre ou non. Il y avait une grande liberté malgré l’autorité.
Comment avez-vous justifié votre conversion à vos anciens clients ? Et comment abordez-vous le regard qu’ils portent sur vous maintenant que vous êtes catholique ?
Je ne l’ai pas justifiée. J’ai seulement exprimé le bonheur que je ressentais. J’ai beaucoup prié pour que ma conversion serve à rétablir la vérité face aux pratiques que j’exerçais auparavant. J’ai commencé à dire ce que j’avais vécu à travers mes témoignages. J’étais beaucoup plus adulée quand je faisais du yoga et de la médiumnité qu’aujourd’hui. Mais l’amour du Christ et ce que j’ai reçu est beaucoup plus fort, plus beau. Et j’ai besoin de le partager.
Que direz-vous à votre fille pour qu’elle ne tombe pas là où vous êtes tombée et pour qu’elle suive le Christ ?
Je lui dirai d’abord merci. Car c’est elle qui m’a ramené à la vie réelle. Je lui dirai ensuite que la magie est un monde fascinant, intriguant, comme la gloire et la célébrité. On peut être extrêmement tenté d’y aller. Mais je lui dirai de se méfier car tout ne sera qu’illusion. Cette illusion-là pourra l’amener, comme n’importe quelle drogue, vers l’enfer. Je lui dirai de toujours se souvenir de la foi de son baptême, que le Christ la conduira vers le chemin du bonheur. Mais le chemin du bonheur n’est pas celui que l’on vend dans la spiritualité merveilleuse. Le chemin du bonheur est un chemin escarpé.