Les grands calvaires bretons, visités chaque année par plusieurs milliers de touristes, français comme étrangers, sont des œuvres architecturales uniques et emblématiques de la Basse-Bretagne. Construits entre 1450 et 1650, pour la plupart œuvres d’anonymes, les calvaires sont avant tout des ouvrages narratifs – de véritables livres de pierre – qui racontent la vie de Jésus Christ depuis sa Nativité jusqu’à sa Résurrection.
TEXTE ALEXANDRE MEYER, AVEC LE SOUTIEN PRÉCIEUX DE JUSTINE DEROUAULT– PHOTOS ASSOCIATION DES 7 CALVAIRES MONUMENTAUX DE BRETAGNE – SPECTACULAIRES
Conscientes de la richesse de cet héritage ancien de plus de 400 ans, les communes de Guéhenno, Saint-Jean-Trolimon, Pleyben, Plougastel-Daoulas, Guimiliau, Saint- Thégonnec Loc-Eguiner et Plougonven, toutes possédant un grand calvaire, se sont rapprochées et associées en 2005 avec l’objectif commun d’assurer la conservation, la valorisation et la promotion de ce patrimoine unique. À gauche, le calvaire de Guéhenno. À droite, le calvaire de Saint-Thégonnec.
« En Bretagne, la plus humble croix de carrefour a son histoire, sa légende et son rôle dans la vie de la paroisse », disait le chanoine-architecte breton Jean-Marie Abgrall. L’analyste érudit et passionné de l’architecture religieuse de Basse Bretagne, mort en 1926 à Quimper, ajoutait : « Une vénération plus grande s’attache aux calvaires en raison de l’importance de leurs sculptures. »
Le calvaire de Guimiliau, édifié entre 1581 et 1588, qui compte plus de 200 personnages, illustre la culture rurale de son époque.
LE SAViEZVOUS ?
LE MONT DU CALVAIRE (« DU CRÂNE », EN LATIN) OU GOLGOTHA, EN ARAMÉEN, APPELÉ AINSI EN RAISON DE SA FORME, EST UNE ANCIENNE COLLINE DE JÉRUSALEM OÙ JÉSUS DE NAZARETH FUT CRUCIFIÉ.
Ces monuments de granit portent le témoignage de l’âge d’or de la Bretagne. Au cours de cette période, le commerce maritime et l’industrie toilière fondent le socle d’un enrichissement de la population. Dès lors, cette prospérité est réinvestie dans des œuvres dédiées au culte envisagé comme une promesse de salut lors du jugement dernier. La richesse d’un territoire se mesurait aux proportions toujours plus impressionnantes données à ces œuvres. Les ornements et le nombre de personnages qui composent le calvaire sont le plus sûr marqueur de la richesse d’une paroisse à l’époque. Ils font généralement partie intégrante d’un ensemble appelé enclos paroissial ou placître, dans lequel cohabitent une église, un mur d’enceinte, un ossuaire, et un calvaire trônant au centre.
DES TRAITS UNIQUES
Les grands calvaires de Guéhenno (dans le Morbihan), Saint-Jean-Trolimon, Pleyben, Plougastel-Daoulas, Guimiliau, Saint-Thégonnec Loc-Eguiner et Plougonven (situés dans le Finistère) se distinguent des calvaires moyens par l’importance du massif de maçonnerie de granit qui forme leur ossature, massif qui supporte, dans la plupart des cas, deux zones superposées de scènes sculptées ayant trait à l’enfance, à la vie et à la Passion du Christ ; le tout surmonté d’un crucifiement.
Les calvaires monumentaux possèdent des caractéristiques typiques, ce qui permet de les rassembler et de les regrouper sous un seul et même ensemble. Pour autant, chacun des sept calvaires présente ses propres traits uniques, selon le ou les sculpteurs qui en sont à l’origine.
TÉMOINS DE LA FERVEUR RELIGIEUSE
L’intérêt porté à ces monuments s’explique par leur histoire et leur caractère unique. Edifiés entre le XVe et XVIIe siècle, ils sont les témoins exceptionnels de la prospérité de toute une région et de la ferveur religieuse qui animait les populations. Cette piété est ainsi à l’origine d’innombrables constructions qui jalonnent le pays et constituent aujourd’hui une spécificité à part entière du patrimoine culturel breton.
EN DÉTAIL :
LE PATRIMOINE CULTUREL BRETON, UN FACTEUR D’IDENTITÉ
Le territoire regorge d’édifices et de monuments religieux : cathédrales, églises, chapelles, enclos paroissiaux… On décompte dans la région pas moins de 20 000 croix et calvaires ! Les calvaires, par leur nombre et leurs qualités, représentent des œuvres caractéristiques et emblématiques de la Bretagne. Ils sont même uniques à cette région si l’on considère exclusivement les grands calvaires, appelés aussi calvaires monumentaux. Malgré le temps et les aléas de l’histoire, les calvaires ont toujours constitué le principal point d’ancrage de la vie quotidienne des habitants, de la sortie des messes aux mariages, anciens comme nouveaux. Ils attirent aujourd’hui encore tous les types de publics que le monde contemporain leur offre, de la population locale qui en fait un lieu de passage ou de convivialité et qui se rassemble pour les cérémonies de la vie liturgique ou familiale, aux touristes pressés ou attentifs.
L’ASSOCIATION DES 7 CALVAIRES MONUMENTAUX DE BRETAGNE
À travers ses projets, l’association porte l’ambition d’assurer la connaissance et la transmission de l’histoire et d’assurer le rayonnement du patrimoine breton.
Dans le but de rendre accessible ce patrimoine sacré au plus grand nombre, l’association a lancé en 2010 l’événement « Quand les calvaires s’illuminent… ». Ces spectacles sons et lumières innovants, employant les dernières technologies en matière de projection d’images monumentales, permettent aux spectateurs d’admirer ces édifices revêtus de leurs habits multicolores, tels qu’ils devaient l’être à l’époque de leur construction. En effet, polychromes à l’origine, ces monuments ont perdu leurs couleurs au fil du temps.
Cet événement a vocation à favoriser la valorisation d’un patrimoine emblématique de la Bretagne, classé Monuments historiques. Depuis sa création en 2010, ce sont près de 200 000 visiteurs qui ont assisté à ces spectacles polychromiques et ont ainsi pu découvrir ces œuvres monumentales parées de leurs plus beaux atours.
POUR ALLER LOIN
www.7calvaires.fr