Il est parti sans faire de bruit, mais son héritage a marqué des centaines de personnes. Henry est décédé le 3 septembre 2025, il était le Président de L’1visible. Ses mots, ses projets et ses combats nous disent quelque chose du ciel. Il fait partie de ces ‘fêlés’, ces Hommes qui laissent passer la lumière.

PAR ANTOINE LEMAIRE

Il n’est pas certain qu’Henry aurait aimé qu’on parle de lui dans le journal. Il est passé discrètement et s’est retiré avec humilité. Profondément humain dans ses échanges et ses actions, il a laissé la foi éclairer chaque aspect de sa vie. Un regard doux, une voix posée et un air souvent rieur, parfois malicieux. Une écoute attentive, une parole aiguisée et parfois un peu piquante, avec souvent le mot juste. Henry était un homme un sociable, un homme présent à ce qu’il faisait. Parler avec lui revenait à vivre un instant un peu différent de l’ordinaire, à accepter d’être surpris. Il avait de la conversation, le sens de l’anecdote, er toujours le mot pour rire, aurait dit un célèbre espion français … Parler avec Henry, c’était lancer un sujet maîtrisé, se perdre en chemin, le voir rattraper la discussion, la pimenter à sa façon, et la terminer sereinement, en ayant écouté, puis en ayant instruit. Il avait l’inquiétude de transmettre. Une discussion avec Henry n’était jamais un moment perdu ou un temps gaspillé. C’était un instant à deux, partagé pleinement et dont on se souvient.

Cette intériorité et son sens de l’écoute lui ont permis d’accomplir de belles œuvres. Ses engagements nombreux étaient liés par deux fils conducteurs : la foi et le leadership.

La foi comme lien

En 1989, alors qu’il est responsable logistique des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMO de Saint-Jacques de Compostelle, Henry rencontre des jeunes femmes orthodoxes venues d’au-delà du rideau fer. Une vingtaine d’années plus tard, avec sa femme Cécile, ils ont l’idée de faire venir des orthodoxes de Russie à un festival marial en France. Dès lors, le projet d’échanges réguliers avec une paroisse de Saint-Petersbourg s’impose à eux. De cette rencontre, lui et sa femme ressortent grandis et affermis dans leur foi. « Nous avons compris que nous n’avions pas besoin d’avoir peur des différences. Que l’autre ne nous empêchait pas d’être nous-même, bien au contraire ! Et que c’était justement ensemble qu’on avancerait dans la vérité », se remémore Cécile. Un des grands rêves d’Henry était faire venir en Russie la Sainte Tunique du Christ, conservée en France à la basilique d’Argenteuil.

Comme les chrétiens des premiers siècles, il voyait cet habit simple et réalisé sans coutures conu11e le symbole de l’unité de l’Eglise.

Ses autres engagements dans l’Eglise ont été nombreux, notamment avec la communauté de l’Emmanuel. Il a organisé des pèlerinages au sanctuaire de Paray-le-Monial, a eu de grandes responsabilités sur la paroisse parisienne de Saint-Nicolas-des-Champs, et a donné beaucoup de temps pour prendre soin des prêtres fatigués et en mauvaise santé. Avec ses pauvretés et la grâce de Dieu, il ne lâchait rien :« Henry n’a jamais renoncé, et il avançait avec une fidélité sans failles quand il marchait sur un chemin qu’il reconnaissait comme étant celui de Dieu ».

Faire avancer les autres

A ses funérailles, son filleul rappelait avec humour la manière parfois « peu délicate » qu’Henry avait de recadrer les personnes qu’il côtoyait. Ce trait de caractère allait de pair avec sa volonté de faire avancer les autres, toujours avec beaucoup d’exigence. Sa carrière de partenaire en « private equity », ou « capital-investissement » en français, l’a conduit à se trouver dans de nombreux conseils d’administration d’entreprises dans lesquelles il créait des relations entretenues ensuite avec fidélité, parfois de manière bénévole. Pour Gilles Malartre, son ami depuis 40 ans, c’est « sa profonde humilité, son adaptabilité et son esprit diplomate qui l’ont conduit à mener à bien tous ces projets.»

Les dernières années de sa vie ont été une bataille constante contre le cancer et un affaiblissement qui ne l’ont pas empêché de rester fidèle à ses engagements. Deux mois avant sa mort, il continuant d’assister aux réunions de l’1visible. Il laisse au journal le souvenir brûlant de son esprit d’annonciateur du Christ.