La congrégation des chanoines réguliers de Saint-Victor est l’héritière de la congrégation de Saint-Victor de Paris, fondée au XIIe siècle et dispersée à la Révolution. Fidèle à la très ancienne règle de saint Augustin, elle est venue ranimer une abbaye du Périgord, où cette même règle fut adoptée en 1133. Aujourd’hui, elle a besoin d’aide pour assurer sa mission d’accueil.
PAR ALEXANDRE MEYER – PHOTOS D.R. / CHANOINES RÉGULIERS DE SAINT-VICTOR
Dès le XIe siècle, une vie religieuse érémitique puis communautaire s’implante auprès de l’eau vive d’une source cachée au cœur du Périgord. Les chanoines qui vivent là ont adopté la règle de saint Augustin. L’abbaye de Chancelade va connaître une période florissante aux XIIe et XIIIe siècles, avant de subir les conséquences désastreuses de la guerre de Cent Ans contre l’Angleterre (le duché de Guyenne, qui comprend notamment le Périgord, tombe aux mains des Anglais de 1360 à 1453) puis des guerres de Religion.Au XVIIe siècle, la réforme menée par Alain de Solminihac, abbé de Chancelade puis évêque de Cahors, restaure le prestige de l’abbaye qui rayonne en France et en Europe. À la Révolution française, l’abbaye est nationalisée, les chanoines sont chassés et certains bâtiments, détruits.
LE SAViEZ-VOUS ? LE NOM DE CHANCELADE VIENDRAIT DU LATIN FONS CANCELLATUS, DÉSIGNANT UNE FONTAINE CACHÉE, UNE SOURCE PROTÉGÉE.
UNE CONFÉDÉRATION
Les chanoines réguliers de Saint-Augustin sont des clercs, vivant en communauté dans un monastère, sous l’autorité d’un prévôt ou d’un abbé, pour célé-brer la liturgie catholique et rendre des services pastoraux dans les paroisses avoisinantes. Ils suivent le modèle de vie de la première communauté chrétienne (décrite dans les Actes des apôtres) et vivent sous la règle de saint Augustin. Ils forment une confédération, érigée par le bref apostolique (ou rescrit, c’est à dire « décision pon-tificale ») Caritas unitas du pape Jean XXIII, le 4 mai 1959. Elle regroupe neuf instituts comme les chanoines réguliers du Grand-Saint-Bernard, fondés en 1050, les chanoines réguliers de Saint-Maurice, fondés en 1128, ou les chanoines régu-liers de Saint-Victor, fondés en 1108 et restaurés en 1968 à l’abbaye Saint-Pierre-de-Champagne, en Ardèche.
LE RETOUR DES CHANOINES
En 1998, la congrégation renoue avec la tradition en s’installant à Chancelade, à l’appel de l’évêque de Périgueux et Sarlat. Depuis cette date, le prieuré de Chancelade, confié aux chanoines de Saint-Victor, a la charge de deux paroisses : Saint-Vincent-sur-Beauronne (onze clochers) et Saint-Pierre-Saint-Paul-des-Rives-de-l’Isle, à une quinzaine de kilomètres, regroupant une vingtaine de clochers.
Pour rendre pleinement à l’abbaye sa vocation d’accueil, de fraternité et de contemplation, la restauration du logis abbatial, classé au titre des Monuments historiques, a débuté en 2016. Il reste à financer l’ouverture d’un bâtiment annexe et la création, dans le parc arboré, d’un parcours propice à l’intériorité
« Sur ce site historique et religieux exceptionnel, les conditions sont réunies pour offrir un lieu de ressourcement unique à ceux qui souhaitent trouver des lieux de silence, de prière, d’écoute, de réflexion chrétienne, affirme Mgr Philippe Mousset, évêque de Périgueux et Sarlat. Cette quête spirituelle rejoint la recherche de sens et de vérité dans nos sociétés traversées par une crise économique et sociale profonde. »
La restauration de l’abbaye vise à aménager des lieux de rencontre, de formation et d’hébergement, des espaces naturels pour la promenade, et se donner les moyens d’organiser des évènements festifs et culturels.
LA RÈGLE DE SAINT AUGUSTIN
Au IVe siècle, saint Augustin, évêque d’Hippone, une ville située dans le nord-est de l’Algérie actuelle, institue un type de communauté permettant de mener à la fois une vie d’esprit monastique et un ministère sacerdotal pour un groupe d’hommes pieux de son diocèse. Cette vie canoniale, du grec kanon qui signifie « règle », a donné le mot « chanoine ». Les chanoines réguliers de Saint-Victor se consacrent à une vie communautaire de charité et d’unité, à la louange – la célébration de la liturgie des Heures –, à leur ministère pastoral dans les diocèses et à l’enseignement. Leur charisme se déploie auprès des jeunes, des célibataires, des familles, familiers ou de passage, et, bien plus loin, en mission en Tanzanie et au Rwanda. « Aimez Dieu, puis le prochain, dit la règle. D’abord, et c’est le motif qui vous a réunis, vivez en paix dans la maison, n’ayez qu’un cœur et qu’une âme dans le Seigneur. Ne possédez rien en propre, que tout soit commun parmi vous. Voici, en effet, ce que vous lisez dans les Actes des apôtres : “Tout entre eux était commun, et on donnait à chacun selon ses besoins”. »
L’ESCARBOUCLE
On reconnaît les chanoines de Saint-Victor à l’habit beige et rouge qui les distingue pendant les offices, mais également à leur symbole : l’escarboucle.
Du latin carbunculus, « charbon ardent », elle désigne une pierre semi-précieuse à l’éclat rouge : le grenat. Dans l’Antiquité, elle était souvent conservée dans les temples où on lui prêtait le pouvoir de briller dans l’obscurité. Elle est citée dans la Bible aux livres de l’Exode et d’Ézékiel. En héraldique, elle est stylisée en une étoile à huit rais terminés par des fleurs de lys. Elle s’invite sur les armes des Victorins dès le Moyen Âge. Depuis, on la retrouve sur les calices et les objets liturgiques ou gravée au fronton des bâtiments de la congrégation.
Vous pouvez soutenir le projet durable de restauration de l’abbaye de Chancelade et œuvrer au rayonnement de la pensée de saint Augustin en devenant mécène :
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