Le jour de sa confirmation, la vie de Florence, artiste-peintre, prend un autre tournant.
PAR ANNE-CLAIRE DÉSAUTARD-FILLIOL
Je peignais des croix sans vraiment m’en rendre compte ». Florence Viguier, artiste peintre, découvre sa vocation personnelle grâce à l’un des visiteurs d’une exposition. « J’exposais aux Invalides. Un des visiteurs me demande : vous peignez des croix ? Pourquoi cela ? Et là je me retourne vers mon tableau : je suis au pied de la croix ». Elle qui n’avait jamais vraiment verbalisé sa foi, cela paraît maintenant évident. La croix du Christ est dans tous ces tableaux. « Je n’osais pas tellement verbaliser. Et puis à un moment donné, j’ai assumé, j’ai osé dire, je crois dans le Christ. Je crois dans la Bonne Nouvelle, dans cette nouvelle alliance, je suis catholique affirmée. Mes amis artistes me demandaient pourquoi je n’affirmais pas plus ma foi dans mon art. J’ai fait mon coming-out spirituel !»
Le travail de Florence suscite beaucoup de questions de la part des visiteurs. Elle se rend compte rapidement qu’ils ont envie de discuter, de partager, de comprendre ce qu’il y a derrière ces croix. Le chemin de conversion est long. Professeur d’histoire-géo[1]graphie, mariée et mère de trois enfants, Florence a vu sa vie changer le jour de sa confirmation tardive. « Je revenais d’un voyage à Rome avec mes élèves, je reçois la confirmation et tout s’enchaîne. Le grand Rabbin de France tombe amoureux de mon tableau non figuratif qui s’appelle Marie, puis des membres de la famille Dassault m’achètent plein de tableaux ! C’était incroyable ». Depuis, la chance lui sourit et les lieux d’expositions prestigieux s’enchaînent.
« Quand je me retourne, le Christ est là et il est toujours là ! C’est un amour conditionnel et incroyable, hyper fort et bouleversant. Je suis condamnée, mais de la plus belle des façons, à témoigner la présence du Christ et en peignant des croix. Ce ne sont pas des croix mortifères, mais des croix bleues, des croix rouges, des croix vertes, des croix joyeuses. La croix, c’est la souffrance du Christ, oui, mais c’est aussi l’annonce de la résurrection et la résurrection, c’est la joie ! Cette joie est le fondement de notre foi ». Touchée par le témoignage interreligieux, Florence est, par son art, une militante pour le dialogue, au pied de la croix.