LA PIERRE-QUI-VIRE, QUAND LES MONASTÈRES SE METTENT AU VERT

8 avril 2025

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Vivre de manière écologique concerne tout le monde, y compris les institutions religieuses. A l’abbaye Sainte-Marie de la Pierre-qui-Vire, les moines sont investis dans le respect de l’environnement de manière ingénieuse. Ils entretiennent et transmettent leur savoir-faire à qui le souhaite.

TEXTE ET PHOTOS PAR ANTOINE LEMAIRE

Dans une des épaisses forêts du Morvan, au terme d’une longue route sinueuse qui disparaît entre les sapins, se trouve l’abbaye Sainte-Marie de la Pierre-qui-Vire. Ses murs épais construits avec le granit de la région se dressent calmement dans un paysage sauvage et vallonné. Au premier regard, l’immense construction semble figée dans le temps. Mais après quelques pas, un détail étonne. Entre deux haies qui matérialisent le parking de l’abbaye, se trouve une petite borne de recharge pour les véhicules électriques. Et un peu plus loin, sous des arcades, un écriteau indique aux touristes et aux visiteurs qu’ils peuvent recharger la batterie de leur vélo. Ces deux solutions pour une mobilité douce s’inscrivent dans une démarche écologique que l’abbaye de la Pierre-qui-Vire (Yonne) a lancée depuis maintenant quatre ans : le label Église Verte. Ce label regroupe toutes les communautés chrétiennes « engagées pour le soin de la Création », autrement dit, pour le soin de notre planète. Et en ce qui concerne la Pierre-qui-Vire, cet engagement ne se limite pas aux bornes de recharge électrique !

 

De l’électricité faite-maison

« On dit que ce sont les flammes de l’enfer ! », plaisante frère Martin en désignant le brasier que l’on aperçoit à travers le minuscule hublot de la chaudière de l’abbaye. Ce moine assez jeune au regard passionné est en charge des installations énergétiques de l’abbaye. Ce matin, comme chaque jour, il fait le tour des compteurs et note avec attention ses relevés sur une fiche noircie par la poussière. C’est bel et bien un brasier que l’on aperçoit depuis ce hublot puisque depuis 2005, La Pierre-qui- Vire se chauffe au bois. Il y a maintenant 20 ans, les moines ont fait le choix de remplacer l’une de leurs deux pompes à chaleur par une chaudière biomasse, qu’ils remplissent de copeaux de bois. « L’objectif, à l’époque, était de réduire l’empreinte carbone, mais nous faisions venir du bois d’assez loin, ce qui n’est pas très écologique » explique frère Xavier, l’économe du monastère. Aujourd’hui, le bois qui nourrit la chaudière vient principalement des forêts qui se trouvent sur le domaine de la Pierre-qui-Vire. « Cela permet d’une part d’éviter de longs trajets en camion pour apporter le bois, et d’autre part, d’entretenir et d’éclaircir nos forêts », ajoute frère Martin.

De l’autre côté de l’abbaye, derrière une grille, on aperçoit l’arrivée d’un petit canal, qui disparaît tout à coup sous terre. C’est l’eau du Trinquelin, une rivière qui passe sur les terres de La Pierre-qui-Vire et que les moines ont fait dériver dans les années 1960. « Ils ont commencé à creuser un canal à coups de pioche, puis se sont vite rendu compte que le granit du Morvan aurait raison d’eux », poursuit frère Xavier avec un sourire. Avec des moyens modernes, ils arrivent finalement à faire dériver un peu de l’eau du Trinquelin jusqu’à une petite maison dans laquelle ils construisent, en 1969, une usine hydroélectrique. Le monastère devient alors autonome en électricité, qu’il produit grâce au cycle de l’eau, sans émettre aucun gaz à effet de serre (CO2). « Et nous n’avons pas oublié les poissons, qui évitent le canal via une passe à poisson située en amont », ajoute frère Martin.

Aujourd’hui, l’abbaye produit en moyenne 75 000 KWh par an, dont les deux tiers sont revendus à EDF et servent à alimenter les habitations voisines. Si ces productions d’énergie respectueuses de l’environnement rejoignent le fameux engagement de l’abbaye dans le label Église Verte, elles ne sont pas l’unique démarche écologique des moines de la Pierre-qui-Vire. Là-bas, tout est occasion de prendre soin de l’environnement, et de transmettre l’amour de la terre.

Créer du lien

« Voilà le fanion Église Verte, qui explique à nos visiteurs à quelle étape de progression nous en sommes en termes de respect de l’environnement », résume frère Xavier en montrant une affiche accrochée dans le couloir emprunté par les hôtes. Le dernier « éco-diagnostic » de l’abbaye l’a placée au niveau 3, appelé « figuier », qui la classe comme un lieu très engagé pour l’écologie. Un peu partout dans les lieux de vie, des panneaux explicatifs permettent aux visiteurs de s’informer sur les démarches de La Pierre-qui-Vire. Notamment au réfectoire, où le tri des déchets est devenu une habitude, selon le frère économe : « tout est expliqué, avec des écriteaux et des consignes très précises, ainsi chacun peut se comporter de manière respectueuse. »

Dehors, c’est un fourmillement d’installations écologiques et intelligentes. Les ruches contribuent au bon déroulement de la pollinisation, les jardins filtrants aident à la fertilisation des sols, la pépinière accompagne la croissance des pousses, et – clou du spectacle – le jardin de permaculture est une oeuvre d’art en forme de mandala.

« Le jardin donne des graines, et des plantes aromatiques que nous vendons à la boutique pour des tisanes » détaille frère Martin. Mais surtout, le jardin de permaculture est le lieu de la rencontre. Pour frère Xavier, il est l’occasion « de créer du lien, de nous ouvrir au monde, à notre environnement local, et même d’évangéliser. » Pour créer ce jardin, les moines se sont donné du mal. Frère Pacôme, qui en est responsable, s’est formé avec le Parc du Morvan, il a fait venir des gens qui savent greffer des arbres et qui aiment jardiner. C’est le cas de Kebalo, un volontaire qui arrive du Togo pour un séjour de quelques semaines à l’abbaye. Il apporte aux moines sa connaissance de l’utilisation du compost organique et aide au jardin de permaculture, qu’il considère comme « respectueux de la terre et de la nature. » Si à l’origine, la conversion de la Pierre-qui-Vire aux énergies durables était surtout une décision économique, elle est aujourd’hui totalement assumée comme une démarche de respect de l’environnement. En plus de mettre en place cet état d’esprit écologique, les moines ont choisi de communiquer dessus et de partager leurs connaissances, faisant de leur monastère une référence de l’engagement écologique. C’est une mission qu’ils ont faite leur, et dont ils parlent avec fierté.

 

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