Après 3 albums de pop-louange, vendus à 40 000 exemplaires, Hopen fait irruption dans l’univers de la folk profane et grand public. Parvenu à une maturité artistique remarquable, le groupe publie « Frères », un album très abouti, dansant et émouvant, magnifiquement écrit, aux mélodies entêtantes et à l’optimisme contagieux. Une pépite que L’1visible vous recommande sans la moindre réserve ! Rencontre avec les quatre frères Auclair, si différents et tellement complémentaires…
PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE MEYER
Quelle est l’intuition initiale qui a permis à cet album de naître ?
Antoine Nous voulions parler de la fraternité – puisque nous sommes quatre frères, de la famille – puisque nous avons eu la chance de nous marier et de fonder nos propres foyers à peu près en même temps, et de Hopen (contraction de hope et de open), c’est-à-dire de l’espérance et de l’ouverture au monde que nous portons.
Comment vous êtes-vous lancés dans l’écriture ?
Armand Quand on a pris la décision de produire cet album, nous sommes partis dans toutes les directions possibles et imaginables. Il a fallu se demander qui on était, ce qu’on aimait, ce qu’on voulait dire, comment l’exprimer…
Nous nous sommes retrouvés avec 70 morceaux : un couplet par-ci, une chanson par-là, mélangeant les styles urbain, classique ou proche de la musique de film, pour aboutir au style musical qui est à l’équilibre entre ce que l’on aime tous. Le temps et l’écriture nous ont amenés naturellement à parler des valeurs qui nous portent. Quand le squelette a commencé à se former, ni Charles ni moi n’étions encore papas. À la fin de l’album, nous étions tous pères de famille et deux chansons sont consacrées à la paternité. C’est la vie qui l’a voulu !
Camille _Chacun a apporté sa pierre à l’édifice : des accords, une mélodie, parfois une chanson complète comme Pourquoi, écrite entièrement par Armand ou Papa, écrite par Charles à la naissance de sa fille, trois jours avant le confinement. C’est drôle comme cette période si étrange que nous avons vécue collectivement a parfois été un moyen de se décentrer, un moment d’éclosion. Nous en avons recueilli les fruits, avec le recul, quelque temps plus tard…
« Nous sommes tous frères sur cette terre »
Vous pensez que vous courez un risque à sortir de votre répertoire habituel ?
Camille Non, au contraire ! On est tellement épanouis, on y croit à fond ! Les signes sont déjà très encourageants. Nous recevons beaucoup de bienveillance. Après, nous nous sommes beaucoup posés la question. C’est comme si on lançait un nouveau groupe : on va chercher un nouveau public avec un mélange de crainte et d’excitation, en essayant de ne pas perdre celui d’origine qui nous est si précieux.
Armand _Nous ne cesserons pas d’écrire des prières et des chansons de louange, mais c’est la suite de notre projet professionnel, une forme de reconversion, qui nous a fait revoir notre manière de travailler. Nous nous sommes découverts en tant qu’hommes, en tant qu’artistes, en tant que frères.
Camille On a toujours travaillé entre nous, en autoproduction. On s’occupait de l’organisation des concerts, de la vente des albums et même du merchandising… Depuis que nous sommes dans un label et que nous sommes entourés, nous avons fait un bond professionnel dingue ! Quantité de gens endossent ces responsabilités à notre place et nous pouvons nous recentrer sur l’artistique.
Antoine On était sur une petite vedette et nous sommes montés sur le paquebot de l’industrie musicale !
Vous nous avez offert un album très riche : quatorze très belles chansons, qui traduisent des expériences personnelles très touchantes…
Armand Nous avons tous besoin d’artistes qui chantent le beau. Si nous avons la chance d’être comparés demain aux Frangines, à Boulevard des Airs, à Vianney ou à d’autres, je me dirai que l’on
aura porté du beau fruit en ce monde.
Antoine Quelques chansons ont été produites il y a trois ans déjà, mais toutes ont connu de nombreuses versions jusqu’à ce que nous soyons fiers du résultat.
Charles On s’est tous tirés vers le haut, on a passé des heures à peaufiner les paroles, la musique…
Camille On s’est bien engueulés aussi ! (Rires.)
Quels sont vos coups de cœur ?
Camille Unis comme des frères, c’est celle en laquelle je crois le plus !
Charles Papa bien sûr, que j’ai écrite trois jours après la naissance de ma fille. Nous étions à la maison, confinés, et elle était là, sur le canapé… En un rien de temps, la chanson était là, avec deux couplets sur une petite fille. Les frangins n’ayant que des garçons, ils m’ont demandé de l’ouvrir un peu, pour pouvoir se l’approprier. Quand j’ai envoyé les premiers jets, les maquettes, ils m’ont dit qu’ils trouvaient la chanson énorme !
Antoine C’est beau, non ? La chanson sur la paternité a été écrite par le dernier des frères à être père !
« Le monde est en crise, la vie est pleine de soucis, de galères, on ne sait pas bien de quoi sera fait demain, mais pourquoi ne peut pas accepter la vie telle qu’elle vient, un jour après l’autre ? »
Vous abordez de nombreux sujets très différents mais tous aussi actuels : l’écologie, la transcendance, la famille. Lequel est le plus important à vos yeux ?
Camille La fraternité. Le titre de l’album, « Frères », au-delà du sens humain ou spi rituel, est un appel : nous sommes tous frères sur cette terre.
Charles Je pense que le thème principal, c’est l’unité. On nous dit souvent : « C’est incroyable, vous êtes quatre frères et vous arrivez à faire ça ensemble », comme si c’était difficile !
Si nous avons réussi à aller de l’avant ensemble – pendant dix ans de surcroît –, c’est que c’est possible pour tout le monde et pas seulement dans les fratries : entre potes, entre amis et même entre collègues, j’en suis persuadé.
Armand Tu as deux manières de vivre la fraternité en famille : tu abordes les sujets chauds, tu te fâches et on ne se parle plus jusqu’au cimetière, ou bien tu mets en avant la famille, les belles choses, les enfants, le printemps, en laissant de côté ton orgueil et tes soucis. Il faut accepter que l’autre ait des valeurs, des idées, des désirs différents.
C’est comme ça que doit vivre une fratrie. C’est simple : il s’agit de construire le monde ensemble ou de le laisser se déconstruire. Nous avons choisi un socle commun et un projet commun dont cet album est le fruit.
Antoine Tout le monde a envie que ça se passe bien mais ne s’en donne pas toujours les moyens. C’est facile de s’aimer quand tout va bien, mais il faut accepter que l’autre me remette à ma place.
Pour ma part, je dirais que notre album porte en lui une bonne dose d’optimisme. Nos chansons disent toutes quelque chose de cet état d’esprit : Ensemble, Rien que ça c’est pas rien (« on prend la vie comme elle vient »), On était fous… Cela ne veut pas dire qu’on est inconscients mais que nous avons confiance. Le monde est en crise, la vie est pleine de soucis, de galères, on ne sait pas bien de quoi sera fait demain, mais pourquoi ne peut-on pas accepter la vie telle qu’elle vient, un jour après l’autre ?
Armand Je réalise en t’écoutant que cette good vibe, cette bonne ambiance dans laquelle baigne tout l’album, elle se termine par Pourquoi puis Dans cent ans : une chanson sur la mort pleine d’espérance et une chanson sur ce qui nous attend après…
Camille La dernière phrase de l’album c’est : « Oui, on se reverra là-bas. » Un bon programme, non ?
Quelle espérance vouliez-vous transmettre ?
Charles On ne peut pas cacher que l’on est chrétiens, que l’on croit en Dieu, au contraire ! Mais notre foi n’est pas un cheval de bataille. Elle nous anime, on l’a et on la partage. Dans notre nouveau projet, nous en parlons avec des mots nouveaux.
Camille On nous dit souvent que la foi qui nous anime semble nous rendre heureux, c’est le plus beau des témoignages !
Armand La foi permet de tenir dans le combat intérieur que beaucoup doivent mener. C’est souvent la dernière chose à laquelle on peut se raccrocher, quelque chose de Dieu qui nous est donné pour s’en sortir, aller de l’avant. La spiritualité nous relie tous, elle nous relie à la nature, au cosmos, à tout ce qui respire, qui pompe l’énergie du monde. Je pense que notre album en est profondément pétri.
LEUR ALBUM
Frères
Réalisé par Jean-Étienne Maillard, qui a accompagné de nombreux artistes comme Bigflo et Oli ou Bon Entendeur. Hopen vous donne rendez-vous au Jesus Festival du 8 au 10 juillet.
Plus d’infos sur :
https://hopen-music.com
Frères, Hopen, Believe /Play Two, 2022, 45 min, 13,90 €.