Quatre millions de personnes subissent le mal-logement en France. Cinq millions n’ont plus la moindre relation sociale. Un quart de nos aînés de plus de 75 ans souffre de la solitude. Pour conjurer l’exclusion et l’isolement, Habitat et Humanisme a un plan… immobilier.
TEXTE ALEXANDRE MEYER – PHOTOS ALAIN DUB / CHRISTOPHE POUGET / HABITAT ET HUMANISME
Habitat et Humanisme œuvre depuis 35 ans au logement et à l’insertion des personnes en difficulté. Depuis 2008, le Mouvement développe un nouvel habitat participatif et solidaire : les résidences intergénérationnelles. Au sein d’un même petit immeuble cohabitent des jeunes sans ressources, des familles monoparentales précarisées et des seniors fragilisés. Habitat et Humanisme a logé 1800 nouvelles familles en 2019, et gère aussi 8 800 logements et 40 EHPAD.
Dans ces résidences comptant une vingtaine de logements en moyenne, chacun bénéficie d’un logement autonome et d’espaces collectifs (buanderie, terrasse, jardin…), qui favorisent la convivialité et la solidarité de voisinage, comme à la Maison bleue, dans le Morbihan (à gauche). Située dans le centre de Vannes, où l’immobilier fait l’objet de fortes spéculations au détriment des populations les plus fragilisées, elle abrite dix-sept logements.
L’Espace Emmanuel Mounier (à droite). Situé à Lyon au cœur des anciennes prisons Saint-Paul-Saint-Joseph, flambant neuf, il est composé de 122 logements, destinés à des étudiants ainsi qu’à des personnes convalescentes dans l’incapacité temporaire de rejoindre leur domicile.
La résidence intergénérationnelle se veut ouverte sur l’extérieur, le quartier environnant ou un jardin, comme ici, à Bourges. Certains projets intègrent une crèche ou un accueil de jour, ou ouvrent leur salle commune à des associations.
UNE RÉVOLUTION FRATERNELLE
« Quelle fraternité quand des centaines de milliers de familles recherchent vainement un logement ; qui se soucie de leur sort et de leur angoisse ? Comment peut-on accepter que des mamans et des enfants connaissent la rue ? » Les questions posées par le père Bernard Devert, président et fondateur d’Habitat et Humanisme, sont d’une actualité brûlante. Dans notre pays où 14 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, où le prix de l’immobilier s’envole, où les perspectives économiques sont alarmantes et le vivre-ensemble, un combat, l’aide aux personnes démunies, fragiles ou isolées apparaît plus urgente que jamais.
Fort de son expérience du logement et de l’insertion des personnes en difficulté, Habitat et Humanisme a expérimenté dès 2008, une nouvelle forme d’habitat, la résidence intergénérationnelle, pour répondre aux problématiques croisées de l’isolement et de la précarité. Au sein d’un même petit immeuble habitent des jeunes sans ressources, des familles précaires, à majorité monoparentales, et des personnes âgées fragilisées, dans une dynamique d’entraide et d’échange d’expériences. Habitat et Humanisme compte aujourd’hui 37 résidences intergénérationnelles en France, et une vingtaine sont en projet pour les prochaines années.
POUR UNE VILLE INCLUSIVE
La mission d’Habitat et Humanisme consiste à permettre aux personnes à faibles ressources, précarisées en raison de leur situation sociale, de leur âge, de leur handicap ou de leur santé, d’accéder à un logement décent, adapté à leur situation et leurs ressources, mais aussi de contribuer à rendre nos villes plus inclusives et ouvertes à tous, en privilégiant les logements situés dans des quartiers « équilibrés ».
UNE DYNAMIQUE COLLABORATIVE
Les résidences intergénérationnelles sont animées par les équipes, à majorité bénévoles, des associations locales d’Habitat et Humanisme. Elles assurent le suivi personnalisé des résidents et favorisent la dynamique collective, avec une belle ambition pour chacun : pour les personnes âgées, « bien vieillir » ; pour les enfants, « bien grandir » ; pour les jeunes et les parents « mieux vivre et mieux
s’insérer » dans la société. Pour contribuer au financement de ces projets et assurer leur animation, Habitat et Humanisme fait appel au don, à l’investissement solidaire mais aussi au bénévolat. L’association a ouvert la voie, à nous de l’emprunter.
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