Optimiste et joyeux, Grandir nous fait voir le monde avec les yeux des six enfants dont il suit le bout de chemin. En dépit des injustices sociales qu’ils subissent pour des raisons ethniques, politiques ou religieuses, l’espoir qui les anime nous donne des ailes.
Par Alexandre Meyer
Le parrainage a changé leur vie
Enfants du Mékong agit depuis 1958 en faveur de l’éducation des enfants pauvres.L’association déploie ses activités dans sept pays d’Asie du Sud-Est. Au Vietnam, en Thaïlande, au Laos, aux Philippines, en Chine, au Cambodge ou en Birmanie, elle parraine directement 22 000 enfants et apporte sonsoutien à la scolarisation de 60 000 autres.
Jill Coulon, amoureuse de l’Asie et captivée par les histoires humaines, a réalisé ce très beau documentaire produit par François-Hugues de Vaumas et Xavier de Lauzanne. Elle a convaincu Yael Naim et David Donatien, trois Victoires de la musique au palmarès, de composer la bande originale de son film.
Six enfants, six pays d’Asie, une seule et belle histoire : l’entrée dans le monde des adultes avec le meilleur bagage éducatif possible. En effet, sur les rives du Mékong, accéder à l’instruction est un combat quotidien… Pour célébrer son 60e anniversaire, Enfants du Mékong a confié à Jill Coulon le soin de réaliser ce très beau documentaire pour « susciter de nouveaux parrainages et permettre à d’autres enfants d’être aidés à leur tour» nous dit-elle, encore émue par toutes ces rencontres. Le film est aussi l’occasion rêvée pour les parrains et marrainesdedécouvrircespetitsfilleuls qu’ils accompagnent dans leur croissance et de percevoir leurs émotions, la pureté et la détermination qui se lisent dans leurs yeux. Juliet, soutenue pendant trois ans donne le ton : « Être parrainée, ça a changé toute ma vie…»
Déjà disponible en DVD, Grandir sera projeté jusqu’au 11 avril dans toute la France. Le film rend hommage à ces hommes et femmes qui, depuis l’occident, soutiennent par leurs dons et leurs lettres ces jeunes enfants dans leur apprentissage. Sans leurs parrains et marraines, rien n’aurait été possible.
Six destins mais une même volonté : s’en sortir
La petite Prin, six ans, a les traits qui s’éclairent à mesure qu’elle emmagasine ses leçons. Les cours finis, elle apprend les secrets bien gardés du tissage des draperies traditionnelles de sa communauté : l’ethnie Jaraï qui vit sur les hauts plateaux de la Thaïlande. Myu Lat Awng n’avait que quatre ans quand son village birman a été rasé par la guerre. Âgé de 10 ans, parrainé depuis trois ans, il fait la fierté du camp de déplacés internes de Palana. Pagna, parrainé depuis 7 ans, donne gratuitement des cours de soutien. À 17 ans, il veut offrir à d’autres l’opportunité qui fut la sienne de s’en sortir. Tous ont le même appétit d’ogre pour le savoir et la même espérance de tracer leur propre route.
La petite Phout, laotienne Hmong de 14 ans, parrainée depuis six mois, au sourire désarmant et aux yeux espiègles, affirme en langage des signes en quelques gestes habiles : « Aujourd’hui je peux me projeter dans l’avenir, je suis contente degrandir ».
Le pouvoir de l’éducation
L’un des moments les plus émouvants du film voit de jeunes écoliers sourds en uniforme qui rient, bavardent et s’asticotent… en langage des signes. Une chorégraphie pleine de grâce portée par une musique envoutante. Tout est dit sans un mot de la belle intuition de l’association Enfants du Mékong : donner les moyens nécessaires à ces enfants pour qu’ils s’en sortent, et les regarder s’épanouir comme des fleurs dans le vaste monde, des rêves plein la tête et un peu d’insouciance au cœur.
POUR ALLER PLUS LOIN
http://grandir-lefilm.com