Réchauffement climatique, crise sociale et migratoire… avoir un regard écologique sur le monde peut parfois porter au désespoir. Face aux nouvelles toujours plus angoissantes, l’espérance chrétienne nous pousse à continuer, à prendre soin de notre planète, car le jeu en vaut toujours la chandelle ! Discussion avec Xavier de Bénazé, prêtre jésuite et auteur d’un livre sur le sujet.

PROPOS RECUEILLIS PAR AUGUSTE CHAPELIER

Comment peut-on définir l’espérance ?

On peut d’abord distinguer l’espoir de l’espérance. L’espoir, c’est ce qui se passe au niveau purement humain. Par exemple, on a l’espoir d’empêcher la température moyenne de la planète d’augmenter de deux degrés d’ici la fin du siècle. Ou bien on n’a pas cet espoir. C’est une sorte de calcul de probabilité. L’espérance humaine, quant à elle, ne se détache pas des espoirs humains, mais nous place un peu autrement dans le monde. L’espérance naît de la mort et de la résurrection de Jésus Christ. Le message est le suivant : le Fils de Dieu est ressuscité, donc la vie est plus forte que la mort ; à la fin de l’histoire, c’est l’amour qui l’emporte, et qui nous amène vers Dieu. Nous sommes faits pour l’amour. Cela doit nous amener à nous poser cette question : « comment est-ce que j’aime aujourd’hui ? » Eh bien j’aime en prenant soin de moi-même, des autres, de la planète et de Dieu.

Ce sont les quatre relations fondamentales de l’écologie intégrale. Mon espérance, qui me dit qu’aimer vaut toujours le coup, me pousse à m’engager avec d’autres pour les espoirs humains. Si le réchauffement climatique empire, je ne tombe pas dans le désespoir.

Quel lien peut-on faire entre espérance et écologie ?

Si notre espérance revient à penser que la vie est plus forte que la mort, qu’aimer vaut toujours le coup, alors c’est valable dans un tas de contextes. Et notamment aujourd’hui à propos de l’écologie. Alors que beaucoup sont pris par le désespoir, d’un point de vue humain, l’espérance chrétienne dit qu’agir par amour, que prendre soin des plus pauvres, vaudra toujours le coup. Même si, à horizon humain, la crise climatique majeure semble inévitable. Cela nous donne une raison profonde d’aimer et de vivre bien. C’est la vertu. Aimer vaut toujours le coup.

Comment peut-on mettre de l’espérance dans notre vie de tous les jours, dans nos efforts pour l’écologie ?

On peut s’engager avec d’autres dans des actions qui portent des espoirs humains. On peut aussi prier ! La prière est une magnifique forme d’espérance, parce qu’elle est un moment où l’on prend particulièrement soin de notre relation à Dieu. Comment prier vis-à-vis de cette crise écologique et sociale ? Comment se mettre à l’écoute de « la clameur de la terre » et de « la clameur des pauvres », comme dit le pape François dans Laudato si’ ? On peut être attentif aux nouvelles du monde, entretenir notre relation à la Création, à la planète, prendre des temps pour contempler la nature. Quand on est en vacances à la montagne, au bord de la mer, essayons d’être contemplatif et de faire preuve de gratitude. La prière chrétienne devrait aussi m’amener à m’engager concrètement pour les espoirs humains. Dans ma vie quotidienne, je peux faire des choix de consommation justes. Dans notre alimentation, nous avons un champ magnifique de réduction de notre impact d’émission de CO2, de la maltraitance animale. On peut avoir un impact positif sur l’agriculture, sur la biodiversité etc. On peut aussi s’engager via des associations, auprès des plus pauvres, des migrants, des personnes handicapées… Tout cela rentre dans le champ de l’écologie intégrale.

Comment peut-on témoigner de cette espérance qui nous habite pour la répandre autour de nous ?

En rejoignant des hommes et des femmes qui s’engagent dans des combats et des actions pour les espoirs humains. Cela nous fera partager leurs joies et leurs espoirs, leurs tristesses, et leurs angoisses… Et si l’espérance nous habite vraiment, nous pourrons réagir et nous comporter différemment. Peut-être que nous arriverons à tenir là où d’autres auront tendance à céder au désespoir, voire opter pour la violence. Pour cela, il faut s’engager avec d’autres. Nous devons nourrir notre espérance chrétienne.