Christophe Hadevis vient de recevoir le prix de la BD chrétienne à Angoulême. Pas banal pour un prêtre dont la vie a changé grâce à un livre illustré.
Mes parents, qui avaient tous deux une image négative de l’Église, n’ont pas souhaité que je reçoive le baptême à la naissance. J’ai donc grandi jusqu’à l’âge de cinq ans sans savoir que Dieu existait. Mon père était brocanteur et ramenait de ses débarras une multitude d’objets trouvés dans les greniers. Parmi ces trésors, je trouvai un jour un petit livre intitulé Enfant de Dieu, dessiné au pastel. Il présentait un drôle de personnage avec des trous dans les mains et les pieds, et un « rond » sur la tête. C’était le Christ en croix, mais je ne le savais pas encore. Peu après, invité chez des nouveaux petits voisins, je remarquai au mur le même personnage. Je commençai alors à poser beaucoup de questions. Aux réponses que je recevais, je ne doutais pas un instant que ce soit la vérité. La mère de mes petits voisins était une catéchiste hors pair… L’Histoire sainte est d’emblée ce qui m’a le plus fasciné : un Dieu qui rejoint l’humanité pas à pas, qui accompagne l’histoire humaine jusqu’à s’unir à elle en son fils, Jésus Christ. Je trouvais cette histoire extraordinaire ! J’ai demandé à recevoir le baptême. Nos voisins sont devenus ma marraine et mon parrain. Les deux années de préparation au baptême m’ont fortifié et aidé, par la suite, à affronter des événements difficiles : le divorce de mes parents, le déménagement de ces voisins qui m’avaient tant apporté, etc. Autant d’attaches qui volaient en éclats. Mais le Christ, que j’avais rencontré deux ans auparavant, était toujours là.
Combat intérieur
Un jour, en colonie de vacances, j’ai pris conscience de ma facilité à jouer la comédie. Ce fut un déclic et j’ai voulu prendre cette voie. Je désirais la gloire humaine et puis, je crois, faire rêver avec des films, des pièces de théâtre. Je faisais partie d’une petite troupe très sympa. Mais un combat intérieur s’engagea, car à la même époque, émergea en mon cœur le désir de devenir prêtre. J’étais tiraillé. Je m’en ouvris à mes parrain et marraine qui me proposèrent d’aller avec leurs enfants à Paray-le-Monial, un lieu où des milliers de personnes se retrouvent chaque été pour participer à une session spirituelle. Dans le même temps, nous avions été quelques-uns de la troupe de théâtre à être sélectionnés pour tourner dans un téléfilm pendant l’été. J’avais le choix. Mais à la fin de l’entretien avec le réalisateur, je m’entendis lui répondre : « Non, je ne suis pas libre cet été. » Je pensai aussitôt : « Mais qu’est-ce que je suis en train de lui dire ! Je loupe une chance formidable. » J’avais alors 16 ans.
Deux ans plus tard, je suis entré au séminaire. Je suis parti ensuite en coopération missionnaire en Côte d’Ivoire, avant de terminer ma préparation à la prêtrise. J’avais du même coup renoncé à une carrière dans le monde du théâtre et du cinéma. Mais le monde de l’image allait revenir un peu plus tard vers moi…
Scénariste de BD
Tout petit, ma mère m’offrait des BD : Tintin, Astérix, Lucky Luke, etc. J’ai grandi avec ces héros de papiers. En même temps, je lisais beaucoup de Belles histoires et belles vies, des vies de saints. Même si ce n’était pas des BD, elles m’offraient de découvrir la vie d’un ou d’une amie de Dieu. Aujourd’hui, c’est dans une modeste mesure que j’essaie d’imiter les personnes qui, bien avant moi, ont annoncé le Christ par l’image. Je ne pensais pas que, en tant que prêtre, je pourrais faire de la BD. Mais Dieu compose avec nos passions. Et je suis devenu scénariste de BD !