Rencontre. Claudio Capéo est un véritable showman. Il enflamme les zéniths avec sa bonne humeur et sa puissance vocale. En pleine tournée, il fait un petit tour autour de sa foi.
Propos recueillis par Magali Germain.
Cet accordéoniste a déjà une longue route derrière lui. Grâce à son timbre de voix unique, et le succès de son premier album vendu à plus de 300 000 exemplaires, Claudio Capéo cartonne sur scène après avoir fait chavirer les juges dans The Voice 5. Après Un homme debout et Ça va Ça va, il se déclare un peu plus dans Riche, une petite dernière chanson qui cartonne.
Dans Un homme debout, vous dites : « Priez pour moi. » Êtes-vous croyant ?
Ouais, plutôt. Quand j’étais petit, j’ai fait mon catéchisme, j’ai fait plein de trucs. Je ne renie pas du tout. J’ai grandi avec tout ça. C’est resté en moi.
Jésus, lui ouvririez-vous la porte ?
Bien sûr. Ma porte je l’ouvre à tout le monde. Il n’y a pas de problème.
Dieu a-t-il un cœur de grand brûlé ?
Je ne sais pas du tout. Quelle question ! Il en a bien bavé. Il a pris le mal de tous. Ça n’a pas dû être facile. Mais, je ne suis pas assez calé pour répondre là-dessus. Je ne veux pas raconter de conneries. Il vaut mieux me taire.
Êtes-vous plutôt d’accord avec l’idée que l’amour fait tourner le monde ?
Bien sûr. ça, c’est clair !
Si vous deviez dire merci à quelqu’un ?
À mes parents. Ils m’ont toujours forcé, ils ont toujours voulu que je fasse de la musique, prof d’accordéon, un petit métier sympa. Ils voulaient juste pas que j’aille à l’usine. Ils en ont bavé comme des dingues. Ils ne voulaient pas que je connaisse la même vie. Ils ont toujours dit : « Claudio, joue, joue et joue encore et encore ! » J’en avais ras le bol, mais je le faisais quand même. Je n’avais pas le choix sinon c’était la guerre. Ma mère me disait toujours : « Tu verras, quand tu seras grand tu me remercieras. » Je n’y croyais pas du tout. Finalement elle n’a pas eu tort.
Dans Riche, votre dernier single, à qui parlez-vous ?
Essentiellement à mon fils. C’est une grande histoire, une grosse boule de neige qui tourne. Je voulais simplement déclarer mon amour à mon fils qui est encore tout petit. Aujourd’hui il ne comprend pas pourquoi son papa est toujours sur les routes. Par la suite, il pourra se dire : si mon papa n’était pas là quand j’avais quatre ans, il n’a jamais arrêté de penser à moi. Ça change un homme de devenir papa. Mon fils m’apporte énormément d’amour chaque jour. C’est vraiment un bonheur.
Et vous, vous savez-vous riche de l’affection de votre père ?
C’était pudique, chez nous. On ne s’est jamais réellement dit « je t’aime », alors qu’on s’aime tous très fort. Je n’ai pas envie de reproduire…
Quel genre de gosse étiez-vous ?
J’étais riche de mes parents qui ont toujours été là et qui ont bossé comme des fous. Tout ce qu’ils gagnaient, c’était pour nous. Ils ont toujours fait en sorte qu’on ne manque de rien. Et pourtant j’étais un sale gosse. J’ai fait les quatre cents coups. Ma mère est devenue complètement dingue à cause de moi. Mon père aussi. Rien de méchant, mais il fallait que je me défoule. Et puis c’était souvent la guerre avec ma soeur, alors que maintenant tout va très bien. Les copains étaient super importants. Mes parents me reprochaient d’être plus copain que famille. Ils n’ont jamais compris mon besoin d’être avec mes potes. Aujourd’hui, ils reconnaissent que c’était sûrement le bon choix.
Où trouvez-vous l’inspiration ?
Elle sort de mon cœur. J’ai envie de raconter de belles histoires, la mienne d’abord, et ces histoires communes à tout le monde. Des sales gosses comme moi, il y en a, il y en a un paquet. Je pose souvent la question en concert. « Est-ce qu’il y a des sales gosses ce soir ? » Tout le monde hurle. Il faut vivre. Si on est toujours sur la retenue, si on ne tente rien, on n’avance pas.
Quand vous prenez des coups, quelle est votre façon de rester debout ?
Positiver. Toujours positive attitude. On y croit. Demain ça ira beaucoup mieux.
Un homme debout, votre clip, a été vu plus de sept millions de fois, il raconte l’histoire d’un musicien qui fait la manche, avez-vous connu cette galère ?
J’ai fait le métro, la rue, la manche. Je n’étais pas au plus bas. Je ne dormais pas dehors. On ne gagnait pas de fric. On a fait ce qu’on a pu pour essayer de se faire connaître, de s’en sortir et de faire de la musique avant tout. C’est dans le métro qu’on a côtoyé tous ces SDF et toutes ces personnes laissées pour compte. Ils n’avaient que dalle et c’est eux qui nous donnaient le plus au final. Ça m’a touché, il fallait en parler.
Comptez-vous les anges sur votre route ?
Il y en a beaucoup. Je ne sais pas si je les compte, mais je partage de bonnes soirées avec eux et on discute un maximum. Le plus important, c’est de profiter de chaque personne. Il y a du bon partout.
À quoi ressemble votre fief alsacien ?
C’est simplement un petit lieu perdu. Au bout de la rue, c’est la forêt. C’est un endroit où vit toute ma famille, où vivent tous mes potes, où chaque fois qu’on peut se réunir pour faire des grosses bouffes, on le fait. Quand j’ai besoin d’un coup de main, tous mes potes viennent à la rescousse. Je m’y sens bien, à l’abri. C’est la vraie vie. Pour l’instant, j’ai besoin de ce petit endroit, où je peux me poser « tranquillou » et profiter des choses simples, planter mes tomates, retourner ma terre et finir ma charpente.