Des mois, des années. L’attente de l’âme sœur est parfois longue et douloureuse. Elle semble éternelle. Et pourtant, dans le silence de la solitude se prépare un cœur prêt à recevoir l’amour
PAR ANNE-CLAIRE DÉSAUTARD-FILLIOL
Sauf si le célibataire est un explorateur aguerri, toujours par monts et par vaux à travers le monde, il est souvent regardé avec soupçon. Pourquoi est-il encore seul depuis si longtemps ? Est-ce qu’il cherche vraiment l’âme sœur ? N’est-il pas trop exigeant ou trop insupportable au quotidien ? En plus de la souffrance qui parfois teinte son quotidien, la personne qui vit seul subit le regard maladroit de son prochain. Est-ce si difficile de trouver « la bonne personne » de nos jours ? « Il n’y a malheureusement aujourd’hui quasiment que les sites et les applications de rencontres qui fonctionnent, dans tous les milieux, chrétiens ou non chrétiens. Pour la rencontre, c’est presque l’unique chemin qui reste à emprunter. Imaginez-vous : il faut se vendre pour obtenir un job, il faut se vendre pour obtenir une rencontre… », explique Claire de Saint Lager, autrice de Comme des colonnes sculptées. Le célibat, un chemin d’espérance.
Lorsque la situation fait souffrir, il est important d’aller voir dans l’histoire personnelle si des blocages liés au passé peuvent interférer dans la possible rencontre. Nombre de célibataires en attente font naturellement ce chemin, notamment les femmes avec l’horloge biologique et une tendance à l’introspection plus naturelle.
Cependant, le célibat est aussi un objet de société. « Les célibataires portent par leur vie les blessures d’un monde où la relation entre l’homme et la femme est abîmée. Ils n’en sont pas responsables. Sur le plan mystique, nous sommes le corps du Christ et nos comportements ont une résonnance dans le monde. Dans la Bible, dans le livre de Jérémie, il est dit « En ces jours-là, on ne dira plus : Les pères ont mangé des raisins verts, Et les dents des enfants en ont été agacées ». (Jérémie 31 : 29) »
Même si le célibataire doit souvent lutter contre deux injonctions culpabilisatrices, celle du renoncement, avec l’idée de porter sa croix comme si la situation devait être à jamais figée ou celle au contraire de « se bouger » pour rencontrer du monde, cet état de vie peut devenir un moment de préparation. La solitude est un lieu d’expérience spirituelle profonde. « Le seigneur se sert de ce temps pour agir dans les cœurs. Le célibat est un état de pauvreté. Je ne peux pas me projeter dans l’avenir, je ne peux pas faire des plans, je ne sais pas si quelqu’un prendra soin de moi quand je serai âgé. Quand le Seigneur dit « Heureux les pauvres de cœur », on est là-dedans. Le seigneur travaille les cœurs des célibataires et cela peut porter des fruits profonds même si cela reste une souffrance ».
Le célibat est souvent don de soi
Même si le monde veut aujourd’hui que l’homme et la femme « réussissent leur vie » avant 40 ans, à savoir avoir un bon métier, être en couple et avoir des enfants, le célibat prolongé peut offrir un véritable moment d’abandon. « Ce qui nous fait femme, ce n’est pas de cocher toutes les cases. Notre état de femme s’épanouit dans la réalité de notre vie telle qu’elle est. Notre amour est fait pour être donné et être reçu. » Le célibataire a une tendance naturelle à donner de son temps aux autres puisqu’il vit seul. Il est souvent dans le don de soi, ce qui est une sorte d’accomplissement dans le don mais qui doit rester raison nable. La charge mentale de la personne seule est souvent négligée et non négligeable !
Le don de soi du célibataire est un cadeau pour les autres mais il est également bon d’apprendre à recevoir. Mettre en place cette posture du recevoir permet d’accepter de recevoir le moment venu. « J’ai une amie qui a attendu de fêter ses 40 ans pour rencontrer quelqu’un. C’était pour elle l’âge du lâcher-prise et finalement, c’est ce qui lui a ouvert les portes de la rencontre. Une autre amie célibataire avait mis en place une manière de recevoir tout dans sa vie comme des déclarations d’amour. Elle notait chaque sourire reçu dans la journée, chaque moment de vie où le Seigneur lui envoyait des encouragements. Tellement que lorsqu’elle a rencontré son mari, elle n’avait pas besoin de lui, elle était déjà remplie par l’amour du Christ. Elle l’a vécu comme un accomplissement de quelque chose mais pas comme quelque chose qui comble un manque ! Aujourd’hui elle a six enfants. Elle se souvient que le Seigneur doit être encore et toujours à la première place ».
Rester dans l’espérance est un acte de foi ! Le Seigneur, si on ouvre les yeux dans notre quotidien, nous envoie des encouragements, même dans les temps difficiles. C’est ça recevoir l’amour : quel que soit mon état de vie, comment dois-je changer mon regard pour être dans le réceptivité de l’amour de Dieu ?