L’enfant Jésus a bien grandi ! Il est avec nous depuis toujours et pour toujours. Il partage nos joies et nos souffrances. Il nous attend, quel que soit notre état d’esprit. Après des millénaires, il accepte de se prêter au jeu de l’interview.
PROPOS DE JÉSUS À TRAVERS LES MOTS DU PÈRE SYLVAIN DÉTOC
2.6 milliards de followers, c’est énorme ! Qui êtes-vous et comment maintenez-vous une telle popularité ?
Et encore ! Vous ne comptez que mes amis officiels. Vous pouvez ajouter toutes les personnes qui cherchent à aimer… à faire du bien… à rendre ce monde meilleur… Ces gens ne le savent peut-être pas, mais ils font déjà partie de mes amis – même s’ils ne « likent » pas la page de l’Église ! Ça fait du monde, en effet !
Et pourtant ! Ma popularité ? Ce n’était pas gagné ! Ma vie, je l’ai finie pendu à une croix, comme des milliers de vauriens tombés dans l’oubli… Dès ma naissance, en fait, c’était mal engagé. Je suis né SDF. Ma mère a accouché dans une étable. Quelques jours plus tard, nous avons dû prendre la fuite. Un tyran en voulait déjà à ma vie. Pendant une trentaine d’années, j’ai vécu incognito, dans un village où j’ai travaillé à la menuiserie familiale.
Bref, pas de quoi faire un bestseller. D’ailleurs, je n’ai rien écrit ! C’est vrai que j’ai guéri des malades, que j’ai fait des discours puissants : aimer Dieu comme un père, aimer son prochain comme soi-même… et même aimer ses ennemis ! Mais tout cela, qu’est-ce que c’est quand il n’y a personne pour relayer sur les réseaux ? Quel paradoxe ! Je suis l’homme le plus connu, le calendrier de milliards d’êtres humains commence avec moi, et personne ne sait à quoi je ressemble !
La vérité, c’est que depuis deux mille ans, ce sont mes amis qui parlent de moi, souvent avec des moyens dérisoires, mais avec un enthousiasme et une générosité inouïes. Ma notoriété, c’est à eux qu’elle est due.
Regardez le monde dans lequel nous vivons. Que de malheur et de désordre ! Comment croire en vous ?
En effet. Des malheurs, il n’en manque pas. Je ne les ai pas supprimés. On me le reproche assez souvent. « Si tu existais, mon Dieu, tu ne permettrais pas tant de mal : les guerres, les catastrophes naturelles, les maladies… La mort ! »
Si j’avais voulu triompher, je m’y serais pris autrement. À l’époque, mes amis pensaient que je ferais la révolution. Que je chasserais l’envahisseur. Ils songeaient à une victoire politique et militaire. On m’aurait acclamé comme le messie ! Mais je ne suis pas Rambo. Ni le Père Noël.
Si je suis venu partager votre quotidien, ce n’est pas pour me dérober à ce qui vous fait mal. Votre existence, je l’assume, jusqu’au bout. J’épouse vos joies et vos peines. Je ne fais pas semblant. Je ne vous prends pas de haut pour vous expliquer la vie. Les souffrances du corps et de l’âme, je sais ce que c’est.
La mort, aussi. Je l’ai vécu.
Ce que j’ai voulu faire, c’est amorcer une révolution intérieure. Je suis né, j’ai vécu, je suis mort pour que, du fond de son cœur, chacun puisse prendre en main sa liberté, même sous le poids de l’épreuve, et faire de sa vie un don.
On ne change pas le monde comme ça. Mais on peut se changer soi-même. Je contribue à ce changement dans le cœur de mes amis.
Et la pauvreté, comment parler espoir quand rien qu’en France, 11 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté ?
J’ai dit un jour : « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous. » Ce n’est pas un encouragement à l’indifférence. C’est un encouragement à s’occuper des plus pauvres, sans relâche, et à me rencontrer en eux. Surtout, je ne voudrais pas que mes amis se fassent des illusions. Je ne suis pas venu inaugurer un Eldorado.
Les pauvres, je me sens en famille avec eux. Ils sont réalistes. Ils ne se prennent pas pour Dieu. Ils savent par expérience la fragilité de l’existence. Les riches ont tendance à imaginer qu’ils peuvent tout, qu’il suffit de se donner les moyens. Mais, tôt ou tard, chacun finit par éprouver les limites de sa condition terrestre. La vie est un don. L’amour aussi. Ça ne s’achète pas. Ça ne se mérite pas. Ça se reçoit, gratuitement.
Les pauvres dégagent souvent une joie extraordinaire. Normal ! Ils sont davantage disposés à la gratuité de l’amour. De là à vouloir les imiter, il n’y a qu’un pas. « Les pauvres sont nos maîtres », disent même certains de mes amis. C’est bien vu ! Le monde entier a quelque chose à apprendre des pauvres.
Pas la misère, bien sûr. La misère est un fléau, il faut le combattre. Ce que les pauvres peuvent enseigner au monde, c’est cette simplicité du cœur que chacun est capable de pratiquer. La vraie pauvreté n’est pas matérielle ; elle est intérieure. Sans elle, difficile d’entrer en relation avec Dieu.
Difficile de faire sans ses propres forces dans le monde d’aujourd’hui. On doit tous être des moutons à 5 pattes et s’épuiser à la tâche !
« Aide-toi, et le ciel d’aidera ». Ce n’est pas moi qui dirai le contraire ! Je n’ai jamais appelé les hommes à renoncer à leurs talents. Ce que vous avez reçu, je vous encourage à le faire fructifier. Et plutôt deux fois qu’une, si c’est pour le bien de tous !
Mais inutile de s’exténuer. Sauver le monde ? Ce n’est pas à hauteur d’homme. C’est un don de Dieu. Ce don, je l’ai offert à tous – et une fois pour toutes – quand j’ai donné ma vie sur la croix. Maintenant, j’invite chacun à accueillir ce don et à le laisser germer en lui. Une germination, précisément, ça ne fait pas de bruit. Un jour, pourtant, les racines des arbres font craquer le bitume. L’un des épisodes les plus connus de ma vie, c’est celui où j’ai nourri plusieurs milliers de personnes avec seulement cinq pains et deux poissons. J’aurais pu accomplir ce miracle à partir de rien. Mais je l’ai accompli à partir de la générosité d’un gamin qui a partagé son pique-nique. C’est comme ça que je m’y prends : je prends le peu qu’on me donne et j’en fais quelque chose de grand. Alors, n’ayez pas peur de votre faiblesse. Donnez-moi ce que vous êtes. Donnez-moi aussi vos échecs, vos obscurités. Je les changerai en lumière. Là non plus, je n’évacue pas ce qui ne va pas ; je l’assume. C’est ma méthode. Elle est plus lente et laborieuse qu’un coup de baguette magique, c’est sûr. Mais c’est le prix à payer pour respecter votre croissance et vous faire entrer librement dans la vie de Dieu.
Jésus, comment savoir que vous êtes dans ma vie ?
Je l’ai promis à mes amis : « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ». Je suis là, tout près. À l’intérieur des églises, bien sûr, mais aussi à l’extérieur. Je ne soustrais jamais mon amitié, même quand on me tourne le dos. Je suis patient.
Le problème, dites-vous, c’est que je suis invisible ? Je ne m’impose pas, c’est vrai. Mais si vous avez la bonne paire de lunettes, vous discernerez les signes de ma présence. Je veux parler des lunettes de la foi.
La foi ? C’est cet élan de confiance que je fais naître au fond de vous, et qui ne demande qu’à s’épanouir. Laissez fleurir la confiance, et vous verrez que je ne suis jamais loin.
Le vent est invisible. Mais on voit ses effets dans les branches des arbres, quand il les agite. Il en va de même avec l’Esprit Saint, ce vent amoureux que mon Père et moi soufflons sans cesse sur le monde. Il produit de la vie, de la paix, de la joie. Surtout, il communique de l’amour, l’amour même de Dieu.
Vous voulez savoir comment être sûrs que je suis là ? Eh bien ! Regardez l’amour qui est à l’œuvre dans vos vies. Partout où il y a de l’amour, Dieu est présent.
Cet amour n’est pas parfait ? Je sais. N’ayez pas peur. N’ayez pas peur de moi. N’ayez pas peur de vous. L’amour grandit. Bientôt, vous verrez les fruits qu’il porte en ce monde et au-delà. Franchement, c’est une bonne nouvelle. Partagez-la !
Déjà brillent les lumières de la fête
Sylvain Detoc, Éditions du Cerf, 2023, 170 pages, 16€.
« Venez, crions de joie pour le Seigneur…par nos hymnes de fête acclamons-le ».
L’église semble pourtant avoir perdu le sens de la fête. Quel paradoxe ! La foi chrétienne n’est-elle pas fondée sur le témoignage de femmes endeuillées et rendues tout à coup folles de joie? Le Christ n’a-t-il pas enseigné que sa résurrection inaugurerait un royaume où se célèbrent des noces éternelles ?
Pour retrouver ces accents festifs, nul besoin de faire de la liturgie une comédie ou de transformer l’église en discothèque. Mais pour commencer, il nous faut les clés pour savoir lire la Bible avec attention autant qu’avec enthousiasme. Les premiers dominicains respiraient la joie de vivre et la gaieté