Le fils aîné de Camille, âgé de quelques mois à peine, est mort subitement dans son sommeil. Elle livre le récit de cette épreuve avec deux mamans, endeuillées elles aussi.
PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE MEYER
Comment avez-vous fait pour vous relever après la mort prématurée de votre fils aîné, Auguste ? On se relève avec le temps, qui nous apaise. Sans oublier la ferme volonté de choisir la vie, décider que l’on va réussir à surmonter cette blessure. À la surmonter en couple, dans notre cas. Nous avions la ferme volonté d’aller de l’avant, de continuer à vivre. Surmonter les difficultés passe par un choix, étayé par la conviction que le temps fait bien les choses… à la condition de lui en laisser le temps.
Quels sont les gestes, les attentions qui sont venus vous consoler de la disparition de votre enfant, du sentiment d’injustice, de l’incompréhension ? Mon couple est probablement ce qui m’a le plus consolée, dans le sens où nous étions deux à avoir vécu le même drame. Mon mari était celui qui pouvait le mieux me com- prendre. Il était plus qu’un rempart : il était celui dont j’avais le plus besoin. Nous avons été très entourés par nos amis et nos familles. Dès le lendemain nous étions entourés, très vite nous avons recommencé à sortir. Il y a eu des hauts et des bas dans notre tristesse, cela va de soi, mais notre besoin de nous ancrer dans la vie amicale d’avant a été comblé. La vie a pu continuer.
Qu’est-ce que l’on attend des autres au fond de soi ? On en attend toujours trop ! Plus que ce que l’on est en droit d’attendre en tout cas. Tout le monde ne va pas surgir à vos côtés pour vous soutenir sous prétexte que vous traversez une épreuve. Les gens font comme ils peuvent, nous prenons ce qu’ils nous apportent. Si l’on se sent blessé parce qu’ils ne nous soutiennent pas de la bonne façon, il faut le leur dire, leur donner un coup de pouce. Il faut faire le premier pas : dire que l’on aimerait bien sortir prendre un verre, recevoir un message, les aider !
Avons-nous le devoir de nous intéresser à la vie des autres ? Quelle est la responsabilité de chacun d’entre nous vis-à-vis d’un proche en souffrance ? Le devoir, je ne sais pas, mais il faut faire preuve de finesse, essayer de savoir ce que ressent la personne, ce dont elle peut avoir besoin. Nous sommes si différents, nous n’avons pas tous besoin de la même chose, ce n’est pas évident de savoir quoi lui dire, comment le dire, à quelle fréquence le dire, c’est un challenge de chaque instant.
SON LIVRE
À la vie à l’amour. Vivre après la mort d’un enfant
Marie-Axelle Clermont, Clémentine Le Guern et Camille Canard.
Éditions Emmanuel,2020, 206 pages, 17 €.