« Une nouvelle fécondité ». Pour les parents, la vie en couple prend un tournant quand les enfants quittent le nid. Un défi d’amour et de prière que nous présente Bénédicte Lucereau, conseillère conjugale et thérapeute de couples et de familles.
PAR ANTOINE LEMAIRE
Habituellement, qu’est-ce que le départ des enfants engendre sur le couple ?
En général, le couple se construit avec un projet : fonder une famille. Or, quand les enfants quittent le nid, le couple parental peut avoir l’impression que sa mission est terminée. Parfois, il peut ressentir le vide affectif du départ des enfants. Le couple se retrouve alors en face à face, à se demander à quoi cela sert de rester ensemble. Parfois, des questions restent en suspens. On peut être déçu, avoir vécu des échecs… Il y a parfois des problèmes que la présence des enfants venait masquer. Quand ils partent, des questions restées sans réponse peuvent ressurgir et beaucoup déstabiliser les parents.
Comment anticiper le vide qui arrivera avec le départ des enfants ?
Aujourd’hui, les deux parents travaillent, ils ont une très forte charge professionnelle et consacrent le reste du temps à élever leurs enfants. Ils misent énormément sur cette éducation et délaissent leur propre couple, soignent moins leur communication, n’érotisent plus la relation. Pour prévenir la crise du départ des enfants, il faut soigner son couple, prévoir la suite, se poser les bonnes questions, être à l’écoute de l’un et de l’autre. Ainsi on peut se réconforter et trouver de nouveaux projets à construire à deux. Toutes ces questions permettent de trouver une nouvelle fécondité à cette vie à deux. Si on n’a pas anticipé cela avant que les enfants partent, on ne sait plus très bien se parler. On se retrouve à avoir peut-être accumulé de la rancœur, de l’agressivité. Et alors ça peut devenir compliqué.
Qu’appelez-vous le « mitan » du couple, et comment conseillez-vous aux parents de le vivre ?
Le mitan du couple correspond, sur la courbe de la vie, au moment où tout plafonne, avant de redescendre. On lutte contre cette descente physique et biologique (avec la ménopause et l’andropause). S’ajoute la question de l’attirance, de la sexualité, des effets de la vieillesse, et sur la capacité à vivre la tendresse, la vie charnelle… La sexualité ne s’arrête pas au mitan de la vie, mais elle évolue, elle s’adapte. La grosse tentation est de se dire « c’est moins bien qu’avant ». Mais c’est faux, il suffit de s’en donner les moyens, se renseigner, se faire aider etc. Chacun des membres du couple doit soigner son intériorité. Les échanges ont besoin d’être profonds et intimes. On peut nourrir cette vie intérieure par la prière, par de bonnes lectures, par de la culture, de belles rencontres, en consacrant du temps aux autres.
Quel place le couple doit-il donner à Dieu à ce moment-là ?
La décision de consacrer du temps à Dieu restera toujours la même. C’est toujours un combat. Il faut porter ses enfants dans la prière et les laisser vivre leur vie. Ce qui aide le plus un enfant, c’est de savoir qu’on aura prié pour lui.