En cette année 2020, les diocèses de Paris et Nanterre célèbrent le 1600e anniversaire de la naissance de leur patronne, sainte Geneviève.
PAR ALEXANDRE MEYER
Illustration : Sainte Geneviève enfant en prière par Pierre Puvis de Chavannes (1874-1876). La bergère de l’hagiographie était en réalité issue de l’aristocratie franque romanisée.
Née à Nanterre vers 420, consacrée à 16 ou 18 ans, morte à Paris vers 510, Genevière est la fille unique d’un officier franc de l’Empire romain. À la mort de son père, elle hérite de sa charge de membre du conseil municipal de sa ville natale, puis de Lutèce. Lors du siège de la ville en 451, grâce à sa force de caractère, elle convainc les habi- tants désemparés de ne pas abandonner la cité aux Huns. « Femme d’action, elle manifesta un courage exceptionnel et une détermination sans faille qui lui permirent de résister aux inquiétudes et à la pusilla- nimité de ses concitoyens, lesquelles sont aussi fortes aujourd’hui dans notre monde occidental déboussolé, qui aurait certai- nement besoin de personnalité de cette trempe », écrit l’archevêque de Paris Michel Aupetit dans la préface du livre que lui a consacré le père Denis Metzinger, curé de la paroisse Saint-Étienne-du-Mont où reposent ses rares reliques épargnées par les révolutionnaires.
N’hésitant pas à engager sa vie et ses biens pour secourir les parisiens affamés, sa bonté la poussa toute sa vie à venir en aide aux plus nécessiteux. Elle s’oppose au Franc Childéric Ier, qui assiège à son tour Paris en 465 et parvient à ravitailler plusieurs fois la ville avec le blé de la Brie et de la Cham- pagne. L’ennemi d’hier, et particulièrement son fils, Clovis, lui voueront une solide admi- ration… de même que les boulangers, qui lui doivent une fière chandelle ! La tradition des « petits pains » de sainte Geneviève, vendus aux riches, mais distribués gratui- tement aux pauvres, est restée très ancrée en Nouvelle France (Québec), où l’interces- sion de la sainte a sauvé les habitants de la famine en 1723.
Fervente chrétienne, Geneviève fit bâtir une chapelle sur l’emplacement du tom- beau de saint Denis, premier évêque de Lutèce, et rayonner les valeurs évangé- liques jusque chez les Francs, nouveaux maîtres païens de cette Gaule encore mar- quée par la civilisation romaine.