Macha Méril : Sur un plateau

23 avril 2011

Macha Méril

Rencontre. Trois coups (de fourchette). Le rideau s’ouvre sur un festin de Macha! Le minois révélé par Godard, nous sert ce mois-ci C’est prêt dans un quart d’heure! la dernière de ses contributions à l’art culinaire.

Propos recueillis par Magali Germain

Elle n’est jamais mieux dans son assiette que sur un plateau. Dirigée par Oury, Vadim, Piala ou Lelouch, elle apparaît régulièrement au cinéma, à la télévision, sur la couverture de ses romans dans nos librairies. Inoubliable Colette pour la télévision, revenue d’une tournée théâtrale où elle a joué George Sand, Macha Méril passe en cuisine. Dans sa maison du Gers, la comédienne ne fait pas avaler n’importe quoi à ses nombreux amis. Dans sa bouche, l’art culinaire est comme la vocation artistique, une affaire de transmission, mais aussi la synthèse de ce qu’une femme compose de meilleur avec les contraintes de son temps.

Votre marché?

Acheter peu mais bon. Et peu importe le prix parce que, c’est sans prix d’acheter quelque chose de qualité. Votre grain de sel? Restaurer la cuisine qui ne paye pas de mine mais qui restitue les traditions, les souvenirs d’enfance, les recettes que t’ont faites ta mère et ta grand-mère. Les propager et les alléger au passage.

Vos ustensiles?

Le wok, la plancha et le microondes!

Vous assaisonnez et arrangez aussi les mots…

Je suis écrivain et comédienne pour l’amour des mots.

Hormis la cuisine, que faites-vous montre en main?

Si vous faites allusion aux autres plaisirs… Alors, non! J’aime les longues siestes… J’aime les siestes coquines. Tout cela nécessite son temps. Les temps biologiques ne sont pas tous comprimables. On a beau accélérer la vie, on digère en sept heures, on accouche au bout de neuf mois et on dort huit heures.

Votre recette du bonheur?

Il y a toujours quelque chose qui est possible et qui va arriver. Quand on est dans un moment difficile, on a l’impression c’est que c’est bouché: « Je ne pourrai pas avancer davantage professionnellement, je ne pourrai pas me remettre de ça, je ne pourrai pas guérir de cette maladie », etc. Eh bien non ! Il y a des ouvertures qui existent et qui apparaissent. Donc l’important, surtout quand on ne voit pas ces ouvertures, c’est de savoir qu’elles existent. C’est ça, la vérité!

Un jour pourtant, vous êtes morte…

C’est le titre du livre que je consacre à une perte immense: ma citoyenneté de femme. Je n’ai pas pu avoir d’enfant. J’ai été privée de la procréation à la suite d’un avortement. Ma vie ne me semble pas inutile néanmoins parce qu’il y a d’autres choses que j’ai pu faire. Même mieux…

Votre espérance?

J’entends dire que depuis Aristote, rien ne va mieux! Moi je crois que ça va mieux et que ça va aller mieux. Même si on peut encore déplorer des tas de choses. Mais dans l’ensemble, dans l’humain, il y a de quoi espérer.

Pâques?

Pour nous, les orthodoxes, c’est la grande fête chrétienne, il n’y en a pas d’autre.

Et la Résurrection?

Je trouve que c’est une formidable idée qui rend indiscutable et acceptable le phénomène « Aimez-vous les uns les autres » et « Aime ton prochain comme toi-même ». On n’a pas fait mieux, on n’a pas dit mieux. Nulle part. Aucune religion. Rien. C’est magnifique.

Une bonne adresse?

J’aime beaucoup la toute petite église de Torcello. Dans cette île à côté de Venise, l’église minuscule est recouverte de mosaïques byzantines. L’église de votre vie? La grande cathédrale de la rue Daru où je me suis mariée, où ma mère a été enterrée. J’aime sa configuration, les trois chapelles, les quatre dômes qui représentent les évangélistes et le dôme central qui est le Christ. C’est esthétique, je vous l’accorde… mais il y a quelque chose qui ramène aux sources mêmes de la chrétienté. Et puis on n’est pas assis. Donc ça bouge, on entre, on sort. C’est vivant. C’est un atrium, c’est l’agora, on est sur la place publique.

Pourquoi monter sur les planches ?

Pour transmettre. Un jour, Rossellini m’a dit: « Ce que l’on voit dans un acteur, ce n’est pas ce qu’il joue, mais c’est ce qu’il est. » C’est pourquoi les acteurs sont si humains. Un rôle qui vous va bien? Être un peu invisible de temps en temps et bien regarder autour de moi. Me faire petite. C’est là que je me nourris et que je nourris mes rôles.

Votre secret de jeunesse?

Ce n’est pas la jeunesse. C’est autre chose comme me remettre en question et faire des mises à jour fréquentes. Indispensable. C’est comme dans les régimes alimentaires, il ne faut pas tarder. Si tu laisses passer trop de temps, tu ne peux plus changer donc il faut changer tout le temps.

Votre carburant? Ma porosité au monde. La foi?

Je suis très respectueuse de ce que la foi a créé. L’art est né de la foi. Réfléchissez! La peinture, elle a très peu de siècles et elle est née au service de la foi. Tous les arts sont des aspirations à sauter plus haut, à chanter comme des oiseaux, à dépasser l’humain.

Une leçon de choses?

L’arbre. Il y a quelque chose dans l’arbre, cette plante majestueuse et la plus grande de toute qui me donne le sentiment de la puissance du vivant. Comme dans l’arbre de Vie bien entendu. L’arbre m’enseigne le temps, cette fixité d’être là et pas ailleurs. C’est peut être mon sentiment d’émigrée qui remonte à la surface. J’ai besoin de racines.

Un chagrin?

Je ne sais pas pourquoi le clergé a eu si mauvais goût depuis un siècle et demi. La chapelle de Soulages est magnifique. Mais quelle exception! Je suis pour cette épuration, pour qu’on enlève le plus de choses possible et qu’on laisse l’esprit s’élever. Dans certaines petites églises romanes, j’ai le sentiment d’être en ligne directe. Dieu et moi.

Le mot de la fin ?

Je tends vers une société meilleure où les femmes ont une meilleure place et où le don de soi s’exprime par tous les moyens.

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