Rencontre. ODB alias Olivier de Benoist est un bienfaiteur de l’humanité. Cet humoriste populaire remarqué chez Ruquier a la quarantaine rugissante. Par temps de crise, son one-man-show est une mesure d’hilarité publique. Propos recueillis par Magali Germain
Cet aristo enfile les vannes comme ses ancêtres ont raflé les médailles. Qu’il tire sur les femmes, les ados, la belle-mère, les Républicains ou le PS, Olivier de Benoist ne fait pas de quartier. Noblesse oblige, le plus drôle des aristos est rossé d’applaudissements au café de la gare tous les soirs. Pour L1visible l’attachant ODB ne rougit pas de son blason catholique.
Votre première qualité.
Altruiste.
Un défaut qui passe inaperçu.
La cyclothymie, une certaine mélancolie… Comme tous les artistes, j’ai des phases euphoriques et des phases où je suis plus abattu.
Qu’y a-t-il eu de formidable dans l’éducation stricte et religieuse que vous avez reçue ?
Avec mes six frères, j’ai reçu un certain nombre de valeurs. J’ai été scolarisé chez les jésuites. J’ai fait du scoutisme. J’ai été bercé dans cet univers avec son cadre, mais pas strict borné. Il n’y a rien de pire qu’une éducation stricte privée de sens. Mais une éducation où il y a des règles, des limites et où on ne transige pas, c’est plutôt pas mal. Il faut un cadre aux enfants.
En positif que vous reste-t-il ?
J’ai tout gardé, l’honneur, la fidélité et le panache. Dans l’éducation, soit vous vous rebellez et vous cassez tout, soit avec un peu de recul vous vous rendez compte que c’était plutôt pas mal. C’est mon cas et je salue cette charpente.
Vous a-t-on transmis la foi ?
Oui, je suis catholique. J’en suis très heureux. C’est une religion extraordinairement saine et cool.
Écoutiez-vous beaucoup au catéchisme ?
Pas plus que ça… mais j’ai eu des moments forts aux JMJ en 1997 à Paris. Je me souviens de retraites chez les moines bénédictins à Fongombault. Je me retrouve complètement dans cet environnement-là.
En voulez-vous beaucoup à Dieu d’avoir créé la femme ?
Ah ! ah ! tout est pardonné. C’est un de mes sketchs qui a le plus marqué chez Laurent Ruquier quand je commençais en disant que j’avais retrouvé les documents secrets volés au Vatican. Il s’agissait d’une lettre de Dieu s’excusant pour la création de la femme… C’était très drôle.
Vous prévoyez des obsèques religieuses pour votre belle-mère…
C’est un peu mon tube, c’est un sketch tellement improbable, ça fait beaucoup rire. Mais comme ma belle-mère est effectivement en bonne santé, tout cela n’est malheureusement qu’un sketch.
Trois choses qui vous parlent le plus dans le catholicisme.
« Aimez-vous les uns les autres », le don de soi et « les derniers seront les premiers ».
À quarante ans, on arrête les conneries ou on les commence, dites-vous. Quel parti avez-vous pris ?
Comme je suis issu d’une famille nombreuse, je n’ai pas fait de crise d’ado. Il n’y avait pas tellement de place pour ce genre de caprice dans une famille de sept garçons. J’ai été un enfant très sage jusqu’à 40 ans. Mais j’ai été préservé de tout envoyer balader avec la crise de la quarantaine car à 26 ans j’ai fait ce que je voulais faire. Après mon droit, j’ai débuté comme musicien puis comme magicien. Aujourd’hui je ne souhaiterais pas un autre métier que celui que je pratique. Ni une autre femme que la mienne. La quarantaine, au fond, c’est un âge très agréable car on connaît ses priorités, ses forces et ses faiblesses. On sait ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas. On ne se contorsionne plus.
Trois enfants, trois spectacles, de quoi vous sentez-vous le plus fier ?
De mes enfants. Je suis absolument ravi. J’ai trois mômes formidables. À côté de ça, le reste est dérisoire. Le spectacle vivant, c’est bien, mais ce n’est rien à côté d’un enfant qui grandit.
Avec votre femme, vous sentez-vous menotté pour la vie ?
Je suis malheureusement marié, ça, c’est une première plaie. Il y a les sept plaies d’Égypte, moi j’ai écopé des 25 plaies de ma femme. C’est vrai, ma femme me menotte quand je rentre chez moi. L’année dernière elle a quand même consenti à desserrer d’un cran la menotte gauche pour que le sang passe.
L’avez-vous épousée en blanc ou en blanc cassé ?
Je l’ai épousée en blanc dans la superbe abbaye de Tournus qui est à mon avis une des plus belles de France. C’était absolument majestueux et sublime.
La dernière fois que vous lui avez offert des fleurs ?
Ma femme, même quand je lui offre des fleurs, elle n’est jamais contente. L’autre jour elle m’a dit : « Olivier, quand tu m’offres une rose pour la Saint-Valentin, est-ce que tu pourrais prendre deux minutes pour retirer le Pakistanais qui est au bout ? »
Où cachez-vous votre femme ? On ne la voit jamais…
C’est vrai que c’est un peu comme Colombo. C’est bien parce qu’on ne la connaît pas que ça fait rire. C’est une espèce de fantasme.
Dites-nous au moins son prénom.
Caroline.
Avez-vous une prière au fond de la poche au cas où ?
J’ai toujours un chapelet dans la poche. Parce que quand ma femme est dans une boutique avec la carte bleue et que je suis dehors, moi, je prie…
Qu’est-ce qui vous fait le plus plaisir dans vos spectacles ?
C’est de faire rire ma mère.
Si par hasard vous croisiez Ève au jardin d’Éden, que lui diriez-vous ?
Elle a raison, Ève qui mange la pomme, il faut cinq fruits et légumes par jour !