« L’AMOUR SAUVERA LE MONDE »

27 novembre 2024

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Amour, douceur, persévérance, dialogue, don de soi. Nous savons tous que la femme est tout cela par nature. Mais les dictats de la société la poussent souvent à devenir forte, musclée, puissante et surtout, dans le contrôle et la gestion. Où est la femme ? Rencontre avec Céline Guillaume, présidente du groupe La Procure et mère de cinq enfants, auteurs du livre Chercher la femme.

PAR ANNE-CLAIRE DÉSAUTARD FILLIOL

Qui sont les femmes d’aujourd’hui ?

La femme aujourd’hui est en difficulté, on ne va pas se voiler la face. On vit dans un monde où on nous montre surtout la perfection, la réussite en tout, dans le domaine professionnel, affectif ou familial. On a une injonction à réussir ses projets. Tout devient projet. Être en couple, c’est un projet. Avoir un enfant, c’est un projet. On gère tout comme des projets professionnels. Ça déshumanise terriblement. La femme vit actuellement beaucoup de difficultés car il y a un décalage entre ce que la société exige d’elle et ce qu’elle est capable de faire. Nous sommes des êtres fragiles, imparfaits et incomplets. Faire face à ce décalage entre les apparences et la réalité des faits nécessite du courage. C’est compliqué d’être une femme. C’est sans doute compliqué d’être un homme aussi dans une autre mesure et sur d’autres terrains. Aujourd’hui on les suspecte de tout juste parce qu’ils sont des hommes et surtout lorsqu’ils sont courtois ! Ils ne savent même plus s’ils ont le droit d’exister en tant qu’homme.

Dans Chercher la femme, vous dites, « faire le deuil de notre toute-puissance, ce n’est pas marcher vers l’autodestruction mais au contraire, se mettre en route vers la vie ». Comment ces « wonderwomen » qui veulent tout porter seules peuvent-elles se transformer de manière insoupçonnée ?

Il s’agit de retrouver le fil de ce que nous sommes au plus profond. La victoire est de se reconnaître fragile. Je ne peux pas tout faire toute seule. On a besoin d’aimer et d’être aimé. Quand on veut faire fi de ça, on se trompe et on en souffre car nous sommes des êtres humains qui avons besoin d’être en interaction avec les autres. Reconnaître ce besoin d’amour, c’est reconnaître ce besoin de l’autre, des autres. Ces femmes qui vivent en wonder woman sont courageuses. Elles portent beaucoup. Il est nécessaire qu’elles s’autorisent un peu de douceur. On n’est pas des cailloux sur lesquels on peut marcher. On se doit de reconnaître nos fragilités sinon on ne peut pas les partager. C’est un grand pas vers notre humanité et cela permet de décharger ces poids qu’on se met sur les épaules.
Dire « j’ai besoin de reprendre mon souffle ». Oser s’écouter, pas seulement pour regarder son nombril mais plutôt pour aller vers l’amour, l’amour de l’autre. L’amour sauvera le monde ! Il est certain qu’aimer, que donner, c’est prendre un risque. La femme doit oser avoir cette confiance dans la vie malgré les épreuves car c’est par elle que les choses changent.

Qui aime s’expose… Est-ce que les femmes osent encore prendre le risque d’aimer ?

Oui la vie est un risque ! Mettre au monde un enfant est risqué. On se rend compte qu’on ne contrôle rien du tout. C’est déstabilisant lorsque les choses nous échappent ! C’est paniquant mais c’est une réalité qu’il faut admettre parfois. Beaucoup de femmes ont été blessées par des relations qui les abime.
La société donne aussi la vision de l’interchangeabilité des relations. Comme si passer d’une aventure à une autre n’allait avoir aucun impact sur le psychisme de la personne. Comme si l’instabilité relationnelle était chose normale. Or, je pense que ce sont des blessures qui vont s’accumuler. Alors que créer une amitié durable avec un conjoint peut être un réconfort dans les épreuves.

Cette volonté de tout contrôler, n’est-ce pas une forme de narcissisme, allant avec notre société du paraître ?

Aujourd’hui notre société souffre d’individualisme. C’est nous tout seul. Et du communautarisme, c’est nous à l’exclusion des autres. Avec des pensées comme celles-ci, on va dans le mur car nous sommes des êtres faits pour la relation. Si l’homme et la femme possèdent le langage, ce n’est pas par hasard. La parole humaine libère et nous distingue du reste de la Création.

D’ailleurs, la parole n’est-elle pas un de ses points forts ?

Souvent on dit des femmes : « Oh les filles, qu’est-ce qu’elles sont bavardes ! » Oui les femmes parlent plus que les hommes et ce n’est pas un hasard. La femme a ce don de savoir aller vers l’autre pour débloquer des situations quand l’homme a plus souvent des difficultés à verbaliser ce qu’il ressent. C’est un don qui permet de prendre un rôle particulier, notamment dans des situations de conflit. Elle a cette responsabilité de trouver les paroles pour réunifier les choses et les relations. Si la femme prend la parole pour rétablir la relation, c’est pour mettre en lumière ce qui ne va pas et résoudre le problème.

Nous sommes habitées par une parole, celle de la Vierge-Marie qui dit oui pour porter le Verbe incarné, Dieu fait homme. Les femmes sont habitées par la présence d’un autre. Par la parole de Dieu, par un enfant durant une grossesse. Elle est par nature en lien avec l’autre, d’où son talent pour comprendre l’autre.

Vous dites que les armes de la femmes sont la confiance, le silence, l’endurance, la prière. Un programme inattendu de nos jours !

La vraie force des femmes n’est pas celle des muscles mais celles du cœur. Les femmes, lorsqu’elles veulent ressembler aux hommes en faisant la même chose qu’eux, ne sont pas sur la bonne voie. La vraie force, c’est celle qui va permettre de tenir une ligne, de garder le cap malgré la tempête. La femme est grandement capable de l’endurance dans l’épreuve grâce à une force intérieure.

Comment acquière-t-on la force intérieure ?

Par amour ! Il y a évidemment des blessures profondes qui peuvent handicaper. Notre vie remonte à la blessure de conception qui peut laisser des traces dans la vie, sans parler des blessures de l’existence. Quand on ne réussit pas à guérir de ces sujets, cela laisse des traces, on se renferme sur soi et on n’ose plus l’amour. On est cadenassée à l’intérieur. Je pense qu’il y a des femmes qui ont été trop blessées et ne veulent plus croire en l’amour. J’ai envie de leur dire de continuer à croire ! Croire en l’amour, croire en la petite fille espérance. L’espérance qui entraîne ! Il y a aussi une chose à ne pas oublier : apprendre à mieux choisir, être peut-être plus sélectif grâce à leurs propres valeurs humaines.

En résumé, les femmes ont des entrailles, les hommes des tripes ?

Je pense à la Vierge Marie. Les entrailles de la femme accueillent. Elles donnent la vie ! C’est le plus intime que la femme peut avoir en elle. C’est le plus profond, le plus délicat, le plus beau. Les hommes, qui sont dans la force physique, ont besoin de tripes pour aller au combat. Les femmes sont appelées à donner naissance à de belles choses, elles sont appelées à mettre au monde, des enfants ou des idées. Les hommes tracent la route ! Ils la défrichent pour nous.

La maternité est devenue une option aujourd’hui, qu’en pensez-vous ?

Je trouve ça dommage car on dénature ce qu’est la maternité. On considère les enfants comme un objet de désir comme un autre. J’ai le projet de « faire un enfant ». On dénature ce qu’est un enfant. Je désire un enfant, c’est bien, je ne le désire pas, je le jette. On a oublié qu’un enfant, c’est le fruit d’un amour. On parle même, dans le gouvernement, de « réarmement démographique » ! Comme s’il fallait avoir des enfants seulement pour payer les retraites ! L’enfant devient un produit utilitaire.
Parce que nous ne sommes pas des animaux, on a des dimensions spirituelles qui font que notre nature est faite pour l’amour. D’avoir rompu ce fil avec Dieu nous rend malheureux. On veut faire croire qu’on peut se passer de Dieu car il ne paiera pas nos factures, il ne protège pas des guerres, et pourtant Jésus est mort sur la croix pour nous sauver, par amour pour nous, les humains. On se crée une vision du monde, de l’autre, de soi-même et on fait croire à la femme qu’elle peut vivre sans cette intériorité qui pourtant la lie avec le monde !

Vous évoquez la force de la femme à s’unir dans une « solidarité des croix ».

Quand il y a des galères à assumer, ce sont les femmes qui portent. On connaît toutes des femmes enceintes dont le papa s’en va. Quand les parents sont malades, les femmes portent le proche. Les femmes ont cet esprit de responsabilité qui les lie de manière intime entre elles car elles savent que toutes portent des croix plus ou moins lourdes. On a cette liberté, cette capacité à dire ce qui est lourd. Cette audace permet de porter les croix ensemble, tout en riant ensemble. On tombe vite dans l’essentiel, ce qui génère une solidarité naturelle.
Les hommes ont plus de mal à savoir ce qui se passe en eux et ont plus de mal à le dévoiler. La parole est portée par la femme pour aider à mettre des mots là où il faut !

En latin, l’obéissance, signifie : prêter l’oreille à ce qui est proféré pour librement le réaliser. C’est un sujet qui fâche pour les femmes d’aujourd’hui, non ?

Ça fâche car on associe l’obéissance à la soumission. La soumission dans le sens de l’esclavagisme ! L’obéissance est très belle car elle implique d’abord d’écouter. Dans le sens où ce n’est pas juste obéir à un ordre mais où l’écoute est mise en pratique. Il faut évidemment accorder une grande confiance à l’autre pour être dans l’obéissance. On ne peut obéir que quand on se sait respectée et libre.

La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure ?

Quand on connaît l’amour de Dieu, on sait qu’il est sans mesure. C’est ça qui doit nous émerveiller de la foi et nous faire nous poser des questions. L’amour de Dieu est sans limites. Il est toujours prêt à m’aimer quoi que j’aie fait.

Il nous montre le chemin du pardon et de la miséricorde. Cela me fait penser à la dignité du corps et l’importance du vêtement pour préserver la dignité de son corps. Le corps nu est fait pour l’intimité, non pour être exposé sur la place publique. Marie-Madeleine, qui s’est déshabillée sûrement de multiples fois, n’a pas besoin de se dévêtir quand elle rencontre l’amour du Christ, qui pose sur elle un regard d’amour d’une chasteté incomparable.

 

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