Avant de vouloir changer le monde, et si tu commençais déjà par toi ? Sais-tu ce qu’est la magnanimité ? C’est se juger digne de grandeurs (merci Aristote). Est magnanime celui qui a pour idéal la grandeur de l’homme. Sais-tu que tu es créé pour la grandeur ? Oui, l’homme est capable du meilleur, et si tu développes la magnanimité, tu réveilles cet idéal. Ami, tu es digne de grandes et belles choses ! Aie une noble vision de toi-même.

PAR JOSEPH CHALLIER – EXTRAITS CHOISIS PAR ALEXANDRE MEYER

Joseph Challierest le grand frère dont on a tous rêvé. Passionné de l’évangélisation des jeunes, Joseph Challier a exercé comme libraire et a été volontaire à l’association Le Rocher, Oasis des cités. Âgé de 32 ans, il est déjà l’auteur de plusieurs ouvrages à succès comme Lève-toi ! (2017), Relève-toi ! (2019), Soyez toujours joyeux et riez sans cesse (2021) et enfin Sois fou, rêve grand et lance-toi ! (2023), tous parus aux éditions de l’Emmanuel.

Crois-tu que Dieu t’a créé pour rien ? Tu es ici pour quelque chose. Cette chose est belle, au-delà de ce que tu peux imaginer et bien différemment de ce que la société markette pour toi. Tu es magnanime lorsque tu tends vers la grandeur pour laquelle tu as été désiré et créé. De quelle grandeur parlons-nous ? Le mauvais esprit nous pousse à la gloire, à la puissance, à la renommée ou encore à la richesse. Ceci n’est que grandeur de ballon de baudruche ! Mais vivre le Royaume des Cieux, cheminer dans la vertu, marcher en sainteté, voilà la vraie grandeur, celle qui reflète Dieu en nous.

SOIS MAGNANIME

La magnanimité, c’est un élan de l’esprit vers les grandes choses et c’est l’action qui y mène (merci Thomas d’Aquin). Ne rêve pas seulement. Agis. Ne sois pas l’homme des commencements sans suite. Sois l’homme, la femme des fondations, du temps long, de la persévérance, des pauses dans le labeur, des aides demandées, des échecs surpassés ; et des accomplissements. Est magnanime celui qui prend les moyens de son appel à la grandeur. Alors la magnanimité invite l’espérance. Qui voit grand et loin espère, qui espère agit, qui agit bâtit.

La magnanimité n’est pas la mégalomanie. La première est d’inspiration divine, inscrite dans le réel et tournée vers l’autre. La seconde est d’inspiration démoniaque, dans le fantasme et la négation de la réalité, totalement égocentrique. Est magnanime celui qui sert l’autre, qui aime, qui bâtit avec force et prudence la civilisation de l’amour. Ainsi, il sert non pas sa gloire personnelle, mais celle de Dieu. Une autre différence entre mégalomanie et magnanimité est l’amitié que celle-ci entretient avec la prudence. La prudence, vertu de l’action, est bonne conseillère, pour toute vertu d’ailleurs, puisqu’elle guide concrètement, indique le prochain bout de chemin, inclut le réel dans la course vers le noble but.

L’ESTIME DE SOI

La magnanimité serait-elle un joli mot pour l’estime de soi ? L’estime de soi fait sentir sa grandeur (et c’est bon), la magnanimité l’affirme (et c’est bon). La magnanimité s’installe et s’enracine en profondeur dans notre être. L’estime de soi, elle, est un antidote aux baisses de moral, une alliée dans le combat. Il est donc bon de développer une bonne et saine estime de soi. Attention, toutefois. Trop d’estime de soi freine et bloque la magnanimité, car alors elle centre sur soi. À l’inverse, une juste estime de soi et beaucoup d’estime de Dieu font vivre une profonde magnanimité. De nombreux exemples existent chez les saints ou artistes. Pourquoi Jeanne d’Arc aurait-elle quitté Domrémy, si elle n’avait pas eu une haute estime de Dieu, d’elle-même et/ou de sa mission ? Concrètement, cela veut dire : attends tout de toi-même comme si Dieu n’existait pas, et attends tout de Dieu comme si tu ne pouvais rien par toi-même. Ce que cette même Jeanne d’Arc  résume ainsi : « Aide-toi, Dieu t’aidera. »

LA GRÂCE DE L’ÉCHEC

Connais-tu la grâce… de l’échec ? Tu as bien lu. La grâce de l’échec. Échec, fidèle compagnon de notre vie. Ami tendre et source intarissable de conseils. Maître de changements et d’affinage. Hôte de l’humilité. N’aie pas peur de l’échec. Mieux. Aie de l’estime pour frère l’échec, cesse de le fuir ; fais-en ton ami, il est un joyeux compagnon qui t’apprendra tant et te libérera tellement… Et alors, tu agiras !

Voilà un beau défi pour conjurer l’échec : prendre conscience de ce que je fais. Cesser de me disperser. M’unifier. Choisir une activité à la fois et non treize. En clair : quand je regarde un film, je regarde un film, point. Un formidable bobard circule : les nouvelles générations seraient devenues capables de faire douze choses à la fois et mieux que leurs ancêtres. Que disent les études, que dit la science ? L’inverse. « Les études montrent que les comportements de multitasking (notamment sur les réseaux sociaux) ancrent l’inattention et l’impulsivité cognitives au cœur non seulement de nos habitudes comportementales, mais aussi, plus intimement, de notre fonctionnement cérébral(1). » Mon cerveau n’est pas multitâche à l’infini. Au contraire, prendre conscience de ce que je fais au moment où je le fais génère des gains de concentration, d’efficacité et de fécondité. Faire attention à éplucher les légumes lorsque j’épluche les légumes fait gagner en sérénité (et m’aide à ne plus me couper les doigts, personnellement).

6 PAS POUR GOÛTER LESBÉATITUDES DU PORTABLE…

En vérité, en vérité, je vous le dis : le Royaume des Cieux est comparable à un homme qui depuis le
bateau de sa vie jeta son portable par-dessus bord et commença à vivre. L’instant présent devint sa boussole, la volonté, son gouvernail et la fraternité, sa voile.

1 . Se servir

Heureux qui ose se servir de son portable et non le servir ; il prendra sa vie en main.

2 .  Éteindre

Heureux qui ose éteindre son portable pour une soirée entre amis ou en famille ; il vivra de vrais instants de bonheur fraternels. Heureux qui ose éteindre son portable lorsqu’il travaille ; il travaillera. Heureux qui ose éteindre son portable pendant son temps de prière ; il priera. Heureux qui ose vivre ; il éteindra son portable.

3 . Faire le ménage

Heureux qui ose virer les notifications de ses applications ; il ne sera pas gouverné par un algorithme mais gérera sa vie et vivra l’instant présent. Heureux qui ose virer ses chères applis ultra-pratiques et indispensables pour qui veut végéter mais assez inutiles pour qui veut vivre ; il fera des économies d’argent, de temps et de concentration.

4 . Regarder ailleurs

Heureux qui ose éteindre son portable lorsqu’il voyage ; il s’ouvrira à une galaxie de possibilités : lire, dormir, prier, écrire, réfléchir, rencontrer un(e) bel(le) inconnu(e), regarder le paysage, ne rien faire.

5 . S’ennuyer
Heureux qui ose ne pas sortir son portable dès qu’il s’ennuie, stresse ou attend ; il s’ennuiera, stressera et
attendra, et par là même, découvrira le monde, habitera sa solitude, vivra avec lui-même et les autres, ira faire du sport…

6 . Prier
Heureux qui ose confesser ses heures perdues, ses yeux abîmés, ses relations coupées ; il recevra la miséricorde et la force de Dieu.

(1). Michel Desmurget, La Fabrique du crétin digital, Paris, Seuil, 2019.

Sois fou, rêve grand et lance toi ! Paroles de grand frère

Joseph Challier, Éditions Emmanuel, 2023, 196 pages,17 €.